Les participants à un colloque national sur «les violences conjugales à l'égard des femmes», organisé mercredi par l'université de Tizi Ouzou, se sont accordés à affirmer que la violence conjugale constitue une atteinte aux droits fondamentaux de la personne. «La violence au sein du couple constitue une atteinte aux droits fondamentaux de la personne, à savoir le droit à la sécurité, à la liberté de mouvement et à la liberté de disposer de son corps», a indiqué Melle Ounissa Daoudi, enseignante à la faculté de droit et des sciences politiques de l'université de Tizi Ouzou, en soulignant que «nul ne peut prétendre disposer d'une autre personne à sa guise, la maltraiter impunément, même s'il s'agit de sa conjointe». Selon la conférencière, la violence conjugale est «un processus évolutif au cours duquel, dans une relation de couple, un partenaire exerce des comportements agressifs, violents et destructeurs à l'encontre de l'autre, afin de le dominer et le contrôler». Ce comportement s'exprime, a-t-elle expliqué, sous diverses formes que sont, entre autres, «la violence verbale, la violence psychologique, la violence économique ou financière, la violence physique, la violence sexuelle». Pour ce qui est des causes à l'origine de la violence conjugale, l'intervenante a estimé que ce fait «n'est pas l'apanage d'un groupe social, économique ou culturel. Il n'est pas non plus un héritage inéluctable: on ne nait pas violent, on apprend à le devenir(à)». Dans une contribution à cette rencontre de deux jours, initiée par la faculté de droit et des sciences politiques, en collaboration avec le Laboratoire de mondialisation et du droit national «LAMOD», le psychiatre Mahmoud Boudarène soutient formellement que «la société algérienne ne trouvera pas son épanouissement et ne s'apaisera pas, si elle continue à humilier les femmes en les forçant à la soumission et à la domination éternelle par leurs homologues masculins». Ce praticien a souligné que «la société doit changer et lever cet absurde hypothétique qu'elle fait peser sur le destin de la moitié de sa population». «Cette évolution est nécessaire. C'est une exigence civilisationnelle», a-t-il insisté. A cet égard, il a rappelé que «la Constitution algérienne consacre l'égalité des deux sexes et ouvre, en principe, aux personnes de sexe féminin, toutes les portes nécessaires à leur épanouissement dans la vie sociale, économique et politique». Déclinée sous le générique «les violences conjugales à l'égard des femmes: phénomène tabou entre silence et reconnaissance», cette rencontre est définie par ses organisateurs, comme étant un «cadre de réflexion et d'échanges entre chercheurs intéressés par ce phénomène sous estimé et soumis à la loi du silence, en vue de dénoncer et de lutter contre cette pratique dégradante de la personne humaine, qu'aucun motif ne pourrait justifier». APS