«Invalides», un mot qui perd tout son sens lorsqu'on voit ces performances. A en avoir le souffle coupé, se voir imposer le respect. S'incliner devant une détermination sans faille et l'envie de porter haut les couleurs nationales malgré le «handicap». Une fois de plus, nos athlètes (paralympiques comme on aime bien les nommer affectueusement) n'ont pas déçu lors des championnats du monde handisport d'athlétisme en s'adjugeant 10 médailles d'or (en plus de 8 argent et 5 bronze). Une moisson qui place l'Algérie dans le Top 10 du classement général universel. Une très encourageante 9e place sur 67 pays classés des 103 présents. Des performances qui viennent s'imposer à une période où le sport national, dans son ensemble, collectionne les contre-performances à l'échelle mondiale. Entre les jeux paralympiques de Londres l'été dernier et le rendez-vous mondial de cette année, le handisport algérien a su se maintenir sur une courbe ascendante. Pour preuve : le même podium 100% algérien composé de Kamel Kerdjena, Karim Betina et Mounir Bakiri a réédité le même exploit, lors de la cinquième journée de compétition, que celui au pays de sa majesté. Mieux encore, ce même trio était monté sur les trois marches lors de la 5e édition des Championnats du monde qui s'était déroulée en Nouvelle-Zélande. Une confirmation qui vient rappeler que le handisport algérien continue de briller dans les cieux partout où il est parti représenter une nation qui a du mal à retrouver les devants de la scène sportive planétaire et se voit obligée d'attendre ces manifestations pour retrouver un peu de couleurs. Ces derniers temps la couverture médiatique de ces évènements est montée d'un cran pour essayer d'oublier le chagrin des contre-performances de nos «valides» qui ne cessent de confirmer l'amère réalité qui veut que l'élite algérienne peine à s'illustrer malgré les gros moyens qui sont mis à la disposition des fédérations et des athlètes qui déçoivent. L'heure de vérité venue. En face, les «invalides», avec des moyens considérablement plus que limités ne ratent pas la moindre occasion pour se mettre en évidence, signaler qu'ils sont bien là et que ce qui leur importe avant tout c'est d'être à la hauteur, honorer un pays qu'ils estiment en droit ou en devoir de bien représenter, et qui, en retour, c'est le strict minimum, voire le symbolique, doit aussi les honorer.
Champion, mais à quel prix ? Champion, c'est le même mot pour désigner celui qui sort du lot. Le meilleur, une comparaison qui vire au superlatif lorsque l'on se surpasse, se transcende pour décrocher le vermeil. L'hymne national algérien a retenti à 10 reprises à Lyon sur les terres françaises. Un nom qui revient souvent ces derniers temps, Kamel Kerdjena, qui n'est autre que le double champion du monde et le champion olympique du lancer du poids ((F32/33). Quand on dit «champion olympique», on pense de facto au dernier exploit algérien en date. Celui de Taoufik Makhloufi qui avait remporté l'or sur le 1500 m. Le handisport algérien a aussi sa figure de proue, sa nouvelle vedette ou locomotive. Après Mohamed Allak (T36/T37), le coureur qui a marqué le handisport algérien grâce à ses records et ses titres (double médaillé d'or à Atlanta en 100m et 200 m (T36) et triple médaillé à Sydney en 100, 200 et 400 m dans la catégorie T37), c'est au tour de Kamel Kerdjena de porter le flambeau du «paralympique» algérien. Mais encore est-ce que ce véritable champion bénéficie d'autant de médiatisation que son compatriote valide ou encore a droit au même apport et soutien financier pour la préparation ? Evidemment que non! Ce qu'il faut comprendre c'est que dans le sport, une fois accompli, l'exploit sera le même, les performances doivent être mises sur le même piédestal avec ceux des Rahouli, Makhloufi et autres. Certes, l'aspect marketing ne peut pas être du même apport qu'une personne «ordinaire» mais cette catégorie de personnes existe bien dans notre société et peut/doit être ciblée dans des spots publicitaires ou autres. Mieux, elle s'affirme et s'impose de plus en plus en investissant la scène sportive nationale et internationale. Les exploits pesant de plus une plus sur une presse qui ne s'intéresse que superficiellement à ce que réalisent les Bekka (double médaillé d'or sur 800 m et 1500 m (T13) lors des mondiaux de Lyon), Mohamed Berrahal (F51) champion du monde au disque (classe jumelées F51/52/53) ou encore Nassima Saïfi dans la même discipline (F57/58) chez les dames et qui enchaîne après son titre paralympique à Londres (pour ne citer que ces athlètes là).
Considérer plus les sacrifices «Ce n'est guère facile d'être parmi le Top 10 dans un tournoi aussi relevé en qualité et quantité. De là, il faut reconnaître que les résultats de nos athlètes sont remarquables et méritoires. Ils ont été à la hauteur de l'évènement que ce soit pour les médaillés ou le reste qui n'a pas aussi démérité», a déclaré le directeur technique national M. Zoubir Aichaine, concernant les résultats reluisants de la délégation, non sans signaler aussi que cette prestation met davantage de pression sur les staffs techniques pour l'avenir. De la pression certes, mais de la motivation aussi pour se surpasser. Rester au top, battre des records comme c'était le cas lors de la semaine dans le Rhône durant laquelle trois records du monde au disque (2 fois) et club, en plus de cinq records africains dans différentes épreuves, ont était effacés des tablettes. Les athlètes auront donc répondu présent lors de cet évènement, c'est maintenant au tour des responsables du sport algérien en particulier, et chaque organe de l'Etat algérien qui peut venir en aide à cette frange de la société algérienne, de les soutenir et les récompenser pour les aider à aller toujours plus de l'avant et maintenir la cadence. Une dynamique du succès à prendre comme modèle. L'unique fois où nos paralympiques ont eu des récompenses à la hauteur de leur exploit, c'était après les JO de Pékin 2008 (Chine). A l'époque, les lauréats ont reçu d'importantes récompenses. Des véhicules de type Polo offerts par Mourad Oulmi, P-dg de Sovac (sponsor officiel du COA) aux médaillés d'or, les autres lauréats, ayant décroché des médailles d'argent et de bronze, ont reçu de la part de Lounis Benharrat, DG de l'époque de Mobilis (sponsor du COA), des packs-crédits de 400 000 DA, 300 000 DA et 200 000 DA, des TV plasma, des lots d'appareils électroménagers. En outre, le président de la République avait promis des logements à tous les médaillés tandis que le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale s'était engagé à résoudre le problème du chômage dont souffrent quelques uns de nos champions de handisports. Amplement mérité pour Kerdjena Kamel et les autres héros. Eux, ils ont remis ça, maintenant c'est aux autorités d'en faire de même. Chapeau bas mesdemoiselles, mesdames et messieurs pour nous avoir souhaité bonnes fêtes de l'Aïd à votre manière. A la seule manière que vous connaissez : les podiums. Merci! M. T.