Samuel Eto'o n'est pas que le capitaine du Cameroun. Le buteur de l'Inter est aussi un symbole, une idole pour tout un continent. L'Afrique aime Eto'o autant qu'Eto'o aime l'Afrique, comme le Lion l'explique en conférence de presse. Samuel Eto'o n'est pas que le capitaine du Cameroun. Le buteur de l'Inter est aussi un symbole, une idole pour tout un continent. L'Afrique aime Eto'o autant qu'Eto'o aime l'Afrique, comme le Lion l'explique en conférence de presse. Jouer la Coupe du monde en Afrique, c'est un rêve pour vous, non ? J'avais deux rêves dans le football : l'un est en train de devenir réalité avec cette Coupe du monde sur mon continent. L'autre, c'est de jouer la Coupe d'Afrique dans mon pays, le Cameroun. Je suis très heureux de pouvoir participer à cette première Coupe du monde africaine. Nous, les Africains, aurons la possibilité de prouver au monde entier que nous ne savons pas seulement jouer au football, que nous ne savons pas seulement gagner le 5 000 ou le 10 000 mètres… L'Afrique, ce n'est pas que les enfants malades, c'est encore plus. Si nous en avons l'opportunité, nous pouvons faire autant que les autres, voire mieux. On vous sent très fier d'être Africain… C'est vrai, je suis fier d'être Africain. Je n'ai pas eu les mêmes opportunités que les autres. Et je suis arrivé là où je suis en ayant traversé les rivières, les montagnes avec une seule arme : mon football et ma foi en Dieu. Quelles opportunités cette Coupe du monde va-t-elle offrir à l'Afrique ? Pas mal de chances ; déjà, les gens n'auront pas la même vision du continent. Regardez l'Afrique à la télévision, partout de la misère, de la pauvreté... J'ai eu la chance de voir pas de mal de continents, c'est partout pareil : la pauvreté et la misère ne sont pas l'apanage de l'Afrique. Certaines personnes vous diront qu'il y en a plus en Afrique. Pas moi. Cette Coupe du monde nous donne l'opportunité de nous unir. Il faut essayer d'unir tout le continent, de réunir tous les Africains pour que l'on regarde droit devant nous. Nous devons tous réaliser que la guerre est le plus gros problème de l'Afrique. Chaque fois qu'il y a une guerre, le pays recule de 50 ans. Nous devons nous unir. Le dialogue est plus important que tout. Quelles responsabilités avez-vous en tant que superstar africaine ? Responsabilité, non. Moi, je parlerais plutôt de devoir. Le devoir de remplir ma mission, à savoir convaincre les Africains que l'on peut devenir quelqu'un si l'on croit en ses rêves et surtout si on a la force et la mentalité de vouloir changer les choses. Grâce au bon Dieu, j'en suis la réalité. J'ai cru en mon rêve, j'ai cru en Dieu, il m'a donné l'opportunité d'y parvenir grâce à mon travail. Il y a une pression énorme sur vos épaules. Au Cameroun, on parle même de guerre civile si les Lions échouent... Le football doit rester un sport. Football au-dessus de la politique, de presque tout sauf la religion. Il faut emmener les gens à comprendre que le football est une fête. Qui dit fête, dit pas guerre. Parlons de votre club, l'Inter Milan. Avec le départ de Mourinho, certains joueurs ont évoqué leur désir d'aller voir ailleurs. Vous avez un message pour eux ? D'abord, j'ai beaucoup d'estime et de respect pour José Mourinho. Ensuite, l'Inter est une super équipe. Après, chaque professionnel veut le meilleur pour sa carrière ; on ne peut pas obliger quelqu'un à rester s'il ne le veut pas. Ceux qui vont venir auront mon soutien afin que l'on travaille ensemble du mieux possible. Avec l'Inter, justement, vous avez affronté Van Bommel et Robben, deux joueurs du Bayern que vous allez retrouver avec les Pays-Bas… J'adore ces deux joueurs mais il y en a un qui en train de devenir mon idole, c'est Wesley Sneijder. Il est très fort. Je lui ai d'ailleurs dit de ne pas jouer ce match ! (rires) Dernièrement, il y a eu une polémique entre vous et Roger Milla… On est là pour construire. Il ne faut pas que les enfants d'Afrique se dispersent. Si vous avez des doutes sur mon implication avec le Cameroun, regardez mon palmarès. J'ai remporté la médaille d'or aux Jeux olympiques, je suis le meilleur buteur de l'histoire de la Coupe d'Afrique... Une CAN. Mais mes grands frères Roger Milla ou Abedi Pelé ont joué eux aussi. Regardez mon palmarès en club, maintenant. Je mérite le respect. Il y a quatre ans, j'ai pleuré pour la première fois dans le football car mon pays n'était pas qualifié pour la Coupe du monde. Aujourd'hui que j'ai la possibilité de la jouer, je veux seulement m'amuser. Je veux que, au soir de chaque match, le Cameroun ait le sourire, que l'Afrique ait le sourire.