«Comme Benchikha, moi aussi j'aspire à gagner ces quatre matchs qui nous restent à disputer» Dans un entretien accordé au journal marocain Le Matin, Eric Gerets, l'entraîneur des Lions de l'Atlas, s'est dit confiant quant à l'avenir de son équipe. Revenant sur sa prestation face à l'Irlande du Nord, le technicien belge a retenu l'envie et la détermination montrées par les joueurs qui ont « fait un trait » sur le passé et veulent tous prendre un nouveau départ en sélection. Concernant la rencontre contre l'Algérie, Gerets a indiqué que lui et ses joueurs feront l'impossible pour gagner en Algérie et rendre heureux les supporters de l'équipe nationale qui ne cessent de lui souhaiter plein succès dans sa mission. L'équipe nationale est rentrée d'Irlande du Nord avec quelques satisfactions, notamment au niveau des intentions de jeu, mais il y a eu cette erreur défensive qui a amené le but de l'égalisation, est-ce que la défense ne vous inquiète pas ? Je ne suis pas mécontent de la prestation de ma défense. Au contraire, j'ai été satisfait même si on a commis cette erreur à la fin de la rencontre. Je suis également content de mon entrejeu et de mon attaque. L'équipe nationale a livré un bon match et méritait largement de gagner. Il y a, c'est vrai, cette erreur en fin de rencontre, mais l'arbitre a commis auparavant une erreur d'inattention en sifflant un penalty. Ce sont des choses qui arrivent en football. Je sais bien qu'il y a toujours des choses à améliorer, sinon je n'ai rien à faire ici. J'ai été également agréablement surpris par l'envie de gagner et la détermination montrée par mes joueurs qui ont fait un trait sur le passé et veulent tous prendre un nouveau départ en sélection. J'ai toujours dit que porter le maillot de l'équipe nationale doit être une fierté pour chaque joueur. Et si ce n'est pas le cas, il vaut mieux rester chez soi. Cela fait deux mois que je vis au Maroc, je peux vous assurer que chaque fois que je me promène, les gens me souhaitent beaucoup de chance dans ma mission et me prient d'aller gagner le match en Algérie. Vous allez quand même rencontrer un problème au niveau de la défense, puisque Chakib Benzoukane est blessé et sera probablement forfait contre l'Algérie... Pour le moment, ce qui est important c'est que la charnière centrale m'a donné une grande satisfaction. Celui qui veut bâtir une maison, doit s'assurer que les fondations sont en bon état. Dans ce secteur, tout va bien. On va également enregistrer le retour de Chrétien Basser, donc on va être plus fort sur le côté droit. Si sur le côté gauche on a un problème, on va le résoudre. Est-ce que vous avez déjà un système de jeu établi ou allez-vous l'adapter aux nombreux talents qui existent en équipe nationale ? On va jouer sur nos qualités. Ça serait bête si un entraîneur venait avec une philosophie de jeu et n'avait pas les joueurs qu'il faut pour la mettre en place. J'ai joué contre l'Irlande du Nord sans numéro 10, mais avec deux numéros 8, puisque Boussoufa était blessé. Contre la Libye, je ne vais pas tout changer, mais je dois modifier quelques détails. Qu'est-ce que vous attendez de la rencontre amicale contre la Libye, le 9 février prochain ? J'attends la même organisation que contre l'Irlande du Nord parce que j'ai trouvé que les Irlandais n'étaient pas parvenus à nous mettre en danger pratiquement durant les 90 minutes. Je veux aussi la même discipline avec ou sans ballon. Je sais bien que l'Irlande du Nord, ce n'est pas le top 10 du football mondial, mais c'est une équipe typique du football anglais, avec des courses à fond et de l'impact physique. Je suis également satisfait sur le plan physique, puisque mes joueurs ne m'ont pas déçu lors des contacts un contre un. Ils ont bien relevé ce défi. En prévision du match contre la Libye, est-ce que vous allez rappeler de nouveaux joueurs ou allez-vous vous contenter du groupe retenu contre l'Irlande du Nord ? Carcela est dans la liste des présélectionnés, mais tout dépend s'il sera en règle ou non à cette date. Probablement, je vais aussi convoquer Adil Taarabt. Je veux le voir pour avoir un entretien avec lui. Moi je n'ai pas de problèmes avec Taarabt et je ne veux pas qu'il en ait avec moi. Taarabt est un jeune joueur qui a du talent, mais qui doit savoir qu'il n'est ni au dessus ni au-dessous des autres joueurs. Il est comme les autres. Les joueurs qui viennent en équipe nationale doivent venir avec l'idée de bien faire pour l'équipe nationale. Ils doivent aussi faire ce que je leur demande. Si on convoque 18 joueurs, il y a seulement 11 qui peuvent jouer. Je ne sais pas qui va jouer et qui va rester sur le banc contre la Libye et contre l'Algérie. Les 18 joueurs qui seront là doivent accepter les décisions de l'entraîneur. Ceux qui ne jouent pas doivent être les plus grands supporters de l'équipe nationale. Vous ne confirmez donc pas que Carcela sera retenu contre la Libye ? Bien évidemment, mais on doit suivre un peu la forme du joueur, parce que je ne vais pas appeler quelqu'un qui ne joue pas ou qui n'est pas en forme. Que pensez-vous du cas de Chadli qui a demandé un délai supplémentaire pour réfléchir avant de prendre sa décision définitive, alors que vous avez souhaité qu'il se décide avant la fin de l'année 2010 ? Je n'avais pas fixé de date à Nacer Chadli, pour faire son choix. J'avais juste dit au joueur qu'il devait prendre sa décision pour être en paix avec lui-même et pour que les sélections de Belgique et du Maroc soient fixées. Evidemment, j'espère qu'il va choisir le Maroc, parce que pour son premier match qu'il a joué avec nous contre l'Irlande du Nord, son rendement était très bon. Sauf accident, Chadli figurera aussi sur la liste des présélectionnés et probablement sur la liste des 18 qui seront retenus pour affronter en match amical la Libye. Par le passé, les sélectionneurs qui ont pris en main l'équipe nationale se sont vu imposer des joueurs par certains membres fédéraux ou agents de joueurs. Est-ce que vous pouvez nous confirmer que c'est vous qui êtes le maître à bord ? C'est sûr, il y aura l'influence de mon adjoint, Dominique Cuperly (rires). Pour le reste, personne au monde ne pourra m'imposer quoi que ce soit. J'ai déjà déclaré que ça ne sert à rien d'essayer de le faire parce que je déteste les gens qui me disent comment je dois faire mon métier. Je crois que je mérite le respect parce que j'ai eu du succès là où j'ai travaillé. Je n'ai pas besoin de quelqu'un pour me dire qui va être sur ma liste. Je suis tous les matchs au Maroc et à l'étranger, justement pour avoir une bonne idée des joueurs qu'on doit sélectionner. Que répondez-vous à Abdelhak Benchikha qui a déclaré que l'Algérie va gagner ces quatre matchs restant dans les éliminatoires de la CAN, y compris sa double confrontation avec le Maroc en mars et juin prochains ? Qu'est-ce que vous voulez qu'il dise ? L'Algérie a perdu pas mal de points. Je pense que c'est bien de sa part de vouloir gagner ces quatre matchs, parce que moi aussi je pense exactement de la même façon. Moi, je veux gagner même les matchs d'entraînement. On va faire l'impossible pour gagner contre l'Algérie chez elle. Imaginez qu'on gagne cette double confrontation, ce sera une grande fête au Maroc. L'équipe nationale va-t-elle faire une préparation spéciale avant d'affronter les Fennecs ? La préparation de ce match se déroulera à huis clos parce que je ne vais pas montrer ce que j'ai en tête à la télévision. Je suppose que mon confrère algérien va procéder de la même manière. Est-ce que ce stage sera organisé au Centre national de football ou ailleurs ? Ce ne sera pas au Centre national de football. Où alors ? C'est un secret. Un mot sur le championnat du Maroc... J'ai vu quelques matchs de très bon niveau, notamment le derby casablancais, malgré l'enjeu, parce que les derbys dans le monde ne sont pas souvent bons à voir. Cela dit, il y a certaines choses qu'il faut améliorer. Il faut surtout essayer de jouer vite au lieu de trop contrôler le ballon. La vitesse de la circulation du ballon n'est pas au même niveau que dans certains autres pays. Mais je pense qu'au fur et à mesure, les choses vont s'améliorer, surtout que les clubs vont devenir professionnels. Je sais aussi que la FRMF déploie des efforts considérables pour tirer les clubs vers le haut. Il va falloir encore attendre un peu, mais c'est bien parti. Est-ce qu'il y a un ou deux joueurs du championnat qui «frappent à la porte» de l'équipe nationale ? Oui, il y en a plusieurs. L'image de l'équipe nationale a pris un sacré coup ces dernières années en raison de ses résultats médiocres, qu'est-ce que vous allez faire pour la restaurer ? Je vais essayer de faire jouer du bon football à mes joueurs pour séduire le public. Je crois que mes joueurs ont les qualités pour faire beaucoup mieux que ce qu'ils ont fait durant ces dernières années. Si tout le monde donne le meilleur de soi, il est impossible que cette équipe n'enregistre pas de bons résultats. J'ai confiance en cette équipe. Ça sera un scandale si les belles prestations ne suivent pas. On est bien partis pour le moment, ça fait quatre matchs qu'on ne perd pas. Mais ce n'est qu'un début. Est-ce que vous avez une explication au rendement de Marouane Chamakh en équipe nationale, par rapport à son jeu à Arsenal ou quand il était à Bordeaux ? Je pense que ses prestations ont un rapport avec le système de jeu. Le fait aussi qu'il y avait des problèmes en équipe nationale a probablement influé sur son rendement. Moi, je suis quelqu'un qui adore Chamakh. Le travail qu'il réalise au sein de l'équipe est monstrueux. Quand il jouait à Bordeaux, il nous a privés du titre de champion de France. Certainement, on va améliorer le jeu offensif pour que Chamakh puisse avoir plus de ballons et les mettre au fond des filets. Est-ce que votre objectif reste toujours de gagner la Coupe d'Afrique des nations ? Bien sûr. Dans ma vie de footballeur, j'ai toujours joué pour gagner. J'ai une grande motivation. Si on se qualifie et avec une bonne préparation on a un bon coup à jouer.