«Chaouchi n'a pas réagi aux insultes à Sétif parce que je lui ai parlé.» «Djabou est très doué, mais il doit changer certaines choses.» Le sélectionneur national, Vahid Halilhodzic, était l'invité, hier, de l'émission de radio Chaîne III «Football Magazine», animée par notre confrère Maâmar Djebbour. Selon toute vraisemblance, le coach franco-bosniaque s'était invité de lui-même, afin de répondre aux critiques dont il a fait l'objet de la part des entraîneurs algériens depuis la conférence de presse qu'il a animée, il y a une quinzaine de jours, au cours de laquelle il avait souligné la mauvaise préparation physique des joueurs locaux. Dans ce qui apparaît être une volte-face, il a affirmé : «Franchement, je ne comprends pas tous les bruits qui a été faits, après avoir remis en cause la condition physique des joueurs locaux. Je tiens à préciser que je n'ai absolument pas parlé des entraîneurs locaux. J'ai parlé uniquement des joueurs. Après avoir fait le constat de leur niveau au cours du dernier stage, je leur ai demandé de travailler beaucoup plus, parce qu'ils sont physiquement très loin de ce que j'attendais d'eux. C'est moi-même qui leur ai parlé de ce sujet et je ne comprends pas la colère de certains à ce sujet.» «Je n'ai pas été satisfait de la condition physique des locaux» Explicitant son constat, le coach a ajouté : «Lorsque j'ai discuté avec les joueurs lors du dernier stage, je leur ai bien dit que je ne pouvais pas compter sur ceux qui étaient diminués physiquement. J'ai remarqué un manque flagrant dans ce domaine. Tout en les assurant que j'allais prendre les meilleurs. Aussi, je les ai exhortés à redoubler d'efforts, s'ils espéraient être convoqués. On ne peut pas me reprocher cela, quand même !» «J'ai voulu aider la sélection olympique et ça s'est retourné contre moi» Les critiques dont il a fait l'objet l'ont poussé, a-t-il déclaré, à prendre ses distances vis-à-vis de la corporation des entraîneurs algériens : «Je faisais beaucoup de choses ici et là pour donner un coup de main, sur demande du président de la Fédération algérienne de football avec qui je m'entends très bien et qui partage ma vision des choses, mais je ne travaillerai pas avec la Direction technique nationale. Je dois éviter cela, surtout que j'ai voulu aider la sélection olympique et ça s'est retourné contre moi.» «Le joueur algérien conteste beaucoup l'arbitrage» Vahid Halilhodzic a également abordé les points négatifs des footballeurs algériens, en tête desquels la contestation des décisions arbitrales : «Le problème du footballeur algérien est qu'il conteste beaucoup les décisions arbitrales, même pour des futilités. Il suffit qu'un arbitre siffle un penalty pour que tous les joueurs l'entourent et protestent, alors qu'ils savent bien qu'il ne reviendra pas sur sa décision. A chaque fois que je discute avec les joueurs, j'attire leur intention sur ce point en leur demandant d'arrêter de contester à tort et à travers. Je veux qu'ils se débarrassent de ce défaut.» «Chaouchi n'a pas réagi aux insultes à Sétif parce que je lui ai parlé» Pour illustrer son propos, il a cité l'exemple de Faouzi Chaouchi, le gardien de but du MC Alger : «J'ai même pris la décision de sanctionner, au cours des entraînements, les éléments contestataires, afin de les pousser à se débarrasser de cette mauvaise habitude. Je pense que ce phénomène de la contestation s'est réduit auprès des internationaux à qui j'ai parlé. Si on voit Chaouchi lors du match de son équipe à Sétif, il a été insulté par les supporters locaux, mais il est resté calme et n'a pas réagi, parce qu'il a retenu la leçon. J'ai aussi discuté avec Lemmouchia en lui demandant de cesser de contester sur le terrain.» «La sélection de Bouchouk est un message adressé aux locaux» Revenant sur la sélection surprise de Saïd Bouchouk à l'occasion des matchs amicaux disputés au mois de novembre dernier, Halilhodzic a expliqué : «C'est vrai que j'avais déclaré que je ne faisais pas de différences entre un joueur évoluant à Batna et un autre qui joue à Manchester, si ce n'est par ce qu'il apporte sur le terrain. Pour preuve, j'ai sélectionné Bouchouk qui a été bon et méritait d'être avec nous. C'est un message adressé aux locaux. Cela dit, dans l'absolu, il y a une différence énorme entre un joueur évoluant à Manchester et un autre évoluant à Batna. Je suis content quand je vois un joueur comme Feghouli jouer à Valence et affronter le FC Barcelone. Cela prouve qu'il est en forme et qu'il est un cran au-dessus des autres. Il est certainement meilleur que les joueurs locaux, mais il y a toujours un espoir pour les joueurs locaux qui sont appelés à redoubler d'efforts.» «Djabou est très doué, mais il doit changer certaines choses» Le sélectionneur national a insisté sur le fait qu'il suit de près le championnat algérien et les prestations des internationaux locaux : «Je suis en tain de suivre l'actualité des locaux. J'ai même effectué récemment un long voyage par route jusqu'à Béjaïa, juste pour voir comment se comportait sur le terrain le joueur que je ciblais lorsqu'il joue à l'extérieur. Je sais qu'il y a beaucoup de talents en Algérie, à l'instar de Djabou qui est très doué, mais qui doit encore travailler beaucoup et changer certaines choses. J'essaye à chaque fois de le sensibiliser sur ce point lors des stages.» «J'ai fixé des règles à respecter et tous les joueurs y adhèrent» Si le coach national est exigeant, c'est avec tous les joueurs, non pas avec les locaux uniquement, a-t-il insisté. «Quand j'ai débarqué à la tête de la sélection, on m'a collé la réputation d'entraîneur dur et impitoyable, mais une fois que les joueurs m'ont découvert, ils ont bien vu que je n'étais pas celui qu'on leur avait présenté. Je rigole et je blague avec eux à l'entraînement, mais je suis rigoureux comme la situation l'exige. L'essentiel pour moi est que mon message soit bien passé auprès d'eux. Je leur ai fixé des règles à respecter en dehors du terrain et ils y ont tous adhéré en les appliquant à la lettre. C'est très positif.» «Nous jouerons en Gambie pour gagner» Abordant le prochain rendez-vous des Verts, à savoir le déplacement à Banjul pour affronter la Gambie, Halilhodzic a insisté sur un point : «J'ai constaté que l'équipe a des faiblesses lorsqu'elle joue à l'extérieur et gagne rarement hors de ses bases. Les statistiques sont effrayantes à ce sujet. Cependant, c'est le défi à relever. Il faut casser cette règle lors du prochain match en Gambie. Beaucoup croient que je ne suis pas optimiste pour ce match et que je ne jouerai pas pour gagner, mais c'est faux. Nous jouerons en Gambie pour gagner. Je veux que ce match soit le déclic qui libèrera l'équipe en dehors de ses bases. Ce match pourrait nous redonner confiance en prévision de nos futurs matchs à l'extérieur.» «Les Algériens craignent de jouer l'attaque» Sur ce point précis, le sélectionneur dit avoir exprimé aux joueurs son étonnement par rapport à leur frilosité lorsqu'ils jouent à l'extérieur : «J'essaye, lors des entraînements, de comprendre pourquoi les joueurs sont fragiles quand ils jouent hors de leurs bases. Autant les joueurs savent bien défendre, autant ils sont frileux en attaque. Parfois, j'essaye de taquiner les joueurs sur ce point pour les titiller. C'est une taquinerie, certes, mais c'est aussi une vérité appuyée par des statistiques. C'est un phénomène étrange dont nous devons nous débarrasser, si nous voulons aller loin. Il faut que nous apprenions à gagner hors de nos bases et à jouer de manière offensive. J'ai demandé aux joueurs s'ils étaient disposés à joueur plus offensivement et ils ont répondu qu'ils étaient prêts à le faire. Le problème des joueurs algériens est qu'ils craignent de jouer l'attaque. Lors du match face à la Tanzanie, alors qu'il restait quelques minutes seulement avant la fin du match, j'allais incorporer un quatrième attaquant sur le terrain, quand l'un des mes adjoints m'a dit : «N'est-ce pas plus prudent de conserver le nul ?» J'ai compris que les Algériens ont peur de mal faire. Je vais essayer d'y remédier.» «Je suis courageux et je veux que les joueurs le soient aussi» Insistant à plusieurs reprises sur la nécessité de battre la Gambie, il a ajouté : «Lors des entraînements et des réunions avec les joueurs, je prends note de tout. Quand j'ai demandé aux joueurs de jouer de manière plus offensive, j'ai écrit cela à titre de preuve. Lors du prochain match face à la Gambie, nous tâcherons d'appliquer cela. Je suis courageux et je n'ai pas peur de jouer l'attaque. Je veux que les joueurs le soient aussi.» «Ma motivation, c'est la confiance de Raouraoua» Questionné sur ses rapports avec le président de la Fédération algérienne de football, Mohamed Raouraoua, Vahid Halilhodzic a indiqué qu'ils sont exemplaires : «Ma relation avec le président Raouraoua est excellente et c'est ma motivation majeure pour travailler et relever le défi. Nous avons la même vision des choses et il a entièrement confiance en moi. Je suis donc très motivé pour accomplir ma tâche. Je tâcherai d'être à la hauteur de cette confiance.» «Le calendrier, un vrai casse-tête» Le problème que doit gérer le sélectionneur national est le calendrier des compétitions des clubs : «Nous avons des matches importants en juin, mais le championnat algérien s'arrêtera en avril, alors qu'il se terminera en mai pour d'autres. Il y aura donc un mois de compétition de différence entre les internationaux. C'est un vrai casse-tête auquel je dois trouver des solutions.» «Le Mali est une équipe très disciplinée» En vérité, le sélectionneur pense d'ores et déjà aux éliminatoires pour la Coupe du monde, avec ce match programmé en juin face au Mali : «J'ai vu des matchs du Mali du premier tour de la Coupe d'Afrique des nations. Ce qui m'a frappé est que cette équipe est très disciplinée, ce qui en fera un adversaire très difficile. Cependant, ma priorité est maintenant de préparer le match face à la Gambie, non pas celui contre le Mali.» «Je n'ai pas besoin des binationaux qui demandent à réfléchir ou exigent d'être titulaires» La question des joueurs binationaux a été également évoquée avec Vahid Halilhodzic. Ce dernier estime que «la sélection algérienne a besoin de tous ses enfants et j'aurais aimé que Benzema et Nasri soient avec nous, mais c'est une question qui requiert de la conviction, car porter le maillot national est une chose sacrée et doit procurer de la fierté. Les joueurs binationaux avec qui je discute et qui demandent à réfléchir, à consulter leurs familles ou leurs managers ou à jouer comme titulaires, je n'ai pas besoin d'eux et je mets fin mes discussions avec eux sur-le-champ. Cela dit, je suis toujours en train de façonner la sélection. Il faut qu'en juin, 95 % de l'équipe soit dégagée».