par Ahmed Medjahdi Les difficultés à répondre positivement et en suffisance à la révolution permanente des demandes sociales sont reconnues par tous, aussi bien chez nous que dans les pays étrangers, y compris les pays développés. L'impossibilité d'améliorer, ou à tout le moins de sauvegarder le niveau du pouvoir d'achat des ménages, est encore plus grande. Qu'en sera-t-il des fatales inégalités induites par la mondialisation si aux inégalités entre pays s'accumulent les inégalités au sein des pays ? Ce dernier cas est réellement à conjurer car il fait trembler les fondements même de la cohésion sociale avec le risque certain que cela engendre des intolérances et leur exacerbation. L'apparition des intolérances avec toutes leurs conséquences ne relève pas du domaine de l'impossible quand s'approfondit une économie de pénuries. Dans une économie de pénurie d'emplois et également de logements par exemple, se désagrège la notion même de solidarité entre régions, et parfois même entre communes. Rappelons qu'à Annaba et à Ouargla, pour ne citer que ces deux villes, les jeunes chômeurs locaux ont réclamé leur part d'emplois dans les entreprises qui y activent. Ils s'étaient même plaints que les emplois étaient donnés à ceux qui venaient d'ailleurs, c'est-à-dire d'autres wilayas, des étrangers à la leur. Même intolérance à l'égard des autres pour ce qui concerne les logements sociaux et sociaux participatifs. Les demandeurs de tels logements habitant une commune où sont implantés ces logements ne veulent pas que ceux des communes voisines bénéficient de logements qu'ils considèrent comme leur étant exclusivement désignés. On imagine assez les dégâts qui seront occasionnés dans la cohésion sociale si la mondialisation se traduit par des niveaux de frustration plus élevés. Cela sera fatalement le cas si le profit est la priorité qui guide les politiques d'implantation des affaires, et se privatisent les secteurs des services tels ceux de la santé. Serait-il possible pour des pays tels que le nôtre de pouvoir à la fois retirer des dividendes des aspects positifs de la mondialisation et d'éviter les implications néfastes de ses aspects négatifs ? Dans le cas où la mondialisation s'avère vraiment catastrophique pour les pays en développement et même pour les pays émergents car rien ne garantit que les pays tels que le Brésil, l'Inde et d'autres vont s'en tirer comme ils le voudraient, même si on les appelle pays émergents, irions-nous vers une situation où seront rejetés les modèles politiques et économiques portés par les pays riches ?