Les autorités avaient annoncé qu'une centaine d'entreprises publiques ont été retirées des propositions de privatisation. Leur avenir n'est pas encore connu sur le moyen et le long terme, car qui garantirait qu'elles ne seraient pas réadmises à la liste des entreprises proposées aux privatisations, car, pour le moment, il n'y a encore pas assez de "lisibilité" de leur intégration dans une politique industrielle qui mobiliserait le gouvernement. De toute façon, même les entreprises qui n'ont pas été retirées de la liste des propositions à la privatisation ne sont toujours pas privatisées. Comment construire un projet de développement quand le succès ou l'échec des privatisations ne peut pas être prévu ? Serait-il possible d'être accusé de naviguer à contre-courant si on se posait la question de savoir quelles sont les entreprises qui arrivent encore à faire des profits ? Combien y en a-t-il et surtout quels profits ? Dans ces évaluations, il est inutile d'y intégrer le secteur particulier des hydrocarbures car les cours du baril de pétrole échappent à la maîtrise de l'Etat. Les recettes de Sonatrach sont celles de l'Etat et leur niveau ne relève pas de notre volonté.. A la décharge des entreprises d'autres secteurs, depuis qu'il leur a été dit que leur avenir est dans leur privatisation, elles ont normalement cessé de faire des projections et de se fixer des objectifs de croissance. Quelle entreprise pourrait engager des investissements durables aux profits qui ne seraient pas à engranger dans l'immédiat ? Une telle entreprise pourrait même être accusée de faute et de gestion irrationnelle qui a mené au gaspillage des deniers de l'Etat. Une politique industrielle se fait bien sûr avec des entreprises nationales, mais lorsque l'épée de Damoclès , celle des privatisations n'est pas retirée définitivement d'au-dessus de leur tête, c'est toute la mobilisation qui est rendue impossible, celle des travailleurs plus particulièrement. Le problème est qu'on ne peut pas dire que seules les entreprises nationales peuvent développer le pays, puisque nous avons vécu trois décennies de " certitudes " pour nos entreprises, sur lesquelles ne pesait pas cette menace de privatisation. Cela fait quand même longtemps que l'idée des privatisations a été annoncée, mais sa mise en œuvre tarde tellement qu'elle se dévalorise elle-même et a fini par être plutôt une mesure qu'une politique qui a perdu son caractère d'urgence.