D'un côté, ce sont les patrons qui sont embarrassés face à la difficulté de trouver une main-d'œuvre qu'ils déplorent non qualifiée, d'un autre ce sont les pouvoirs publics qui se plaignent de l'absence de technologie de pointe et souffrent de la fuite de cerveaux. Aucun mécanisme idoine à même de réconcilier les deux parties n'est venu à ce jour. Pourtant, tout indique que l'élément catalyseur existe et est bel et bien algérien mais a préféré les chemins de l'expatriation. Cela profite à d'autres pays qui tirent un bénéfice de cette diaspora algérienne. A titre d'exemple, et sur les 25 pays fournisseurs d'immigrants au Canada, l'Algérie occupe la troisième place. Notre pays est devenu un véritable réservoir de compétences bon marché pour les pays développés. Ce phénomène de fuite touchait, dans les années soixante-dix, les Algériens formés à l'étranger. Désormais, cela s'est étendu aux cadres et universitaires formés en Algérie. L'hémorragie est telle que le pays semble se vider de sa matière grise. Des dizaines de milliers de cadres, intellectuels et scientifiques ont préféré s'installer sous d'autres cieux, plus cléments et où il leur est permis de vivre une vie décente et digne de leurs efforts. Ils sont plus de 100 000 à avoir choisi de s'établir en Europe et en Amérique du Nord, où ils travaillent dans la recherche, la médecine et l'industrie. Ce sont aussi plus de 3 000 informaticiens, plus de 40.000 chercheurs et 7000 médecins à rechercher leur eldorado. Un peu plus de 3000 chercheurs et scientifiques ont préféré s'établir quant à eux aux USA. L'Institut national de la statistique et des études économiques français a recensé 99 000 chefs d'entreprise d'origine algérienne en Europe, dont une majorité en France. Ils emploient environ 2,2 millions de personnes et leur chiffre d'affaires global consolidé dépasserait les 15 milliards d'euros. L'hémorragie continue sous les yeux hagards de nos responsables. Beaucoup d'experts reconnaissent que le tissu industriel algérien nécessite une mise à niveau technologique, managériale et d'expertise. Cela incite à faire appel à cette même diaspora. Mais comment susciter l'engouement de cette communauté et transformer les ressources humaines vivant hors des frontières en ressources réelles ? Comment donc rendre possible l'intégration de ces cadres et les initier à la participation au développement national ? Quelles mesures a-t-on prises pour intéresser ces cadres à venir se réinstaller en Algérie et assurer ainsi le transfert de technologie tant recherché. Les expériences passées ont été décourageantes pour plus d'un Algérien téméraire et mu par la fibre patriotique qui a tenté le retour au pays mais qui l'a appris à ses dépens. Notre pays qui attend son enfant prodigue est-elle en mesure de le choyer et ne pas le broyer ?