Des décennies durant, tous les investissements opérés par le pouvoir dans le cadre de la dépense publique s'inscrivaient officiellement dans la perspective de l'amélioration des conditions de vie des populations. Cette ère a changé maintenant, les entreprises n'ont plus pour mission de faire du social dans un contexte qui recommande l'abaissement des charges pour des raisons liées à la compétitivité induite comme exigence dans la mondialisation. C'est une rupture douloureuse avec l'époque où n'existaient pas de préoccupations de concurrence ou de survie d'entreprises et, donc, de postes de travail, car c'était l'époque où on pouvait facilement et sans danger immédiat continuer à emprunter sur le plan extérieur. Il fut une époque, (c'était hier) où l'on n'avait pas besoin de réconcilier les citoyens avec l'entreprise, car cette dernière investissait plus dans le social que dans les performances économiques. On pouvait recruter même sans organigramme. L'entreprise était évaluée sous l'angle de ses performances sociales, ce qui semblait normal dans un contexte où celle-ci ne risquait pas sa " vie " du fait qu'elle ne pouvait pas être exposée à la concurrence, intérieure ou internationale Alors, quels instruments de sauvegarde du social quand celui-ci ne peut se trouver qu'encore plus mal du fait que les réformes sont engagées, que les suppressions de postes ou compressions des personnels ont eu lieu sans que ne se créent les moyens qui devraient en amortir la chute, alors qu'est prouvée la difficulté à faire face à l'augmentation effrénée de la demande. Il y a une forte dose de nostalgie qui s'exprime chez les populations quand elles font une comparaison avec la décennie 70. Faudrait-il pour autant continuer à emprunter cette voie nouvelle sachant toutefois que maintenant il y a une certitude que les conditions ne sont pas réunies pour que notre économie devienne réellement compétitive et même qu'il va falloir beaucoup de temps encore pour qu'elle puisse le devenir ? Si l'objectif est d'y parvenir, il faudrait bien protéger l'entreprise durant la période nécessaire à son adaptation. Mais, entre-temps, comment évoluera le social en Algérie quand on sait que ce n'est plus la mission de l'entreprise ? Quelle transition pour le social sachant que le modèle économique et social des premières décennies est déclaré périmé alors que c'est la confusion pour le modèle qui lui succéda ? Le risque est grand que les implications de la crise financière internationale sur l'Algérie, à savoir la chute du prix du baril de pétrole et le ralentissement pour ne pas dire l'arrêt des flux des IDE, vont inévitablement accélérer la détérioration des équilibres sociaux et qu'il en découlera un accroissement des inégalités internes, une augmentation du chômage et de la pauvreté qui sont autant de raisons pour conjurer une augmentation de la criminalité ? N. B.