La priorité sera, dorénavant, accordée à l'approvisionnement du marché national en poissons. Selon le ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques, Abdellah Khanafou, un nouveau cadre intersectoriel sera mis en place pour " réguler et contrôler l'exportation des produits de la pêche ". Dans une allocution lue par le Secrétaire général du ministère lors d'une journée parlementaire sur "La richesse halieutique en Algérie, réalités et perspectives, le ministre a indiqué qu'"un choix stratégique est à opérer". Celui-ci sera traduit à travers le programme de réajustement de la politique sectorielle prévue pour 2010-2014. Cette option est rendue nécessaire puisque la consommation nationale du poisson a augmenté durant la dernière décennie passant de 89.000 tonnes en 1999 à 130.000 tonnes en 2009. La hausse de la consommation s'explique, également, par les importations en constante augmentation. L'Algérie a importé 25.000 tonnes en 2009 pour 53,6 millions de dollars contre 8.000 tonnes à 39 millions de dollars en 2001. Quant aux exportations notamment vers l'Union européenne, elles sont passées de 1.647 tonnes en 2001 pour une valeur de 5,80 millions de dollars à 2.124 tonnes en 2009 pour une valeur de 9,6 millions de dollars. Le programme de réajustement réserve également l'exclusivité aux nationaux pour l'exploitation de la ressource (halieutique), selon M.Bensegni. "L'exploitation (de la ressource) est strictement réservée aux nationaux", a-t-il affirmé. L'exploitation envisagée est de 221.000 T/an d'ici à l'horizon 2025, selon ce responsable. Selon les chiffres du ministère, la production halieutique a atteint 230.000 T en 2009. M.Bensegni a en outre rappelé que la décision d'injecter 666 unités de pêche en 2010 a été "gelée en attendant les résultats d'une nouvelle campagne d'évaluation de la ressource prévue pour 2011" avec la réception d'un bateau scientifique. Cette campagne sera suivie d'un plan d'aménagement, qui déterminera la flottille et l'effectif marin disponibles. Il a rappelé, dans ce contexte, que les prévisions du secteur pour les 15 prochaines années tablent sur des investissements de l'ordre de 291,6 milliards de DA dont 264 milliards provenant du secteur privé, alors que le chiffre d'affaires du secteur devrait atteindre 82 milliards de DA à l'horizon 2025. Ces prévisions pourraient être révisées en tenant compte de l'évolution de la ressource et du contexte économique national qui prévaudra, a noté M. Bensegni. Intervenant lors de cette rencontre parlementaire, le président de la Commission de l'Agriculture, de la Pêche et de la Protection de l'environnement, Larbi Allali, a souligné l'importance de rénover la flottille et l'élaboration d'une stratégie permettant au secteur de contribuer à la sécurité alimentaire du pays. Il a relevé la faiblesse du taux de consommation par habitant et par an (5 kg/an), plaidant pour l'augmentation de ka consommation de produits de la mer. Concernant l'aquaculture, une alternative sur laquelle mise le secteur pour répondre aux défis de la sécurité alimentaire, elle demeure au stade de lancement et l'activité fait face à l'absence de structures de production et de financement. Selon Abdelkader Benouni, conseiller auprès du ministre, 22 projets ont été lancés, alors que 450 sites favorables au développement de l'aquaculture d'ici à 2025 ont été identifiés. Selon ce responsable, "des instruments nécessaires au développement de l'aquaculture industrielle seront mis en place durant les cinq prochaines années". Par ailleurs, les intervenants à cette rencontre parlementaire ont relevé plusieurs contraintes entravant l'activité de pêche en Algérie, comme la pêche illicite de certains produits, et durant les périodes de repos biologique. Les professionnels ont suggéré aux autorités de prendre une décision ferme pour ''interdire la pêche pendant la période du repos biologique, en accordant une indemnité aux pêcheurs''.