A écouter les champions du libre-échange, les pays occidentaux, bien sûr, ceux qui ont imposé ce modèle dans les relations économiques internationales, on accrédite la thèse selon laquelle le commerce favorise la croissance tandis que cette dernière favorise les excédents financiers provenant des échanges commerciaux qui sont donc censés favoriser le développement. Mais, il n'est pas précisé que c'est la nature des composantes des échanges commerciaux qui définit la nature de la croissance et donc les conditions d'un développement. Que signifierait par exemple la baisse de l'excédent financier ? La notable baisse enregistrée parfois de l'excédent financier dans les échanges commerciaux n'implique pas obligatoirement que notre développement se dégrade. Tout simplement, c'est la baisse de nos ressources extérieures à la suite de la baisse des cours du baril de pétrole, cela veut dire que l'économie est privée de moyens financiers suffisants pour assurer sa relance. Et si cette baisse s'inscrivait dans la perspective de sa continuité ? Le tendon d'Achille pour un pays qui veut se développer est l'investissement dans des échanges commerciaux qui ne sont point générateurs de développement. Il y a une grande effervescence dans les ports mais les marchandises transitent dans un seul sens. Les containers arrivent par milliers et l'argent qui sort en contrepartie est bien invisible. Il a été déjà remarqué qu'il peut y avoir une croissance sans création d'emplois, il peut y avoir également des échanges commerciaux sans développement. C'est ce genre d'échanges qui est pratiquement une constante pour les pays dont la plupart seront, par respect, toujours qualifiés de pays en développement. Pour ceux qui auront assez avancé sans cependant atteindre le niveau des pays industrialisés, on les qualifiera de pays émergents, malgré qu'une grande partie de leurs populations vivent dans la pauvreté. Qu'est-ce qui s'échange tant pour soutenir qu'il s'en induira fatalement le développement ? Quel développement serait traduit par un excédent dans la balance commerciale quand d'un côté sont proposés aux échanges les produits résultant du fonctionnement des entreprises de production et de l'autre des matières premières non renouvelables et sans leur transformations ? Les pays importateurs de pétrole, par exemple, ou d'autres matières premières exigent que leurs achats de tels produits soient pris en compte dans la balance commerciale pour les équilibrer avec leurs produits d'exportation. Dans ces conditions, l'équilibre à atteindre, approché sous l'angle exclusivement financier ne tient pas compte qu'un pays se développe et l'autre dépérit. Les institutions financières internationales qui délivrent des satisfecit le font quand elles enregistrent que les pays " en développement" ont des budgets équilibrés sur le plan des variables dites macroéconomiques tout en sachant qu'il ne s'agit pas de développement, mais seulement de capacités à dégager des financements pour pouvoir rembourser leurs emprunts. Les économistes de la BM par exemple étudient la rentabilité et l'expansion de leur banque et non pas celle des pays en développement.