Le programme national du développement des énergies renouvelables (PNDER) motive de plus en plus les industriels algériens et étrangers à investir dans ce secteur stratégique pour l'économie nationale. Ce qui a amené, entre autres, le groupe EDIELEC à réaliser un projet de fabrication de panneaux photovoltaïques en Algérie. En partenariat avec un groupe français, EDIELEC s'est lancé dans la réalisation de la première usine de fabrication de panneaux photovoltaïques hybrides (solaire- thermique) en Algérie. Cette réalisation sera une première au Maghreb et en Afrique. Rencontré, récemment, en marge de la cérémonie de création de l'union des professionnels des énergies renouvelables (UPER), M Sid Ali Mokhefi, P-DG du groupe EDIELEC n'a pas hésité à s'adresser aux lecteurs de notre quotidien le Maghreb… Entretien réalisé par Meziane Atmani
Le Maghreb Qu'en est-il du lancement du programme national de développement des énergies renouvelables dans les faits ?
M Sid Ali Mokhefi Il y a beaucoup d'entreprises algériennes qui activent déjà dans le cadre du programme national de développement des énergies renouvelables (PNDER initié par l'Etat. Mais dans les faits, nous avons constaté certaines lacunes dont je ne sais pas à quoi elles sont dues. Est-ce de l'incompétence ou d'un manque de formation des responsables qui gèrent ce PNDER. Je pense qu'il s'agit d'un manque de formation des personnes concernées par la mise en œuvre en termes d'acquisition de nouvelles technologies. Il s'agit, selon moi, d'un programme ambitieux et qu'il fallait se préparer au préalable, surtout lorsque l'on sait tout ce qui se passe à travers le monde, car l'Algérie doit sortir de la dépendance des hydrocarbures et penser aussi à mettre de l'ordre dans notre maison, avec notamment la mise en œuvre de ce programme de développement des énergies renouvelables. J'estime qu'on n'est pas suffisamment préparé pour le lancement de ce PNDER. Comment ? J'explique. Moi en tant que responsable d'une entreprise, lorsque je suis soumissionnaire et je retire les cahiers de charges, je constate que l'aspect technique de la rédaction de l'appel d'offres international ou national est complètement négligé en termes d'exigences spécifiques souhaitées par le maître d'œuvre. Les soumissionnaires retenus ne sont pas donc les meilleurs sur le plan technique, même s'ils sont certes les moins disants sur le plan financier. Conséquence : le projet va en pâtir C'est pourquoi nous avons créé l'union des professionnels des énergies renouvelables, Il s'agit de nouvelles technologies solaires et éoliennes que les rédacteurs de cahiers de charges et des appels d'offres ne maîtrisent pas encore pour carence de formation. C'est ce que nous avons constaté en tant que chefs d'entreprise. Et c'est pourquoi nous avons créée l'UPER (union des professionnels des énergies renouvelables) pour proposer justement des suggestions aux pouvoirs publics et faire avancer les choses dans ce domaine. Nous avons dans cette organisation des spécialistes, des chercheurs et des universitaires et d'autres compétences nationales qui peuvent faire les beaux jours de l'Algérie.
Qu'en est-il de l'apport de votre entreprise ? Nous venons de réaliser une usine qui va bientôt démarrer pour fabriquer des premiers panneaux solaires algériens. Elle est située à Dar el beida à l'Est d'Alger. C'est une unité de production de 12 mégawatts.
Quel sera le prix d'un panneau solaire ? On ne vend pas un panneau solaire mais on calcule en watts. Actuellement on importe de la Chine des panneaux solaires ; ce que je dénonce au passage, car le taux de leur rendement est vraiment très bas. Et il ne s'agit pas de bons produits. Moi je pense qu'il faut revenir aux produits européens. Un watt coûterait dans ce cas 1, 50 £, environ,à l'EDIELEC. Le prix de revient d'un panneau de 80 watts sera donc 12000 DA. J'ai entendu dire que l'entreprise publique Eclairage Rouiba va produire un panneau solaire de 80 watts à 40.000 DA, Je trouve que c'est excessivement coûteux pour les consommateurs. Cette usine permettra de produire 150 panneaux photovoltaïques par jour, avec un taux d'intégration national de 95% .Je pense qu'il faut profiter de la crise mondiale et d'aller négocier sur place pour avoir les bons prix et les meilleures technologies car nous payons cash. C'est une aubaine pour l'Algérie qui doit en profiter de cette récession économique mondiale. Par exemple, on rentre en tant que partenaire dans ces sociétés internationales et on transfère les technologies vers l'Algérie.
Quand vos panneaux seront disponibles sur le marché ? Nous avons certes accusé un certain retard. Pour le verre, nous allons l'acheter chez une filiale de Cevital ; alors que l'aluminium sera acquis chez une autre entreprise algérienne qui est en train de construire une usine dans la wilaya d'El tarf. Le taux de réalisation de cette usine atteint 80 %. J'espère que le silicium sera aussi fabriqué en Algérie en 2014, comme annoncé récemment par les pouvoirs publics. Ainsi nous aurons un panneau solaire 100% algérien. Nos panneaux seront sur le marché national en mars 2012 si tout va bien. La particularité notre panneau sera hybride. Il produira de l'électricité d'origine solaire d'un côté ; mais en lui rajoutant un collecteur, il produira aussi, une fois installé sur toit d'une maison, de l'eau chaude et du chauffage. Au lieu de placer du verre neutre sur les fenêtres, on placera des panneaux solaires dans le cadre de l'habitat intelligent et des logements bioclimatiques. Qu'en est-il de la technologie qui sera utilisée dans votre usine ? Dans notre chaîne de production que nous allons installer bientôt à l'usine, nous avons opté pour une technologie européenne. Les Allemands nous ont proposé une chaîne à 7 millions d'euros pour 12000 mégawatts. C'est excessivement cher. Nous avons pu acquérir une autre technologie française à 1, 5 million euros, pour la même chaîne, recyclable à 100 %. Le rendement sera de 16 à 18 % pour notre société 100 % algérienne.
Comment l'Algérie doit faire, selon vous, pour rattraper le retard par rapport à nos voisins marocains et tunisiens ? Oui par rapport à nos voisins marocains et tunisiens, nous sommes un peu en retard, c'est vrai. Ce qui s'explique amplement par notamment la décennie noire du terrorisme. Et puis nous allons rattraper ce retard facilement car le ministre de l'énergie et des mines, M Youcef Yousfi active réellement dans cette direction et dans le bon sens.