Les exportations non pétrolières de l'Iran ont fait un bond de dix milliards de dollars en 2011/2012 en dépit des sanctions économiques imposées par les Occidentaux contre le programme nucléaire iranien controversé, selon les chiffres publiés, hier, par les médias. Les exportations non pétrolières de l'Iran ont totalisé 48 milliards de dollars durant l'année iranienne 2011/2012 (mars à mars), selon un responsable de l'Organisation pour le développement du commerce, Kiumars Fatollah-Kermanshahi. Téhéran a exporté pour 43,8 milliards de dollars de biens contre 34 milliards de dollars l'année précédente (+29%), auxquels sont venus s'ajouter quelque 4,2 milliards de dollars de services, a-t-il précisé. L'essentiel de cette hausse est venu de la forte progression des produits pétrochimiques (+55% à 15 milliards de dollars) et des condensats de gaz (+36% à 10 milliards de dollars), dont Téhéran a accru la production depuis un an et qui ont également été dopés par l'envolée des cours mondiaux du pétrole, selon les statistiques de l'administration des Douanes. Les exportations de brut de l'Iran (deuxième producteur de l'OPEP) dont le chiffre définitif n'a pas encore été rendu public devraient pour leur part avoisiner les 100 milliards de dollars (contre 78 milliards de dollars l'année précédente) selon des prévisions officielles citées par les médias. Cette forte hausse des exportations iraniennes est intervenue en dépit des sanctions commerciales et financières de plus en plus sévères imposées depuis 2010 par les Occidentaux à l'Iran, soupçonné, en dépit de ses dénégations, de chercher à se doter de l'arme atomique sous couvert de son programme nucléaire civil. Les dirigeants iraniens mettent régulièrement en avant, depuis quelques mois, cette progression spectaculaire des exportations pour affirmer que les sanctions occidentales, qui frapperont aussi le pétrole à partir de juillet, sont inefficaces. Ils soulignent qu'elles ont au contraire poussé l'Iran à développer ses capacités de production dans tous les domaines (les importations ont baissé de 4,1% l'an dernier, à 61,8 milliards de dollars selon les Douanes) et à trouver de nouveaux débouchés notamment en Asie. L'Iran exporte désormais l'essentiel de son brut vers la Chine, l'Inde, le Japon et la Corée du sud, tandis que la Chine et les Emirats arabes unis (plaque tournante pour la réexportation des biens à destination ou en provenance d'Iran) sont devenus ses principaux partenaires commerciaux non-pétroliers. Les experts économiques occidentaux à Téhéran relèvent toutefois que la hausse des exportations iraniennes est essentiellement due à l'envolée des cours mondiaux du pétrole depuis un an. Elle camoufle notamment le fait que la production pétrolière de l'Iran, aux alentours de 2,5 millions de barils/jours selon l'OPEP, est en baisse régulière depuis 2008, et que les sanctions ont ralenti les efforts de Téhéran pour produire et exporter son gaz, dont il détient les deuxièmes réserves mondiales, notent-ils. Les mêmes experts soulignent également que l'Iran a de plus en plus de mal à rapatrier les devises que lui rapportent ses exportations, ce qui le condamne désormais à diverses formes de troc direct ou indirect avec de nombreux clients et a réduit significativement ses capacités d'investissement.