Le fabricant de composants pour téléphones portables ST-Ericsson a annoncé cette semaine la suppression de 1 700 postes au niveau mondial dans le cadre d'une vaste restructuration destinée à "stabiliser" l'entreprise dont les pertes ne cessent de s'aggraver au fil des ans. ST-Ericsson, qui compte 6 000 salariés dans le monde, est détenu à parts égales par le fabricant franco-italien de semi-conducteurs STMicroelectronics et l'équipementier télécoms suédois Ericsson. Très dépendant pour ses débouchés du groupe finlandais Nokia, lui-même en difficultés, ST-Ericsson avait annoncé fin janvier un alourdissement de ses pertes en 2011 à 841 millions de dollars (contre 591 millions en 2010) et a prévu une chute des ventes "très significative" au premier trimestre. Au terme d'un examen "des faiblesses du groupe mené ces derniers mois", il est apparu "nécessaire de revisiter le " business model "" de ST-Ericsson et d'apporter "un changement majeur de stratégie", pour lui donner les moyens de se "stabiliser" et "réussir" dans le domaine des smartphones et des tablettes, a affirmé le P-DG Didier Lamouche, lors d'une conférence téléphonique. La société vise ainsi des économies de 320 millions de dollars, mais il lui faudra dans un premier temps supporter des coûts de restructuration d'"environ 130-150 millions de dollars". Le plan dévoilé cette semaine prévoit que STMicroelectronics "absorbe" l'ensemble des activités de recherche et développement R&D de ST-Ericsson, grâce au transfert de ses employés "hautement qualifiés" vers STMicroelectronics. Ce rapatriement des activités R&D devrait concerner "plusieurs centaines" de postes sur les 1 700 inclus dans le périmètre de la restructuration, a précisé M. Lamouche. "C'est un effort significatif, un effort douloureux, mais que nous devons faire", a-t-il affirmé. La restructuration va notamment "permettre la constitution d'un centre de traitement d'application unique pour servir tous les marchés (décodeurs, téléviseurs, Smartphones, tablettes, etc.)". "En rassemblant nos forces, nous sommes la seule entreprise européenne capable de concurrencer des groupes américains tels Intel", a insisté M. Lamouche. Si les impacts sociaux par pays ou par site n'ont pas été dévoilés, M. Lamouche a affirmé que la France n'était pas concernée par les suppressions d'emplois. Quelque 1 700 personnes travaillent pour le fabricant en France et sont réparties entre les sites de Paris, Sophia-Antipolis, Le Mans, Rennes et Grenoble. "La direction de ST-Ericsson nous a assuré lors du comité de groupe qu'il n'y aurait aucune suppression de postes en France sous quelque forme que ce soit", a confirmé un représentant syndical. Didier Lamouche a reconnu que "d'autres sites dans le monde allaient fermer". "Mais je ne peux rien vous dire à ce stade de la négociation", a-t-il ajouté. De source syndicale, quatre sites en Europe (Finlande, Belgique, Royaume-Uni, Suisse) et un cinquième en Chine seraient ainsi visés, chacun comptant un peu plus de 100 salariés. La maison-mère STMicroelectronics, dont le cours boursier souffre depuis des années des contre-performances de sa filiale, a publié, son chiffre d'affaires pour le premier trimestre. Après l'annonce de la restructuration de la filiale, le titre STMicro a enregistré la plus forte baisse du CAC 40, plongeant de 13,8% à 4,30 euros, alors que la Bourse de Paris a fermé en baisse de 2,83%. L'agence de notation Fitch Ratings avait abaissé en août d'un cran, à BBB+, la note de STMicroelectronics, en raison des contre-performances de ST-Ericsson.