L'arrivée de la gauche en France, avec l'élection de François Hollande, va-t-elle changer la donne des relations algéro-françaises, souvent mises en veilleuse dans divers domaines par l'ancien gouvernement de droite. La portée d'un véritable partenariat s'est retrouvée au centre de la visite du ministre des Affaires étrangères français, Laurent Fabius. Avec cette visite, c'est peut-être une autre histoire entre la gauche française et l'Algérie. Ce premier voyage du diplomate français préparant la visite prochaine de François Hollande à Alger, laisse à penser que l'essentiel des problèmes en suspens ont été mis sur la table des discussions. S'agit-il de discussions et de négociations plus proches de la réalité, des liens, d'un partenariat viable et de point de confusion entre les deux pays ? Un grand pays du Sud et un grand pays du Nord qui ont perdu trop de temps a dépassé le cadre retardataire dans lequel le prédécesseur de Hollande l'avait maintenu. Fabius semble s'inscrire dans cette voie. " Le but de ma visite, avant que le président François Hollande ne vienne, c'est de donner un nouvel élan à notre partenariat… Nous avons tous les éléments essentiels pour faire un long chemin ensemble ". Ainsi, nombre de considérations (la mémoire, l'émigration, l'économie, les études supérieures, les questions régionales et internationales) ont fait de cette visite une priorité : volonté des deux pays de mettre un terme aux " pannes " qui, par le passé, ont stoppé la fluidité de ce partenariat, soit l'ambition de construire un "mieux" espace aux relations bilatérales et la coopération dans divers domaines. Du côté algérien, il y a une parfaite disponibilité à améliorer ce partenariat entre les deux pays à condition que les relations soient claires et qu'elles s'orientent vers les problèmes déterminants. L'histoire a habitué les Algériens à ne considérer que les faits concrets lorsqu'il s'agit d'approche bilatérale avec la France. Les résultats obtenus jusqu'à présent ne sont pas miraculeux. Mais, raisonnablement, une " mission " de restructuration de ce partenariat d'une telle envergure peut s'opérer avec les atouts que l'on connaît. Un décollage nouveau qui pourrait permettre de surmonter la contrainte entre l'impératif du changement et la résistance de traditions qui ne servent pas les intérêts des deux peuples et des deux Etats. Si les relations France-Algérie commencent à travers cette visite par des moments de réalisme, elles ne doivent pas mon plus sombrer, comme par le passé, dans le ridicule et le mercantile, car, il y a aujourd'hui peut-être un espace de discussion sur le meilleur usage de coopération pour arriver à l'enrichissement progressif d'un " partenariat d'exception ". Tel peut-être la plateforme sur laquelle repose l'avenir de la coopération et de l'amitié entre la France et l'Algérie, après de nombreux et sombres moments de léthargie.