Vinci a remporté l'appel d'offres pour la privatisation de l'opérateur aéroportuaire ANA, a annoncé le gouvernement portugais jeudi dernier, précisant que le groupe français verserait 3,08 milliards d'euros pour 95% de la société. Lisbonne confirme ainsi ce qu'avaient précédemment dit des sources. Vinci, groupe français de BTP et de concessions, a été préféré à l'allemand Fraport, à l'opérateur suisse Flughafen Zürich et au groupe argentin Corporacion America. Avec l'acquisition d'ANA, Vinci précise dans un communiqué estimer le chiffre d'affaires de Vinci Airports pour 2012 à plus de 600 millions d'euros pour un excédent brut d'exploitation (Ebitda) d'environ 270 millions. En intégrant les dix aéroports portugais, Vinci Airports gère au total 23 aéroports transportant plus de 40 millions de passagers dans le monde, ajoute le groupe. Grâce au produit de la cession d'ANA, le Portugal va être en mesure de dépasser son objectif de revenu des privatisations. Lisbonne avait initialement convenu de lever 5,5 milliards d'euros d'ici la fin 2013 dans le cadre d'un accord de renflouement international de 78 milliards d'euros. Cet objectif est désormais porté à 6,4 milliards d'euros. Lisbonne cède des parts dans ses infrastructures pour réduire sa dette, ce secteur économique continuant de susciter une forte demande. Le Portugal a déjà vendu des participations dans les compagnies d'électricité EDP et REN, essentiellement à des investisseurs chinois. ANA a publié en 2011 un bénéfice record de 76,5 millions d'euros et un chiffre d'affaires de 425 millions, en dépit de la crise, à la faveur d'un afflux de touristes étrangers. Plus des trois cinquièmes du C.A. ont été réalisés par des vols locaux ou intra-européens et le Portugal voit un nouveau potentiel de croissance pour ANA dans des vols long courrier vers l'Amérique du Sud et l'Afrique. Les acheteurs potentiels considèrent en outre qu'on peut encore augmenter les bénéfices en développant des sources de revenus non liées à l'aviation, comme le duty free et les parkings, selon des personnes proches du dossier. Vinci, candidat malheureux à la reprise des aéroports du turc TAV, pour lesquels ADP a remporté les enchères en mars dernier, exploite déjà neuf aéroports en France et trois au Cambodge. Il suit actuellement une stratégie d'acquisitions ciblées de concessions existantes dans les aéroports, les parkings et les autoroutes, pour renforcer le poids de ces activités dans son chiffre d'affaires.