Le nouveau ministre des Transports veut mettre de l'ordre dans son ministère, en organisant des assises qui se tiennent depuis hier au Palais des nations (Club des Pins). C'est bien une occasion pour mettre à nu tout le secteur des transports, notamment celui de l'aérien. Ainsi, les grandes assises nationales des transports se sont ouvertes mardi matin à Alger en présence du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, de membres du gouvernement, de parlementaires, de cadres et d'experts. Cette rencontre de deux jours "vise à établir un diagnostic complet des étapes parcourues mais aussi et surtout des insuffisances, voire les lacunes qui caractérisent, à l'heure actuelle, un secteur essentiel dans la stratégie du développement national comme dans la vie du citoyen", selon le ministère des Transports. Il s'agit encore de procéder à une réflexion pondérée et volontariste quant aux solutions à engager pour dynamiser le secteur pour les grands projets en cours et un secteur de services à la hauteur des ambitions de l'Etat et des attentes du citoyen. Outre les représentants des départements ministériels concernés notamment le ministère des Transports et celui chargé de la Réforme du service public, ces assises nationales verront la participation d'opérateurs, d'experts algériens et internationaux, de parlementaires et de représentants de la société civile. Elles sont ouvertes à toutes les compétences internes et externes, avec pour but le recensement de tous les aspects négatifs affectant l'activité. Sellal souligne la nécessité de développer le secteur Au cours de la cérémonie d'ouverture de ces assises, le chef de l'exécutif a mis l'accent sur l'importance du service public dans le secteur des transports, appelant les participants aux grandes assises nationales à considérer ce point comme "un chantier important" pour hisser les services de transport en Algérie. "Il est important de signaler toute l'importance que prend le volet service public au sein des espaces d'accueil et des parcs de transport. Il importe au plus haut point que les Algériens puissent voyager dans leur pays et en dehors et mobiliser leurs marchandises selon les normes de qualité et de services mondialement reconnues", a-t-il affirmé. Le chef de l'exécutif a invité, dans ce sens, les participants à ces assises à "considérer ce point comme un chantier important qui ne concerne pas la seule tutelle, mais implique également d'autres secteurs et d'autres opérateurs qui doivent jouer pleinement leur rôle pour hisser les services de transport en Algérie". M. Sellal a confirmé, ainsi, la détermination de l'Etat à développer le secteur des transports qui contribue à améliorer les conditions de vie des citoyens. "Son excellence le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, qui a donné son haut patronage à ces premières grandes assises nationales du secteur des transports, m'a chargé de vous transmettre et de vous confirmer la détermination de l'Etat algérien à poursuivre ses efforts dans l'objectif de développer ce secteur vital". De même, "les moyens de transport contribuent, pour une large part, à l'amélioration des conditions de vie des citoyens et sont considérés comme un outil privilégié dans la concrétisation d'un équilibre du développement entre les régions d'un pays aussi grand et aussi vaste que l'Algérie", a-t-il enchaîné. Le Premier ministre a mis l'accent sur la nécessité de traduire "cette stratégie en plan d'actions et en projets minutieusement étudiés avec des objectifs et des délais préétablis" afin d'adapter le système de transport avec les nouvelles exigences résultant des mutations socio-économiques du pays et en faire un élément adjuvant du développement. Il a relevé que la mondialisation a imposé ces dernières années la libre circulation des biens et des personnes "comme principe essentiel", faisant des différents systèmes de transport "des infrastructures de base prioritaires et un symptôme de développement, dont l'efficacité détermine le niveau de développement et de compétitivité des nations". Par ailleurs, M. Sellal a évoqué en clôturant son intervention "la tragédie au sens plein du terme, que représentent les accidents de la route et leurs cortèges douloureux et affligeants de morts et de blessés" qu'il ne doit "en aucun cas être admise comme une fatalité". "Au contraire, l'effort de l'Etat en matière de sécurité routière doit être décuplé et poursuivi", a-t-il dit. Il a indiqué que les thèmes qui s'offrent à la concertation au cours de ces assises sont nombreux, en assurant que le gouvernement va "se pencher avec attention sur les résultats" des travaux de cette rencontre visant à dynamiser le secteur des transports.
Sellal exhorte les travailleurs de l'ETUSA à privilégier le dialogue Sur un autre sillage, le chef de l'exécutif a exhorté les travailleurs de l'Etablissement de transport urbain et suburbain d'Alger (ETUSA) à "privilégier" le dialogue, suite au mouvement de grève déclenché par les chauffeurs et receveurs de cette entreprise pour réclamer des augmentations de salaire. "Je vous encourage à privilégier le dialogue avec la direction et de ne pas recourir, à chaque fois, à la grève, qui pénalise en premier lieu les citoyens", a indiqué M. Sellal à l'adresse des représentants de l'ETUSA lors d'une visite au stand de cette entreprise, en marge de la cérémonie d'ouverture des assises. Le Premier ministre a assuré, dans le même cadre, les travailleurs de l'ETUSA du "soutien des pouvoirs publics", soulignant dans ce sens que leurs droits "seront préservés". Les chauffeurs et receveurs des bus relevant de l'ETUSA avaient observé une grève de 10 jours (du 11 au 21 novembre 2013), sans préavis. Cette grève a été jugée "illégale" par le tribunal administratif de Sidi M'hamed. Pour rappel, la principale revendication des grévistes était l'application de tous les articles de la convention collective signée et adoptée en 1997 avec effet rétroactif et le respect de ses dispositions juridiques ainsi que le rétablissement du bureau syndical pour assurer le dialogue avec le responsable de l'entreprise et le ministère de tutelle.
Transport maritime de marchandises De son côté, le ministre des Transports, Amar Ghoul a souligné la nécessité de développer le secteur portuaire en vue de permettre au pavillon national de porter sa part de marché de transports de marchandises de 3%, actuellement à 20 ou 30% dans les prochaines années à travers, notamment la création d'un nouveau port. "Le pavillon national a une quote-part de 3% de transport de marchandises. Nous ambitionnons d'atteindre entre 20 et 30% grâce à la construction d'un grand port méditerranéen en Algérie qui sera un hub pour le transit de l'Amérique vers l'Asie et de l'Asie vers l'Europe", a-t-il déclaré. Les ports nationaux de commerce existants actuellement, ont été, pour l'essentiel, construits au cours de la période coloniale pour répondre aux besoins de développement d'un commerce orienté presque, exclusivement, en direction de l'ancienne métropole. Les surcoûts directs des dysfonctionnements que les ports nationaux occasionnent sont, selon des experts, "extrêmement lourds" et avoisinent les 3 milliards de dollars annuellement, soit le coût de réalisation d'un port de taille mondiale. Selon le ministre, un atelier sur la réactivation du transport maritime sur toute la côte du pays et le grand Alger est prévu dans le cadre des assises. "La première phase du projet concerne Boumerdès, Alger, Tipaza, Annaba et Oran. Certains projets sont déjà en cours et des formules incitatives aux investisseurs dont la subvention du ticket sont déjà prévues", a-t-il ajouté. S'agissant du port d'Alger, a-t-il poursuivi, des accès et des espaces de loisirs seront créés avec le même schéma à Annaba et Oran. Le développement de ce secteur sensible et stratégique impose un développement profond en termes d'infrastructures d'accueil, a encore souligné M. Ghoul, rappelant l'acquisition d'au moins 27 nouveaux navires dont deux pour le transport des voyageurs. "L'Algérie va acquérir 25 bateaux de transport de marchandises et 2 bateaux de transport de voyageurs dont le premier sera réceptionné en février prochain", a-t-il déclaré. Evoquant le dossier de la nouvelle aérogare d'Alger, le ministre a affirmé que celle-ci sera érigée en hub. M. Ghoul a fait état, en outre, d'un travail engagé par son département pour l'instauration d'un service d'avions taxis pour le Sud pour l'évacuation des malades. Il a indiqué que l'objectif des Assises est de parvenir à des propositions pour "la prise en charge des préoccupations des citoyens aux niveaux local et national tout en relevant les défis posés par la mobilité à cause des pressions exercées sur les villes". "Le transport terrestre n'est pas organisé convenablement. Nous allons arrêter totalement l'octroi des lignes pour les taxis et les bus. On va déceler les lignes saturées et nous serons obligés de décharger les lignes sursaturées", a-t-il averti. D'autres actions sont annoncées par le ministre qui a évoqué la mise en conformité des bus à travers de nouvelles normes pour diminuer les accidents de la route en prenant en compte l'âge et l'état du véhicule avec possibilité de retrait d'autorisation de circulation. Concernant le permis de conduire, le ministre a annoncé la révision des conditions de son octroi, soutenant que le nouveau document sera "non falsifiable".