Mardi, à l'occasion de la journée internationale des personnes handicapées, une exposition d'œuvres artisanales et artistiques réalisées par des enfants et des jeunes souffrant de handicaps multiples, a été mise à profit. Ces jeunes personnes aux besoins spécifiques, dont quelques-uns suivent des stages dans des établissements de formation professionnelle et d'autres pris en charge et suivis dans des centres spécialisés de la direction de l'action sociale (DAS) ou par des associations de personnes handicapées, ont réussi à attirer l'attention sur leurs oeuvres parfois exécutées avec une étonnante dextérité. Amar Bouabdallah, handicapé moteur, et Saïdia Aâriès malentendante, stagiaires au Centre de formation professionnelle et d'apprentissage (CFPA) de Djimla, ont arboré fièrement leurs travaux de broderie "medjboud" et "fetla", un domaine où ils excellent après moins de 2 années de stage. Les deux artisans particulièrement doués ont exprimé leurs vœux de s'installer à leur compte, après leur stage, à la faveur des divers dispositifs de soutien à l'emploi des jeunes. Quant à Tafer Khelifa, jeune myopathe de 25 ans, dont les œuvres, des objets décoratifs à base de coquillages, de sable et de liège sont déjà bien connus dans la ville, il avoue partager le même rêve que Saïdia et Amar, mais sa demande de crédit dans le cadre de l'Agence nationale de soutien à l'emploi des jeunes (ANSEJ) a été "refusée". Pourtant, ce jeune artiste formé au Centre psychopédagogique pour handicapés moteurs, situé au quartier des "40 hectares de Jijel", soutient "ne pas perdre espoir de réaliser son rêve de vivre, un jour, de son savoir-faire". Les travaux des enfants des Centres psychopédagogiques pour enfants déficients mentaux de Jijel et de Taher, exposant dans un stand jouxtant celui de Khelifa, arrachent des exclamations d'admiration aux visiteurs venus découvrir l'exposition malgré le mauvais temps. Cache-pots en macramé, papillons et oiseaux de paradis volant dans des tableaux bucoliques brillant de mille feux, poteries en plâtre et en terre cuite parsemées d'or et de paillettes, abat-jours scintillants témoignent du savoir-faire d'enfants trisomiques ou souffrant de handicaps mentaux divers. Mlle Meriem Merimèche, psychologue, cadre de la DAS et organisatrice de l'exposition, a expliqué que "la plupart des handicaps mentaux est la conséquence de souffrances fœtales ou d'accidents lors des premiers moments de la vie". Des handicaps qui n'empêchent pas ces jeunes artistes d'exprimer leur talent et de faire valoir leur habileté et leur sensibilité. En plus des travaux chatoyants réalisés par des enfants handicapés mentaux, les visiteurs découvrent aussi avec étonnement la technique dite du "journal brûlé" dont les enfants du centre psychopédagogique pour jeunes handicapés moteurs de Jijel se servent pour réaliser de précieux flacons et des bougeoirs, tandis que les jeunes handicapés auditifs en émerveillent plus d'un avec de surprenants masques de carnaval. Clôturant le parcours des visiteurs, l'association "Défis et espoir" des handicapés moteurs de Sidi-Abdelaziz exposent un ensemble de travaux de couture, de macramé et d'objets décoratifs qui ne manquent pas de captiver les visiteurs, très nombreux mardi à la bibliothèque municipale qui abrite l'exposition. Une manifestation émouvante qui suscite moins de compassion que d'admiration.