Des milliers de personnes ont manifesté dimanche à Casablanca, au Maroc, à l'appel de syndicats désireux d'envoyer un message des travailleurs au gouvernement, avec qui le dialogue s'avère difficile. Au moins 8 000 personnes ont participé en matinée, dans le calme, à cette Marche nationale de protestation et de défense du pouvoir d'achat, de la dignité, de la liberté et de la justice sociale. Les organisateurs ont avancé le chiffre de 15 000 manifestants. Le gouvernement doit tirer les leçons de cette marche ouvrière qui constitue un message des travailleurs à Abdelilah Benkirane, a déclaré à l'issue du défilé le secrétaire général de la Confédération démocratique du travail (CDT), Abdelkader Zair. Trois des principaux syndicats du royaume avaient appelé à un front uni, malgré l'appel de dernière minute du chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, à la tenue d'un dialogue social le 15 avril. Des associations étudiantes et des ONG ont aussi participé, au même titre que le mouvement pro-réformes du 20-Février --né durant le Printemps arabe-- et celui des diplômés chômeurs, qui réclament depuis des années leur intégration dans la fonction publique. Avant le début de la marche, des orateurs ont fustigé M. Benkirane, lui reprochant des pseudo-réformes, en particulier celle de la caisse de compensation. Alors que le Maroc est pressé de réduire son déficit public --de 5,5% en 2013--, le gouvernement emmené par les islamistes du Parti justice et développement (PJD) a entrepris de réduire le coût de cette caisse qui subventionne à grands frais (jusqu'à cinq milliards d'euros en 2012) des produits de première nécessité. En début d'année, il a totalement libéralisé le prix de l'essence et partiellement celui du diesel. Les syndicats reprochent notamment au gouvernement son manque de considération pour un mémorandum transmis en février. Quant à l'appel à un dialogue mi-avril, la lettre qui nous a été adressée ressemble à une convocation plus qu'à une invitation. Nous ne sommes pas des annexes gouvernementales, a clamé Miloudi Moukharik, secrétaire général de l'Union marocaine du travail (UMT). Les syndicats décideront de leur participation après la marche, a-t-il dit. Jeudi, lors de son point de presse hebdomadaire, le porte-parole du gouvernement, Mustapha Khalfi, avait qualifié la manifestation de politique et assuré que le mémorandum syndical avait été traité avec transparence et responsabilité. Il avait évoqué des revendications nombreuses dont certaines paraissent irréelles. Après des décennies dans l'opposition, le PJD a remporté un succès historique lors des législatives de fin 2011, soulevant un vent d'espoir au Maroc. A la tête d'une coalition hétéroclite, il a toutefois perdu du poids au sein du gouvernement en étant contraint de procéder l'automne dernier à un remaniement, à la suite du départ de son principal allié, l'Istiqlal (conservateur).