Les cours du pétrole, qui ont perdu plus de 70% de leur valeur depuis juin 2014, devraient "rester durablement bas", a indiqué, vendredi, la directrice générale du FMI, Mme Christine Lagarde, en anticipant un léger redressement des prix en 2019. "Le défi est d'autant plus redoutable qu'à la différence des cycles précédents, les prix devraient cette fois-ci rester durablement bas", a déclaré Mme Lagarde à Yaoundé (Cameroun) lors d'une rencontre avec les ministres des Finances de la communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (Cemac). Selon la patronne du FMI, "les marchés à terme ne laissent entrevoir qu'un léger redressement des cours à environ 60 dollars le baril en 2019". Les cours de brut resteront pénalisés par plusieurs facteurs qui contribuent à une surabondance de l'offre, a expliqué Mme Lagarde, citant l'avènement du pétrole de schiste, l'évolution du comportement stratégique de l'Opep et l'augmentation des exportations iraniennes. Côté demande, le repli de la consommation de pétrole aux Etats-Unis et la faiblesse générale de l'activité économique, notamment dans les pays émergents, pèsent sur les prix et les tirent vers le bas, relève-t-elle. Par ailleurs, elle a observé que la Chine, principal partenaire commercial de l'Afrique, avait entrepris un rééquilibrage historique de son modèle de croissance et est devenu, selon elle, "le théâtre d'une deuxième transition" qui s'est traduit par une baisse de la demande des matières premières dont le pétrole. Les effets de la chute des cours de pétrole se font sentir dans les pays membres du Cemac où l'activité économique se ralentit et les tensions budgé- taires s'accentuent, a avisé Mme Lagarde. "A l'évidence, l'effondrement des prix du pétrole s'impose à la Cemac comme une nouvelle réalité", a-t-elle dit en recommandant aux pays de cette région de l'Afrique d'ajuster à court terme leurs ambitieux plans d'investissement afin de préserver la viabilité des finances publiques. Dans les pays membres de la Cemac, a-t-elle relevé, "la marée montante des cours de pétrole avait dopé l'activité et propulsé l'investissement dans les infrastructures. Aujourd'hui, cette marée se retire, sans doute pour longtemps".