Le dothraki de Game of Thrones, le klingon de Star Trek ou le na'vi d'Avatar... Ces langues imaginaires, créées pour un univers de fiction, peuvent-elles êtres qualifiées de vivantes ? Le dothraki de Game of Thrones, le klingon de Star Trek ou le na'vi d'Avatar... Ces langues imaginaires, créées pour un univers de fiction, peuvent-elles êtres qualifiées de vivantes ? En avril 2011, la chaîne américaine HBO a commencé à diffuser les épisodes de la série Game of Thrones, adaptée de la saga Le Trône de fer de George R. R. Martin. Celle-ci met en scène plusieurs luttes de pouvoir entre différentes familles et ethnies, dont les Dothraki, les seuls à avoir leur propre langue, alors que les autres familles parlent anglais. Mais le dothraki n'est pas la première langue créée pour une œuvre de fiction : les soixante dernières années ont vu le développement des langues sindarin, quenya ou khuzdûl dans Le Seigneur des anneaux de J.R.R. Tolkien, du klingon dans la franchise de science-fiction Star Trek ou encore du na'vi dans Avatar de James Cameron. Certains de ces langages sont parlés à l'écran (le dothraki est d'ailleurs bien plus présent dans la série télé Game of Thrones que dans les romans) et repris par une base de fans avides de les employer (voici quelques exemples de phrases dans les différents langages). Cela en fait-il pour autant des langues vivantes ? Quand Tolkien s'inspire du gallois Ces langues fictives s'inspirent en partie de langues vivantes. Parlé par les elfes gris du Seigneur des anneaux, le sindarin est ainsi, selon William Welden, un linguiste qui a travaillé sur la saga, «une construction de fiction» mais aussi une tentative de Tolkien de distiller l'essence de la langue galloise, ce aussi bien dans les sons, la grammaire ou les mots. Le klingon de Star Trek a lui été créé par l'acteur James Doohan (qui jouait le personnage de Scotty), avant que Marc Okrand, doctorant en linguistique (dont la thèse avait consisté à analyser la grammaire d'une langue indienne disparue), ne développe véritablement le langage pour le premier long métrage, Star Trek : The Motion Picture. Comme le journaliste Arika Okrent expliquait sur Slate en 2009: «À l'oreille, le résultat ressemble à un mélange d'hindi, d'arabe, de tlingit et de yiddish. Au niveau structurel, la langue fonctionne comme un mélange de japonais, de turc et de mohawk. Chacun de ces traits n'est pas spécialement étrange, mais combinés, ils forment une langue vraiment extraterrestre.» «Croisement entre le russe et les bruits d'une écrevisse» James Cameron, pour Avatar, a embauché un linguiste, Paul Frommer, alors à la tête du département de linguistique de la Marshall School of Business, à l'université de Californie du Sud. D'après le magazine spécialisé InMovies, le chercheur a démarré ce langage «avec seulement 30 mots donnés par le réalisateur» et avec pour objectif d'aboutir à un résultat «à la fois prononçable par les acteurs, mais qui sonnait exotique et qui ne serait pas spécifique à une langue humaine», selon Entertainment Weekly. Pour cela, il a mixé des bouts de langage polynésien et de quelques langues africaines. «Pour certaines oreilles, le klingon ressemble à un croisement entre le russe et les bruits d'une écrevisse, alors que le na'vi est beaucoup plus doux à l'oreille. Cameron voulait quelque chose qui sonne étrange et extra-terrestre, mais qui soit aussi attirant, et qui ait l'air compliqué», a expliqué Frommer au blog spécialisé The Joy of Film Editing. Pour Game of Thrones, enfin, la chaine HBO a lancé un appel d'offre pour la création du dothraki en direction de la Language Creation Society, qui a sollicité ses experts avant d'en retenir un, David Peterson: «Il s'est inspiré de la description du langage faite par George R. R. Martin, ainsi que d'autres langues telles le russe, le turc, l'estonien, l'inuktitut et le swahili. Mais le dothraki […] a son propre son, et un vocabulaire étendu de plus de 1.800 mots, ainsi qu'une structure grammaticale complexe», expliquait la chaîne au lancement de la série. «Pas une langue vivante, mais une langue pas encore née» Une fois un langage fictionnel créé, les fans peuvent se réapproprier sa grammaire et son vocabulaire, généralement décrits sur de nombreux sites et ouvrages. Avec plus ou moins de succès… Pour Matt Pearson, linguiste à l'université de Reed à Portland (Oregon), ces langues restent plutôt à des jeux, des reproductions, qu'à des vraies langues: «Les langages créés sont comme des maquettes d'avions ou de chemins de fer». David Salo, docteur en linguistique qui a adapté les langues de Tolkien pour la trilogie de Peter Jackson, estime ainsi que le sindarin a été créé pour être la langue d'un peuple à un stade de développement technologique et social «médiéval»: il n'a pas de mot pour ballon, téléphone, automobile, avion, ordinateur, fusée... «J'estimerais le vocabulaire sindarin existant à environ 1.600-1.700 mots, ce qui est bien plus faible que les 10.000 mots nécessaires à un interlocuteur qui parle couramment une langue vivante. […] Certains mots sont spécifiques à l'univers de Tolkien (comme les mots pour "elfe", "nain", "hobbit" ou "troll"), et ne vont probablement jamais être utilisés dans la vie de tous les jours.» De plus, certaines règles grammaticales régissant le sindarin sont inconnues ou incertaines, ce qui nécessite une «négociation» entre deux personnes qui souhaitent le parler. Par exemple, précise David Salo, «une des particularités du sindarin (partagée avec d'autres langues celtes) est la "mutation", le changement de la consonne initiale, suivant un article, une préposition ou un groupement. La plupart de ces changements sont connus, ou peuvent être devinés avec certitude. Mais pour quelques prépositions, ou quelques consonnes initiales rares, les changements ne sont pas du tout certains. Il est aussi probable que les mutations de consonnes aient parfois des fonctions purement grammaticales, mais celles-ci ne sont pas expliquées.» En conséquence, il n'y a actuellement personne au monde qui parle le sindarin couramment. «On peut faire des analogies entre l'étude du sindarin et l'étude de langues mortes […] Mais il y a un intérêt indéniable dans la volonté de parler et d'écrire sindarin, donc je pense qu'il est injuste de la considérer comme une "langue morte". Je pense qu'il vaut mieux la considérer comme une langue vivante, mais pas encore née.» Pas de «téléphone mobile» ou «micro-ondes» en dothraki Dans la même optique, Sheri Wells-Jensen, linguiste à l'université d'Etat de Bowling Green en Ohio, considère que le sindarin, le klingon, le na'vi ou le dothraki ne sont pas des langues mortes, mais ne sont simplement «pas vivantes». Selon elle, la première fois que deux personnes mangeront à table, que l'une d'elles dira «Passe-moi la sauce piquante» en dothraki et que l'autre personne le fera, alors le dothraki sera probablement vivant. «Puis, disons, dans les dix prochaines années, 50.000 fans avides apprendront le dothraki et l'utiliseront dans de petits nœuds de sous-culture... Il peut bien sûr mourir ensuite, et renaître et mourir de nouveau.» Pour Dirk Elzinga, professeur en linguistique de la Brigham Young University en Utah, une langue vivante «est une langue dans laquelle les innovations ne sont pas planifiées, mais apparaissent spontanément d'une communauté de locuteurs (et sont acceptées par celle-ci)». Ce qui peut poser problème, car certains créateurs considèrent leur langage comme une œuvre qui pourrait être dénaturée par l'ajout de certains mots. «Il ne pourrait simplement pas y avoir de mot pour "téléphone mobile" ou "micro-ondes" ou "ordinateur" en dothraki, sans briser la réalité fictive du langage», explique David Peterson. «Et puisque la raison du langage est d'être parlée par une ethnie fictive, je ne vais pas inventer de mots qui n'ont pas lieu d'être. Il n'y aura jamais de mot en dothraki pour "téléphone mobile".» En na'vi, en revanche, des experts font régulièrement des suggestions ajoutées au dictionnaire, ce qui permet une discussion relativement correcte. Selon Sebastian Wolff, organisateur de la communauté na'vi et administrateur du site Learn Na'vi, il y a environ 5.100 personnes autour de monde à l'apprendre: parmi elles, 83% sont débutants, 13% de niveau intermédiaire, et 4% d'un niveau avancé, capables de converser en na'vi. «L'une des meilleures histoires que j'ai entendues à ce propos est celle de deux membres de la communauté, l'un à New York et l'autre à Moscou. Aucun des deux ne parlait le langage natif de l'autre, mais tous les deux ont appris et étudié le na'vi à un bon niveau, se sont rencontrés sur le forum, et ont été capables de tenir des conversations complètes dans ce langage.» Un enfant bilingue anglais-klingon Un phénomène qui est encore plus courant pour le klingon, que les «trekkies» ont très vite étudié, parlé et même utilisé pour traduire des pièces de Shakespeare. «Si le critère est la capacité à utiliser un nombre de phrases complexes, alors le nombre de personnes le parlant couramment s'estime en centaines, voire en milliers», estime Lawrence M. Schoen, directeur du Klingon Language Institute. «Si la définition est plutôt de converser librement sur des sujets variés, alors le nombre est de quelques centaines. Si l'on considère de manière plus extrême la chose comme était la capacité de traduire absolument tout d'une langue native vers le klingon, on tombe à deux douzaines au maximum.» Une des expériences les plus célèbres a été effectuée par un linguiste, D'Armond Speers, qui a élevé il y a quelques années son nouveau-né de manière bilingue: «Sa femme parlait à leur enfant seulement en anglais, et il parlait seulement en Klingon. Cela a duré quelques années, et leur enfant a développé son langage avec les deux langues, comme n'importe quel enfant bilingue le ferait.», explique Lawrence M. Schoen. Une expérience jugée concluante par le papa lui-même, dans une interview au Washington City Paper: «J'ai pu dire à peu près tout ce que j'avais besoin de dire à Alec en Klingon. L'une des raisons pour laquelle je trouve le Klingon si intéressant, c'est parce que le vocabulaire et la grammaire sont limités, on doit réellement réfléchir pour trouver comment dire quelque chose.» Une phrase qui reflète les limites de cette pratique qui consiste à utiliser dans la vie de tous les jours une langue de fiction. En avril 2011, la chaîne américaine HBO a commencé à diffuser les épisodes de la série Game of Thrones, adaptée de la saga Le Trône de fer de George R. R. Martin. Celle-ci met en scène plusieurs luttes de pouvoir entre différentes familles et ethnies, dont les Dothraki, les seuls à avoir leur propre langue, alors que les autres familles parlent anglais. Mais le dothraki n'est pas la première langue créée pour une œuvre de fiction : les soixante dernières années ont vu le développement des langues sindarin, quenya ou khuzdûl dans Le Seigneur des anneaux de J.R.R. Tolkien, du klingon dans la franchise de science-fiction Star Trek ou encore du na'vi dans Avatar de James Cameron. Certains de ces langages sont parlés à l'écran (le dothraki est d'ailleurs bien plus présent dans la série télé Game of Thrones que dans les romans) et repris par une base de fans avides de les employer (voici quelques exemples de phrases dans les différents langages). Cela en fait-il pour autant des langues vivantes ? Quand Tolkien s'inspire du gallois Ces langues fictives s'inspirent en partie de langues vivantes. Parlé par les elfes gris du Seigneur des anneaux, le sindarin est ainsi, selon William Welden, un linguiste qui a travaillé sur la saga, «une construction de fiction» mais aussi une tentative de Tolkien de distiller l'essence de la langue galloise, ce aussi bien dans les sons, la grammaire ou les mots. Le klingon de Star Trek a lui été créé par l'acteur James Doohan (qui jouait le personnage de Scotty), avant que Marc Okrand, doctorant en linguistique (dont la thèse avait consisté à analyser la grammaire d'une langue indienne disparue), ne développe véritablement le langage pour le premier long métrage, Star Trek : The Motion Picture. Comme le journaliste Arika Okrent expliquait sur Slate en 2009: «À l'oreille, le résultat ressemble à un mélange d'hindi, d'arabe, de tlingit et de yiddish. Au niveau structurel, la langue fonctionne comme un mélange de japonais, de turc et de mohawk. Chacun de ces traits n'est pas spécialement étrange, mais combinés, ils forment une langue vraiment extraterrestre.» «Croisement entre le russe et les bruits d'une écrevisse» James Cameron, pour Avatar, a embauché un linguiste, Paul Frommer, alors à la tête du département de linguistique de la Marshall School of Business, à l'université de Californie du Sud. D'après le magazine spécialisé InMovies, le chercheur a démarré ce langage «avec seulement 30 mots donnés par le réalisateur» et avec pour objectif d'aboutir à un résultat «à la fois prononçable par les acteurs, mais qui sonnait exotique et qui ne serait pas spécifique à une langue humaine», selon Entertainment Weekly. Pour cela, il a mixé des bouts de langage polynésien et de quelques langues africaines. «Pour certaines oreilles, le klingon ressemble à un croisement entre le russe et les bruits d'une écrevisse, alors que le na'vi est beaucoup plus doux à l'oreille. Cameron voulait quelque chose qui sonne étrange et extra-terrestre, mais qui soit aussi attirant, et qui ait l'air compliqué», a expliqué Frommer au blog spécialisé The Joy of Film Editing. Pour Game of Thrones, enfin, la chaine HBO a lancé un appel d'offre pour la création du dothraki en direction de la Language Creation Society, qui a sollicité ses experts avant d'en retenir un, David Peterson: «Il s'est inspiré de la description du langage faite par George R. R. Martin, ainsi que d'autres langues telles le russe, le turc, l'estonien, l'inuktitut et le swahili. Mais le dothraki […] a son propre son, et un vocabulaire étendu de plus de 1.800 mots, ainsi qu'une structure grammaticale complexe», expliquait la chaîne au lancement de la série. «Pas une langue vivante, mais une langue pas encore née» Une fois un langage fictionnel créé, les fans peuvent se réapproprier sa grammaire et son vocabulaire, généralement décrits sur de nombreux sites et ouvrages. Avec plus ou moins de succès… Pour Matt Pearson, linguiste à l'université de Reed à Portland (Oregon), ces langues restent plutôt à des jeux, des reproductions, qu'à des vraies langues: «Les langages créés sont comme des maquettes d'avions ou de chemins de fer». David Salo, docteur en linguistique qui a adapté les langues de Tolkien pour la trilogie de Peter Jackson, estime ainsi que le sindarin a été créé pour être la langue d'un peuple à un stade de développement technologique et social «médiéval»: il n'a pas de mot pour ballon, téléphone, automobile, avion, ordinateur, fusée... «J'estimerais le vocabulaire sindarin existant à environ 1.600-1.700 mots, ce qui est bien plus faible que les 10.000 mots nécessaires à un interlocuteur qui parle couramment une langue vivante. […] Certains mots sont spécifiques à l'univers de Tolkien (comme les mots pour "elfe", "nain", "hobbit" ou "troll"), et ne vont probablement jamais être utilisés dans la vie de tous les jours.» De plus, certaines règles grammaticales régissant le sindarin sont inconnues ou incertaines, ce qui nécessite une «négociation» entre deux personnes qui souhaitent le parler. Par exemple, précise David Salo, «une des particularités du sindarin (partagée avec d'autres langues celtes) est la "mutation", le changement de la consonne initiale, suivant un article, une préposition ou un groupement. La plupart de ces changements sont connus, ou peuvent être devinés avec certitude. Mais pour quelques prépositions, ou quelques consonnes initiales rares, les changements ne sont pas du tout certains. Il est aussi probable que les mutations de consonnes aient parfois des fonctions purement grammaticales, mais celles-ci ne sont pas expliquées.» En conséquence, il n'y a actuellement personne au monde qui parle le sindarin couramment. «On peut faire des analogies entre l'étude du sindarin et l'étude de langues mortes […] Mais il y a un intérêt indéniable dans la volonté de parler et d'écrire sindarin, donc je pense qu'il est injuste de la considérer comme une "langue morte". Je pense qu'il vaut mieux la considérer comme une langue vivante, mais pas encore née.» Pas de «téléphone mobile» ou «micro-ondes» en dothraki Dans la même optique, Sheri Wells-Jensen, linguiste à l'université d'Etat de Bowling Green en Ohio, considère que le sindarin, le klingon, le na'vi ou le dothraki ne sont pas des langues mortes, mais ne sont simplement «pas vivantes». Selon elle, la première fois que deux personnes mangeront à table, que l'une d'elles dira «Passe-moi la sauce piquante» en dothraki et que l'autre personne le fera, alors le dothraki sera probablement vivant. «Puis, disons, dans les dix prochaines années, 50.000 fans avides apprendront le dothraki et l'utiliseront dans de petits nœuds de sous-culture... Il peut bien sûr mourir ensuite, et renaître et mourir de nouveau.» Pour Dirk Elzinga, professeur en linguistique de la Brigham Young University en Utah, une langue vivante «est une langue dans laquelle les innovations ne sont pas planifiées, mais apparaissent spontanément d'une communauté de locuteurs (et sont acceptées par celle-ci)». Ce qui peut poser problème, car certains créateurs considèrent leur langage comme une œuvre qui pourrait être dénaturée par l'ajout de certains mots. «Il ne pourrait simplement pas y avoir de mot pour "téléphone mobile" ou "micro-ondes" ou "ordinateur" en dothraki, sans briser la réalité fictive du langage», explique David Peterson. «Et puisque la raison du langage est d'être parlée par une ethnie fictive, je ne vais pas inventer de mots qui n'ont pas lieu d'être. Il n'y aura jamais de mot en dothraki pour "téléphone mobile".» En na'vi, en revanche, des experts font régulièrement des suggestions ajoutées au dictionnaire, ce qui permet une discussion relativement correcte. Selon Sebastian Wolff, organisateur de la communauté na'vi et administrateur du site Learn Na'vi, il y a environ 5.100 personnes autour de monde à l'apprendre: parmi elles, 83% sont débutants, 13% de niveau intermédiaire, et 4% d'un niveau avancé, capables de converser en na'vi. «L'une des meilleures histoires que j'ai entendues à ce propos est celle de deux membres de la communauté, l'un à New York et l'autre à Moscou. Aucun des deux ne parlait le langage natif de l'autre, mais tous les deux ont appris et étudié le na'vi à un bon niveau, se sont rencontrés sur le forum, et ont été capables de tenir des conversations complètes dans ce langage.» Un enfant bilingue anglais-klingon Un phénomène qui est encore plus courant pour le klingon, que les «trekkies» ont très vite étudié, parlé et même utilisé pour traduire des pièces de Shakespeare. «Si le critère est la capacité à utiliser un nombre de phrases complexes, alors le nombre de personnes le parlant couramment s'estime en centaines, voire en milliers», estime Lawrence M. Schoen, directeur du Klingon Language Institute. «Si la définition est plutôt de converser librement sur des sujets variés, alors le nombre est de quelques centaines. Si l'on considère de manière plus extrême la chose comme était la capacité de traduire absolument tout d'une langue native vers le klingon, on tombe à deux douzaines au maximum.» Une des expériences les plus célèbres a été effectuée par un linguiste, D'Armond Speers, qui a élevé il y a quelques années son nouveau-né de manière bilingue: «Sa femme parlait à leur enfant seulement en anglais, et il parlait seulement en Klingon. Cela a duré quelques années, et leur enfant a développé son langage avec les deux langues, comme n'importe quel enfant bilingue le ferait.», explique Lawrence M. Schoen. Une expérience jugée concluante par le papa lui-même, dans une interview au Washington City Paper: «J'ai pu dire à peu près tout ce que j'avais besoin de dire à Alec en Klingon. L'une des raisons pour laquelle je trouve le Klingon si intéressant, c'est parce que le vocabulaire et la grammaire sont limités, on doit réellement réfléchir pour trouver comment dire quelque chose.» Une phrase qui reflète les limites de cette pratique qui consiste à utiliser dans la vie de tous les jours une langue de fiction.