Ce fut comme un bruit de bétonneuse dans les oreilles, annonçant l'hélicoptère au dessus du Lycée Bouamama, puis il eut le bruit des sirènes de police précédant une armada de camions de police, arrivant d'en bas de l'Avenue de Pekin et en même temps d'en haut, en moins de dix minutes, tout le quartier d'El Mouradia était bouclé et la Présidence sanctuarisée. "Qu'est-ce qui se passe, coup d'état ?", "non c'est la protection civile qui manifeste, ils arrivent d'Alger". Le déploiement de force de police est impressionnant, y compris dans ce quartier habitué à leur présence : des centaines de policiers avec leurs camions et leurs corps ferment l'avenue au niveau de la Rue Shakespeare, pendant qu'une escouade de CNS descendent jusqu'au niveau de l'Hôtel St Georges, certains armés de fusils à grenades lacrymogènes qui vont bientôt servir. Pendant que la police détourne les nombreux lycéens qui sortent de leurs cours, la matinée tirant à sa fin. Subitement un groupe de pompiers surgit en courant après avoir réussi à casser le barrage qui prétendait stopper leur marche, ils sont très vite accueillis et détournés vers la Colonne Voirol, par des tirs de balles lacrymogènes, histoire de leur rappeler que la police ne s'amuse pas et que leurs uniformes de la protection civile ne les protégeront pas. "Yahtikoum Saha bel gaz fe ramadan, avec "le gaz", merci, avec "le gaz" en plein ramadan et après ça, au moment des élections, vous viendrez nous voir en disant que nous sommes frères", crie un pompier révolté, pendant qu'un collègue s'arrête à son tour de courir pour rappeler, aux policiers qui leur tirent dessus, la puissance de punition et de protection d'Allah : "Hasbiya Allah wa ni3ma El wakil", Allah me suffit car Il est le Meilleur à disposer » Même les quelques "civils" qui assistent à la scène après s'être réfugiés dans les murs de la pompe à essence qui fait angle, ne sont pas épargnés. A peine avaient-ils sortis leurs portables pour filmer ce face à face rare entre deux corps de l'état que trois ou quatre agents du BRI surgissent d'on ne sait d'où et leurs tombent dessus avec violence. "Ton portable, ton portable, donne moi ton portable," ordonne l'un d'entre eux à un jeune lycéen qui le lui le donne après avoir tenté de négocier sans succès, ce qui rend encore plus furieux le policier et, avant de comprendre ce qui lui arrive, le jeune garçon est saisi méchamment avant de disparaître telle une proie emportée par les griffes d'un aigle. "Vous n'avez aucun esprit nationaliste, rouh el watani, vous vendriez votre pays pour une cigarette, ajoute paternaliste un autre BRI, vous filmez, vous envoyez à l'étranger et vous ne savez même pas que le monde entier se moque de nous."