Depuis décembre dernier, les pluies se sont raréfiées, le mois de janvier a été ressenti comme le début du printemps, avec des journées ensoleillées et des températures autour de 20 degrés et hormis quelques averses ici et là, il n'a pratiquement pas plu. Les agriculteurs, et principalement les céréaliers qui ont nourri l'espoir de pluies bienfaitrices pour tous, ont commencé à déchanter, laissant place à l' inquiétude au fil des jours. Nous avons été habitués à vivre un début février généralement pluvieux et neigeux même. Or, pour l'heure, le ciel continue à être limpide, sans nuages et sans précipitations sur tout le territoire de la wilaya. Contre toute attente, la semaine dernière, le thermomètre a même affiché les 26 degrés et au fil des jours, l'inquiétude ne cesse de grandir, car les semis, à peine sortis de terre, sont touchés par le stress hydrique et tout le monde vit dans l'attente de voir venir des pluies vivifiantes. Selon les informations que nous avons pu obtenir depuis le mois de septembre dernier à la fin janvier, la plaine du Chelif avec le bassin céréalier qui s'étend des communes de la daïra de Djendel à l'est (le haut Chelif) jusqu'a la daïra d'El Attaf, n'a enregistré que 175 mm alors que l'année dernière, rien qu'au mois de janvier 2019, la wilaya avait reçu une moyenne de 100 mm de pluie. Par ailleurs, la disponibilité de la ressource en eau dans les quatre grands barrages de la wilaya accuse aussi un déficit important. En effet, le barrage Sidi Ahmed Bentaïba qui, en février 2019, avait atteint son niveau maximum avec une contenance de 75 millions m3, voit le volume qui y est stocké avoisiner les 46 millions seulement, soit un déficit d'environ 29 millions m3. La situation qui prévaut au niveau du barrage Derder n'est pas meilleure puisqu'il ne contient actuellement que 43 millions m3, pour une capacité de stockage de 105 millions. Le niveau de remplissage du barrage Harraza (commune de Djelida), quant à lui, est quasiment nul car il ne contient que 5 millions m3 environ pour une capacité de stockage de 76 millions. Depuis sa réalisation à ce jour, ce barrage est considéré comme une anomalie dans la planification de l'implantation des retenues d'eau, à cause du mauvais choix de l'assiette dont les bassins versants ne sont d'aucun apport en ressources hydriques. Cependant, le barrage du Ghrib dans la commune de Oued Chorfa, dans la daïra de Djendel, le plus ancien barrage de la wilaya qui date de 1948, est celui qui connaît le plus grand taux de remplissage, avec un stockage de 106 millions m3 sur une capacité théorique de 126 millions m3. Le quatrième barrage, celui des Ouled Mellouk, dans la commune de Rouina, qui irrigue le sud-ouest de la wilaya et alimente en AEP 6 communes, n'est pas mieux nanti puisqu'il ne retient pour l'heure que 17 millions m3, pour une capacité de stockage estimée à 119 millions m3. C'est en fait la céréaliculture avec ses 75 000 ha emblavés qui tend à subir l'impact du manque de précipitation d'une part, et les importants écarts des températures entre le jour avec un thermomètre qui affiche 20 degrés et plus, et la nuit des températures variant de 1 à 5°, génératrices de gelées. Consulté par nos soins, un spécialiste de la question nous dira : «Pour les agriculteurs qui ont pris la peine de préparer un bon lit de semis capable de retenir l'eau des quelques précipitations, rien n'est encore perdu. Cependant, pour ceux qui n'ont fait que gratter la couche superficielle de la terre, les semences risquent de pâtir gravement si dans un proche avenir les semis ne sont pas arrosés». Et il ajoute : «C'est vrai qu'il y a des céréaliers qui disposent du réseau d'irrigation pour pallier le manque de pluie. Ce n'est pas le cas général loin s'en faut, puisque le réseau d'irrigation d'appoint n'a pas été suffisamment développé en prévision d'une pareille situation.» Pour l'heure, on attend ; la terre, les plantes et les animaux espèrent et on prie pour la venue de pluies abondantes. Karim O.