Le président de la LFP, Abdelkrim Medaouar, a lâché, l'autre jour, des «bombes» concernant la gestion du volet arbitrage par les structures spécialisées. A une contradiction près, l'ancien boss de l'ASO Chlef, qui a tiré sur tout ce qui bouge, s'est également tiré une balle dans le pied. Juge et partie, Abdelkrim Medaouar a dit des vérités à donner le vertige à ceux qui ne connaissent pas le «milieu» du football algérien. Comme d'affirmer que des groupuscules continuent à s'exercer dans l'art de désigner les hommes en noir comme bon leur semble, à la carte. Ce que Medaouar n'ose pas rappeler c'est que lui-même, en tant qu'ancien dirigeant de club, a emprunté les mêmes réseaux et a influé sur pas mal d'affaires. Mais là n'est pas vraiment le problème. Aujourd'hui, la question est de savoir pourquoi l'actuel patron de l'instance qui gère les deux compétitions des clubs dits professionnels ouvre un tel débat. Surtout à un moment où le corps arbitral se fait durement tabasser, tous championnats confondus. Il ne passe pas, en effet, un week-end sans que l'on signale des actes ignobles commis envers les arbitres, des jeunes pour la plupart, que les commissions de discipline des différentes ligues sanctionnent parfois lourdement sans que les clubs, ou les personnes, incriminés arrêtent leur massacre. Comme s'il s'agissait d'une vendetta commanditée, du sang, celui des arbitres, coule dans nos enceintes footballistiques. Sont-ils coupables d'actes délictueux prouvés par ces agresseurs nés de la dernière pluie ? Même s'il est prouvé, la violence ne peut être une solution pour régler l'affaire. Peu considérés, en dépit de quelques réajustements dans les indemnités accordées par les structures du football et des formations accélérées fournies par des experts nationaux et internationaux, ces arbitres, tous grades confondus, ne bénéficient pas de la nécessaire protection. Soit ils sont agressés dans le stade, au su et au vu de tous, sinon ils sont poursuivis jusqu'aux abords des villes où ils sont désignés, voire au-delà. Ce «crime», les ligues et la fédération algérienne le savent, informées qu'elles sont par les officiels, les médias sinon via des documents publiés sur les réseaux sociaux. Si elles sont informées, pourquoi le fléau ne peut être maîtrisé ? Le code disciplinaire est-il le seul «handicap», parce que indulgent par rapport à l'ampleur du massacre, à la cessation des hostilités envers nos arbitres, honnêtes ou véreux s'il en existe réellement? Possible que le code disciplinaire et les lectures que lui donnent les commissions de discipline des différentes ligues soient derrière cette frénésie à se faire la peau de l'arbitre quel que soit le prix à payer. Mais le mal est ailleurs, plus profond. La FAF et ses démembrements avaient promis des poursuites judiciaires à l'encontre des fautifs. Hormis quelques tentatives bonnes pour la consommation des médias, du public et des victimes, traduire les bourreaux des arbitres devant les tribunaux fait partie des dossiers noirs du football national. Et un dossier comme celui-là, Medaouar, qui fait partie des plus anciens dirigeants encore en activité, doit en connaître les détails et les contours. L'ex-député et militant du FLN sait aussi qu'un tel dossier est sensible, tellement sensible que les prochaines batailles électorales au sein des instances du football en dépendront grandement. Alors Medaouar fait-il exploser ses «bombes» sur l'arbitrage à dessein ? Sa réponse est négative. Interrogé hier matin par la radio Algérie internationale, le président de la LFP a réitéré ses critiques envers le président de la commission fédérale des arbitres, Mohamed Ghouti, qu'il a invité «à revoir ses calculs». Medaouar répondait, en fait, à Ghouti qui l'avait accusé, vendredi sur les ondes de la Chaîne 3, de mener une campagne anticipée pour la présidence de la FAF. «Ghouti se trompe lourdement. Je ne suis pas en campagne pour un rendez-vous prévu dans plus d'un an et dont on ne peut connaître qui pourrait postuler y compris l'actuel président de la FAF (M. Zetchi, ndlr) à qui je reconnais beaucoup de bonnes choses réalisées depuis qu'il a été élu», confiait hier Abdelkrim Medaouar qui rappellera qu'il avait organisé sa campagne pour devenir président de la LFP «en quatre jours». Plus mesuré, Medaouar affirmera que ses déclarations à propos de la gestion de l'arbitrage sont «un acte de prévention» pour la suite des évènements. Il n'oubliera pas de diriger ses «tirs» à l'endroit de «certains responsables» (sans dire lesquels et à quelle structure ils appartiennent) qui «continuent de critiquer les décisions de la ligue et de la commission de discipline». Des «précisions» qui sentent la reculade : Medaouar qui a certainement essuyé quelques «remontrances» de la part de ses «supérieurs» préfère, selon toute vraisemblance, calmer le jeu. En attendant de voir plus clair. M. B. Organisation des matches des ligues 1 et 2 et coronavirus Medaouar écarte le report et évoque le huis clos Le président de la LFP, Abdelkrim Medaouar a révélé hier, l'intention de la ligue d'organiser les matchs des championnats des deux ligues professionnelles sans la présence du public. «Nous n'allons pas reporter ces rencontres. Mais nous songeons à les tenir à huis clos. Nous attendons pour cela la décision du ministère de la Jeunesse et des Sports et celui de la Santé pour officialiser cette option induite par la propagation du coronavirus», a déclaré Medaouar lors de son intervention, hier matin, sur la RAI (Radio algérienne internationale). M. B.