Au premier jour de l'application du confinement partiel de 13h jusqu'à 5h du matin sur la ville de Sétif et 17 communes sur la soixantaine que compte la wilaya de Sétif, la population sétifienne commence réellement à prendre conscience de la gravité de la situation engendrée par la pandémie du coronavirus. La population dit avoir pris la pleine mesure de la propagation de la pandémie du Covid-19 dans la wilaya de Sétif, après avoir constaté la croissance exponentielle des cas de contamination où la barre des 1 500 a été franchie il y a quatre jours. «Finies la plaisanterie et l'insouciance, l'heure est grave», lancent des Sétifiens à travers les réseaux sociaux. Ils exhortent leurs concitoyens à être plus responsables et à respecter les consignes sanitaires. Aussi, les pages facebook ne désemplissent pas des avis de décès et des photos des disparus de la région emportés par le Covid-19, laissant le soin aux Sétifiens de découvrir l'ampleur des dégâts. Dernière victime de cette hécatombe sanitaire, Mourad Raffaoui, chef de service de radiologie au niveau du CHU de Sétif, décédé, hier matin, après avoir passé plus d'une semaine en réanimation. Les commerçants de la ville de Sétif ont, eux aussi, pris conscience du danger en imposant à leurs clients des mesures restrictives comme le port obligatoire du masque de protection pour pouvoir accéder à leurs commerces et de limiter le nombre de clients à deux ou trois au maximum à l'intérieur des magasins. «Ça devient plus qu'inquiétant maintenant et chacun doit nécessairement, sans délai, se conformer scrupuleusement aux mesures et consignes contre la propagation du Covid-19 avant qu'il ne soit trop tard pour nous tous ici», a soutenu un boulanger du centre-ville. Un boucher du marché couvert de Sétif, Achour B., a exprimé, quant à lui, ses inquiétudes face à la propagation du virus, appelant les pouvoirs publics à «une répression sévère» des contrevenants aux mesures préventives édictées par les autorités sanitaires du pays. Pour ces personnes, interrogées par Le Soir d'Algérie, le temps est désormais à une prise de conscience collective sur l'adoption des gestes barrières, seul moyen de protéger la population et de maintenir des activités collectives. Il s'agit, en effet, de petits gestes, mais essentiels pour freiner la propagation du Covid-19. Les autorités locales et à leur tête le wali continuent de faire appel à la responsabilité individuelle des Sétifiens. Une course contre la montre est engagée contre la maladie et la mort. Au regard de l'évolution exponentielle de la pandémie dans sa wilaya, le wali déplore avec frayeur que, malgré la multiplication des campagnes de sensibilisation sur la menace réelle du Covid-19, l'accroissement vertigineux du nombre de cas enregistrés et l'expansion significative de ce virus dans la région, «un certain nombre de citoyens peu conscients ne s'invitent aucunement à la prudence et au respect des mesures de sécurité et d'hygiène prescrites par le gouvernement et les autorités sanitaires nationales et internationales». Face donc à ce qu'il qualifie de «comportement blâmable et suicidaire», Mohamed Belkateb, tout en exhortant la population sétifienne à une véritable prise de conscience collective en prenant au sérieux la menace qui plane sur la santé et la vie de tous, encourage les forces de sécurité à renforcer les contrôles et à recourir à la force si la situation l'impose. «Nous devons tous lutter, sans ménagement, contre cette pandémie, si nous voulons éviter une tragédie à notre wilaya», a-t-il dit. Ce dernier a également déclaré que la durée du confinement partiel pourrait être réduite si la situation épidémiologique s'améliore et le nombre des contaminations diminue fortement. Pour leur part, des médecins de la wilaya de Sétif, en première ligne dans la lutte contre le nouveau coronavirus depuis le début de la pandémie, misent sur une prise de conscience des citoyens en tant que «maillon essentiel dans la bataille menée contre le Covid-19», à travers, notamment, le respect des mesures barrières. «Le citoyen est le principal allié des équipes médicales dans la lutte pour l'éradication du coronavirus», exhortant ce dernier à prendre conscience et à mesurer les sacrifices consentis par les équipes médicales et paramédicales pour sauver la vie des malades». Certains praticiens pointent du doigt l'inconscience des certains citoyens, notamment les jeunes, dépassant parfois toutes les limites au point de se prêter les masques de protection lorsqu'ils pénètrent dans les institutions et lieux publics, où leur port est obligatoire, signifie que la crainte des sanctions dépasse largement la peur pour leur vie et celle de leur famille. «Il est très important que le citoyen ressente le danger qui le menace, lui et sa famille, à cause de ce virus mortel, car le sentiment de danger va inévitablement augmenter sa vigilance, et c'est seulement à partir de là qu'il respectera les mesures barrières indispensables à la préservation de sa vie et celle de ses semblables», affirme le Dr Lynda A. du CHU de Sétif. Imed Sellami