Par Soraya Naili Coronavirus. Jamais une pandémie n'a suscité autant d'intérêt et d'interrogations. Face à cette épée de Damoclès suspendue au-dessus de nos têtes, chacun essaye de s'informer comme il peut : émissions TV-radio, articles de presse, internet, réseaux sociaux et, bien sûr, bouche-à-oreille. Des vidéos choquantes filmées dans des hôpitaux et laissant voir des malades abandonnés à leur propre sort tournent en boucle et sont commentées par des millions d'internautes qui tentent de se rassurer sur cette pandémie qui ne cesse d'enregistrer de nouveaux décès chaque jour. Vidéos en boucle Plusieurs internautes nous ont confié avoir découvert avec stupeur la vidéo de la morgue d'un hôpital d'Oran, filmée par une famille pour dénoncer la mésaventure qu'elle venait de vivre. Ce jour-là, les membres de cette famille se sont rendus dans cet hôpital afin de récupérer le cadavre d'un proche décédé des suites du Covid-19. Ils se sont vu remettre un cercueil scellé. Voulant vérifier l'identité du cadavre, quelle fut leur surprise en découvrant le corps d'une femme. «Cette vidéo m'a choquée, ulcérée et révoltée, commente Wardia, 54 ans. Je l'ai regardée en boucle avec des frissons sur tout le corps. Une telle méprise est inadmissible. Je pense que le tournage de vidéos à l'aide du téléphone portable est un nouveau moyen de dénonciation. C'est efficace pour faire passer des messages au gouvernement et alerter l'opinion publique sur ce genre de dérives. D'autres vidéos, en relation avec la dégradation des conditions sanitaires dans les hôpitaux durant cette crise sanitaire, comme celles filmées par des citoyens dans des hôpitaux à Constantine, Biskra et M'sila, où le cadavre d'un malade gisait à même le sol, nous alertent sur la gravité de la situation. Sommes-nous en train de nous déshumaniser et de perdre nos valeurs de compassion face à cette pandémie ? Je le crains vraiment». Mariages en temps de pandémie Mariages, fêtes, enterrements, la loi est claire : durant cette crise sanitaire, tous les regroupements sont formellement interdits. Et pourtant, certains continuent à vivre normalement comme si le Covid-19 n'était qu'un mirage. «Il suffit de se connecter sur les réseaux sociaux pour découvrir ces images de dizaines de personnes célébrant des mariages ou se collant sur des plages», dénonce Nacer, 39 ans. «J'ai moi-même vu passer des cortèges de mariage. Les voitures évitent les grandes artères pour ne pas être repérées par la police. Ces gens jouent au jeu du chat et de la souris, occultant le fait que c'est leur santé et celle de leurs proches qui sont mises en danger. Je mesure le degré d'inconscience de ces personnes et je me dis qu'avec ces comportements nous aurons du mal à stopper la propagation de ce virus», s'insurge Nacer. Le vrai du faux Jamais les publications liées à la santé en général et au Covid-19 en particulier n'avaient suscité autant d'intérêt chez les citoyens, à tel point que certains se sont autoproclamés spécialistes en la matière. «Presse écrite ou électronique, j'épluche toutes les informations qui me tombent sous la main pour en savoir plus sur ce satané virus», nous dit Yahia,64 ans. «Ce qui me fait rire, c'est d'entendre certaines personnes débiter des âneries du genre : manger de l'ail, du piment et du gingembre immunise contre le virus. D'autres jurent que porter un masque entraîne une intoxication au dioxyde de carbone. Ils enregistrent même des vidéos pour convaincre le maximum de personnes sur les réseaux sociaux et se prennent pour d'éminents spécialistes de la santé. Un voisin s'est même débarrassé de son chat, prétextant que l'animal allait lui refiler le virus. Rien n'arrête la bêtise humaine !», regrette Yahia. Idées reçues et fake news tournent en boucle sur internet. Ainsi, depuis l'apparition de la pandémie, beaucoup de croyances ont circulé. «On a entendu et lu, çà et là, que les moustiques et les mouches transmettent le virus. D'autres ont prétendu que prendre un bain chaud, boire de l'alcool ou s'exposer au soleil neutralisaient le virus. Ces inepties, dont les sources ne sont pas fiables, se propagent comme une traînée de poudre, éloignant les gens des bons gestes à adopter, comme se laver les mains régulièrement, porter un masque et éviter les regroupements». Données scientifiques D'autres sont avides de recherches scientifiques concernant le Covid-19. Ainsi, les communications de Didier Raoult, le célèbre virologue français, attirent une pléiade d'internautes. «Je ne rate aucune de ses interventions ni à la TV ni à la radio française, nous confie Habiba (43 ans). J'aime les coups de gueule de ce grand défenseur de la chloroquine. En tout cas, dès le début il avait parlé de l'efficacité de ce médicament et le temps lui a donné raison. Ses interventions sont très suivies durant cette pandémie et même en Algérie», assure-t-elle. S'informer, dénoncer, partager les expériences, face à cet ennemi commun, invisible et virulent, les Algériens utilisent tous les moyens pour être au fait de l'évolution de cette pandémie qui a complètement bouleversé leur vie depuis le mois de mars dernier. S. N.