De notre bureau de Paris, Khadidja Baba-Ahmed Quels messages particuliers est venue livrer Zohra Drif-Bitat, vice-pr�sidente du Conseil de la nation et pr�sidente du groupe d�amiti� Alg�rie-France au cours de la visite qu�elle effectue depuis lundi en France et qui s��talera jusqu�au 2 juillet prochain ? Les r�ponses � cette question comme � beaucoup d�autres qui ont �t� pos�es � la s�natrice lors du point de presse qu�elle nous a accord� � l�entame de sa visite (en pr�sence de M. Missoum Sbih, ambassadeur d�Alg�rie en France) se r�sument � de grandes g�n�ralit�s et � un discours tr�s convenu qui cache mal les v�ritables raisons de ce d�placement et qui n��clairent pas sur le pourquoi de ce voyage, le premier de ce groupe depuis sa cr�ation en 2006 et surtout pourquoi ce d�placement maintenant. Des relations �apais�es� et un �regard tourn� vers l�avenir m�me si nous ne pouvons effacer notre pass� commun.� Cette phrase a �t� r�it�r�e tout au long des r�ponses de Zohra Drif- Bitat � la presse alg�rienne. Et lorsqu�il lui est demand� quel r�le, quelle force et quel impact peut avoir ce groupe d�amiti� pour changer la donne sur le cours des �v�nements caract�ris�e par une France de plus en plus tourn�e sur elle-m�me, sur ses fronti�res terrestres et identitaires, refusant l��tranger et particuli�rement l�Alg�rien, les r�ponses de Mme Bitat sont invariables : le groupe d�amiti� va �travailler � rapprocher les deux peuples, � se faire conna�tre, � lever certains malentendus et faire avancer les choses�. Et d�ajouter : �Notre r�le � nous repr�sentants du peuple est d��veiller, d��clairer, de d�noncer et de rapprocher les positions des uns et des autres pour trouver des positions qui soient acceptables et justes pour les uns et les autres.� Mais au-del�, et sur des questions bien pr�cises comme la reconnaissance ou la repentance, que va faire pr�cis�ment ce groupe d�amiti�, d�autant qu�Alain Jupp�, lors de sa r�cente visite en Alg�rie, a �t� on ne peut plus clair : ni repentance ni reconnaissance du fait colonial et de ses atrocit�s ? On serait presque tent� de dire que Zohra Bitat n�en a cure et consid�re que cette non-repentante et non-reconnaissance ne regardent que les Fran�ais : �Nous sommes des Alg�riens et des Alg�riens concern�s par le pr�sent et le pass� de notre pays et en qualit� de repr�sentants de ce peuple nous ne pouvons ignorer ses aspirations. Nous ne pouvons b�tir un avenir si le pass� est ignor� et nous estimons en m�me temps que le devoir de m�moire nous impose � tous de travailler dans le sens d�un apaisement. � Puis elle insiste et persiste : �Je crois que 50 ann�es d�ind�pendance ont bien montr� que l�Alg�rie, d�s 1962, a eu le regard tourn� vers l�avenir. D�s 1962, ce qui nous importait, c��tait de construire notre Etat, de construire l�avenir de notre pays, de nos enfants et il est clair aussi qu�on ne peut pas se mutiler et d�cider qu�avant 1962, rien n�a �t� fait (�) Ce qui m�importe, c�est quelle ait la connaissance qu�ont nos jeunes de leur histoire profonde et pas seulement d�ailleurs depuis la colonisation. Ce qui m�importe aussi, c�est ce que nos enfants portent en eux cette image de l�Alg�rie avec une grande histoire.� Sur la n�gociation en cours des accords bilat�raux de 1968 et sur les vell�it�s du pouvoir fran�ais actuel de retour sur la bi-nationalit� qui concerne en v�rit� essentiellement les Alg�riens ? Mme Bitat, relanc�e sur ces deux points, botte en touche alors que, dans son programme, il est pr�vu une rencontre avec le sous-ministre de l�Int�rieur : �Je ne peux parler que de la position de l�Alg�rie. Notre pays ne remet pas en cause le principe de double nationalit� qui comporte selon nous une richesse et un caract�re d�universalit�, une ouverture. Si la France d�cide autrement, l�Alg�rie ne peut que constater.� Reste � savoir si ce discours tout en rondeurs, ce regard �apais�, qui ne comporte �aucune haine� ni de �sentiment de revanche�, et qui plus est affirme que l�Alg�rie n�a et n�aura jamais de regard sur le pass� n�est pas justement la r�ponse � Jupp� pour lui dire ok, nous partageons maintenant la m�me vision des relations alg�ro-fran�aises et nous allons avancer sans ce pass�. Sinon comment expliquer que, depuis la cr�ation du groupe d�amiti� Alg�rie-France en 2006, c�est la premi�re fois que ses membres se rendent en France, et c�est la premi�re fois que des officiels alg�riens � m�me si Mme Bitat dit qu�elle repr�sente une institution qui n�a pas de pouvoir de d�cision �, expriment un d�sir aussi net de sortir de toutes les demandes de repentance, reconnaissance du fait colonial.