Samedi 10 septembre. Il est 22h30. La premi�re vague des familles b�n�ficiaires de Diar El Mah�oul quitte la cit� mi-centenaire pour un court trajet vers un bonheur durable. A l�extr�mit� sud-est de la capitale, les �Maisons Cimeti�res� de Diar El Baraka, � Baraki, ont enfin lev� les verrous pour laisser �chapper les mort-vivants. Mehdi Mehenni - Alger (Le Soir) - L��motion est intense. Apr�s 50 ans d�exiguit� et d�inconfort, de souffrance et de mis�re, certains, dont l��ge avanc� ne permettra certainement pas de jouir longtemps de cet heureux pr�sent, auront au moins le privil�ge de rendre l��me sous un toit d�cent. D�autres verront, par contre, leurs enfants et petits-enfants grandir et �voluer dans un cadre de vie biens�ant. A bord des 1 200 camions de d�m�nagement r�quisitionn�s par la Wilaya d�Alger pour l�op�ration de cette nuit, les premi�res familles contemplent silencieusement leurs anciennes demeures s��loigner, non sans cet agr�able sentiment qui pr�c�de les �v�nements heureux. Les yeux d�bordants de larmes, les c�urs gonfl�s de joie, ces m�res de famille, qui ont pour la plupart fond� leurs foyers dans la �pr�carit�, font leur marche vers le bonheur. Le trajet pour la vie. Il est minuit et le premier bilan de la soir�e fait �tat du relogement de 49 familles sur les 330 du bidonville de Diar El Baraka, programm�es pour ce premier jour de l�op�ration. Quant aux 245 familles b�n�ficiaires de Diar El Mah�oul, 35 ont d�j� prononc� la pri�re que veut la tradition en franchissant l�entr�e d�un bien nouvellement acquis. Si les candidats au relogement de Diar El Mah�oul ont �t� affect�s vers les sites d�accueil fra�chement livr�s d�El Hammamet, Draria et les Bananiers, ceux de Diar El Baraka ont �t� relog�s sur place. La wilaya d�Alger a proc�d� progressivement � l��radication de cet immense bidonville pour ensuite construire des logements sur la partie lib�r�e, reloger une autre vague et proc�der encore une fois � la d�molition de l�espace d�gag�. Il s�agit selon les explications du directeur du logement de la wilaya d�Alger, Mohamed Sma�l, d�une �op�ration terroir� qui consiste � reconstruire du neuf sur le v�tuste, ce que les sp�cialistes appellent la �r�g�n�ration urbaine�. Les familles de ces anciennes habitations coloniales, des caveaux en forme de petites coupoles mauresques � d�o� l�appellation �maisons cimeti�res� � qui ont connu d�innombrables extensions anarchiques depuis l�ind�pendance, ont ainsi vu leurs logements se construire pierre par pierre, tel un bonheur que l�on voit grandir. Il est 1h du matin, et l�op�ration se poursuit calmement au site d�accueil d�El Hammamet o� le convoi du cabinet du wali d�Alger a fait escale quelques instants avant pour une premi�re �valuation sur terrain. Mais l�op�ration ne se d�roule pas partout sous de bons auspices. Les �l�ments de la gendarmerie en charge du site de Baraki viennent d�arr�ter un individu dangereux sous l�effet de psychotropes qui semait la terreur avec un sabre japonais. Le DG de l�OPGI de Hussein Dey, Mohamed Rhaimia, et le directeur du logement de la wilaya d�Alger parlaient d�un probl�me de disponibilit� d��lectricit� sur le site d�accueil de Draria. Le directeur des mines et de l�industrie avait cru que l�op�ration �tait programm�e pour dimanche. Un l�ger malentendu mais qui n��tait pas sans cons�quence sur une op�ration d�une telle envergure. Le probl�me sera r�solu un moment apr�s car, dit-t-on, le wali d�Alger aurait exig� une liste des noms et des num�ros de t�l�phone des permanenciers de Sonelgaz pour cette fois-ci. Une fois sur le site de Draria, il s�av�re que les probl�mes ne se limitent pas seulement � la disponibilit� du courant �lectrique. Des familles b�n�ficiaires sont arriv�es avant leurs feuilles de route et sans leurs affectations et attestations de relogement. La da�ra de Sidi M�hamed s�est content�e de leur d�livrer les coupe-files de transport des bagages. Cafouillage � Baraki Il est 3h du matin et si pour les 161 familles d�j� relog�es sur les 245 de Diar El Mah�oul les choses �voluent, � Baraki l�op�ration stagne. Sur les 330 familles programm�es seuls 129 ont acc�d� � leurs nouveaux toits. Au lieu de proc�der � l��limination des maisons pr�caires ligne par ligne, l��vacuation s�est faite dans l�anarchie et personne ne savait qui devait partir en premier tant que toutes les affectations n��taient pas encore arriv�es. L�alerte est donn�e par le directeur du logement mais une heure plus tard, les chiffres ne semblent toujours pas avanc�s. A 6h du matin le dispositif de relogement est lev� pour laisser place � un service minimum. A Diar El Mah�oul, les comptes sont pratiquement bons. A Diar El Baraka, les familles relog�es ne d�passent toujours pas les 157 sur les 300. A partir de 8h, le cabinet du wali d�Alger prend le relais pour venir au secours de la da�ra de Baraki et l�op�ration ne sera enti�rement boucl�e qu�enfin d�apr�s-midi.