La Russie et l'Algérie sont sur la même longueur d'onde concernant nombre de préoccupations bilatérales et partagent, à des nuances près, bien de points de vue au sujet de ce qui caractérise le monde de conflits et de phénomènes. Et c'est le chef de la diplomatie russe qui le soutient dans un long entretien accordé hier à notre confrère arabophone El Khabar. «Les relations entre l'Algérie et la Russie sont excellentes, notamment au plan politique», soutient Serguei Lavrov qui s'est dit «très content de la coopération entre nos deux pays en matière de lutte antiterroriste». Une coopération accompagnée, a-t-il poursuivi, «d'une dynamique efficace concernant les dossiers entre les deux pays». Il y a un rapprochement des points de vue au sujet de nombre de questions sécuritaires internationales puisque, dit-il, «nous partageons la conviction quant au fait que les solutions à ces problèmes ne sauraient intervenir sans le respect des lois internationales avec la référence à l'ONU et son Conseil de sécurité». Et à Lavrov de souligner que le groupe de travail bilatéral dédié à la lutte antiterroriste et le crime organisé s'intéresse aussi à la prospection des moyens de lutte contre l'extrémisme au sein des sociétés et la prévention contre le phénomène sur les volets économique, social et idéologique avec, notamment, «la prise en compte de la situation grave au Sahel». Pour la Russie, affirme son chef de la diplomatie, «la situation en Libye constitue des menaces terroristes sur les pays du voisinage dont l'Algérie». Ceci, argumente-t-il, «en raison du déploiement sans limites et sans contrôle des armes». Et le meilleur exemple de cette menace est, soutient-il encore, «l'attaque du site gazier de Tiguentourine en janvier dernier. D'où notre attachement à l'application de la résolution 2017 du Conseil de sécurité de l'ONU proposée par la Russie qui vise à limiter du phénomène du déploiement des armes libyennes qui constitue une menace sérieuse pour la stabilité des pays de la région dont l'Algérie». Seule « fausse note» mineure, par ailleurs, entre les deux pays, la question du paiement des rançons aux terroristes en contrepartie de la libération des otages. Lavrov pense qu'il ne faut pas se limiter à la seule criminalisation du paiement des rançons aux terroristes en vue de libérer des otages, qui constitue la préoccupation de l'heure, notamment au Sahel, en Afrique. Il faudra, selon lui, «accompagner cet engagement par un arsenal de mesures visant à libérer les otages». Car, soutient-il, «nous avons la conviction que le point doit s'articuler sur la nécessité de sauver la vie des otages, le financement du terrorisme ne se limitant pas à l'argent des rançons car constituant une problématique beaucoup plus complexe». Concernant la situation en Syrie, le ministre russe des Affaires étrangères soutient que ce qui se passe dans ce pays est loin de constituer un conflit entre forces internationales. Il réitérera la position de son pays quant à la solution à cette grave crise qui passe, selon lui, «à travers un dialogue entre les Syriens eux-mêmes, sans aucune intervention militaire étrangère ou une quelconque autre interférence». Il exprime toute sa crainte quant à la coordination de plus en plus accrue entre les différentes factions armées relevant d'Al Qaïda, qui visent, selon lui «à faire capoter toute initiative de faire cesser l'effusion de sang, en attisant les différences religieuses et ethniques». Et de considérer la décision d'armer les groupes de l'opposition «de nature à ne pas ramener la paix en Syrie». Bien au contraire, «cela ne provoquera que davantage d'effusion de sang des Syriens et la détérioration de la situation dans la région», estime-t-il. «Ce serait commettre une grave erreur que de considérer qu'il y aura un vainqueur et un vaincu tant c'est tout le monde qui sera perdant du fait de ce qui caractérise le monde de ce nouveau siècle totalement différent de celui du siècle écoulé», affirme encore Lavrov.