L'entrée du site de la cimenterie Lafarge d'Oggaz, wilaya de Mascara, a connu une agitation particulière hier. Suite à un conflit social opposant la direction de la cimenterie au collectif des travailleurs, seize d'entre eux observent une grève de la faim depuis le 4 mars, installés dans une sorte de campement extrêmement précaire face à l'une des entrées de l'usine. Hier donc, ce sont les familles des grévistes qui sont venues notamment d'Oran, de Chlef, de Sig et d'Oggaz pour soutenir et s'enquérir surtout qui d'un père, d'un frère, d'un époux, d'un oncle. L'inquiétude est sur tous les visages des proches notamment un homme âgé et une vieille femme en larmes, dont le fils est en grève de la faim. Les enfants sont aussi venus souvent très jeunes, des embrassades et des étreintes émouvantes. Certains, trop jeunes ne comprennent pas vraiment ce qui se passe en ces lieux, mais ils savent que leur père ne rentre plus à la maison depuis un moment qu'il vit dehors et que les proches et les voisins aident leurs mères à subvenir à leurs besoins. Pour tous les proches des grévistes entre la peur de les voir mettre leur vie en péril afin que leurs droits soient rétablis et retrouver leur poste de travail, c'est la colère qui domine désormais. Colère contre une usine qui, estiment-ils, bafoue le droit, bafoue la dignité de leurs enfants, colère contre les autorités algériennes à l'échelle locale ou nationale, insensible et silencieuse devant ce qui est en train de se transformer en drame. Colère aussi vis-à-vis des autres travailleurs, qui par peur, continuent chaque jour à travailler alors que leurs copains sont dehors en grève de la faim. Ce conflit qui a débouché sur cette grève de la faim perdure et alors qu'il se dit que la direction de l'usine serait prête à établir un dialogue, cette même direction a jusqu'ici, expliqué qu'en l'état, le conflit faisait l'objet de plusieurs actions en justice. De nombreuses plaintes ont été déposées contre les grévistes en question pour entrave au travail, dégradation... Des faits qui avaient valu la suspension à titre conservatoire. Pour autant, les seize grévistes, sûrs de leur bon droit, expliquent que la majorité des plaintes ont abouti à des non-lieux, le plaignant ayant été débouté, disent-ils. Mais dans tout conflit, il y a toujours une phase de dialogue qui doit être entamée. Le pire moment, ce mercredi fut l'arrivée du Samu de la Protection civile, venue en urgence évacuer un des grévistes dont l'état était très inquiétant et cela sous les yeux de l'ensemble des familles.