Ce vendredi, juste après la prière, quelques dizaines de voitures ont commencé à sillonner la ville en exhibant le drapeau Algérie et scandant «viva l'Algérie». Tous les immeubles étaient drapés de l'emblème national. Le nombre de voitures devenait de plus en plus important au fil des heures et sans grande surprise, tous se dirigeaient vers le front de mer où se situe le consulat du Maroc. Une fois sur place, impossible de s'en approcher, d'abord dissuadé par la présence policière et surtout empêchés strictement de dépasser le cordon sécuritaire impressionnant mis en place. Même les rues adjacentes étaient fermées à la circulation piétonne. Des chants patriotiques étaient branchés sur hauts parleurs, secondés par des slogans qui parlent de fierté nationale et de dignité. Certains exhibaient des liasses de billets du dinar algérien à la face de la bâtisse qui abrite le consulat d'Espagne, une manière dira un manifestant de dire : nous avons de l'argent nous les Algériens. Le service d'ordre mis en place commençait à se renforcer puisque les véhicules et les piétons, tous un drapeau à la main, devenaient de plus en plus nombreux et tentaient de se rapprocher le plus que possible du consulat du Maroc. Le centre-ville a connu une circulation extrêmement dense. Malgré les habitudes des Algériens à rester chez eux le vendredi, des familles, des jeunes, des femmes, tous ont tenu à sortir dans la rue exprimer leur fierté nationale, scandant parfois en cœur «touche pas à mon drapeau». Les slogans de la dignité et de la défense du symbole national ont vite viré vers des propos pro 4e mandat que lançaient ici et là des vieilles venues se joindre à la foule, un slogan repris timidement par d'autres, car la majorité étaient là pour «le drapeau de l'Algérie». La rumeur avait circulé dès la matinée sur une éventuelle manifestation devant le consulat du Maroc, juste après la prière du vendredi pour exprimer la colère contre le dérapage survenu au Maroc envers le drapeau algérien. Jusqu'en milieu d'après-midi la rumeur en question a laissé place aux youyous, aux chants patriotiques et à la fête du drapeau algérien.