Par Kader Bakou Deux hommes sont debout devant le complexe culturel L'Historial de la rue Larbi-Ben-M'hidi, à Alger. - Que penses-tu de ce tableau ? demande le plus âgé des deux, en montrant une céramique dans la vitrine de l'Historial. Son ami se lance dans une critique artistique. - Sur le plan artistique, c'est vrai ce que tu m'as dit. Mais en ce qui me concerne, j'aurais voulu qu'on montre Larbi Ben M'hidi dans une autre situation...», fait remarquer le quinquagénaire. - Je crois que ce tableau a été réalisé à partir d'une photographie, répond le moins âgé (un quadragénaire). - C'est vrai, mais la photo a été certainement prise par l'armée française. Il y a comme une volonté d'humilier Ben M'hidi. Le message de cette photo est clair : voilà le sort de ceux qui osent défier la France. Dommage qu'un artiste, aujourd'hui, ait repris cette photographie de propagande coloniale. Dans le tableau, on voit un parachutiste français debout, une cigarette entre les lèvres, les mains sur les hanches. Il est immense de même que son ombre qui «remplit» elle aussi une bonne partie du tableau. Le prisonnier Larbi Ben M'hidi, attaché et assis, paraît tout petit. Un exemplaire du Coran est déposé devant lui. L'homme de la rue Larbi-Ben-M'hidi a certainement raison. Cette photo n'est pas «innocente». K. B.