C'est quand même bizarre que nous soyons en train de demander à l'entraîneur national de revenir à l'offensive, nous qui lui avions tant reproché de ne pas avoir de défense et de tout miser sur l'attaque. Il y a quelque chose qui cloche ! Ou, plutôt, quelque chose a déjà cloché dans ce match Algérie-Belgique. Halilhodzic promettait de trouver une solution aux problèmes d'une défense qui avait battu de l'aile lors des matches de préparation. Trop lourde, multipliant les erreurs de placement et la mauvaise coordination entre ses éléments, cette ligne arrière constituait le gros des soucis de Vahid. Il connaît très bien la valeur de la redoutable équipe belge qu'il a supervisée sur vidéo. Son plan, pour la paralyser, était de jouer avec deux rideaux défensifs imperméables. Il le mit en place dès qu'il s'assura le premier et unique but algérien, obtenu sur penalty. Ce fut alors l'inexplicable retour en arrière. Les Verts ne cherchaient plus à récupérer le ballon, ni à construire des attaques. Même pour les contres, qui auraient pu constituer une alternative et justifier ce bétonnage renforcé, il n'y avait ni la résolution de les mener, ni la rapidité pour les conduire à bon terme. L'équipe nationale ne construisait plus. Les belles combinaisons entrevues en Suisse avaient disparu comme par miracle. Défendre à l'arrière, défendre n'importe comment, subir le match jusqu'au bout : c'était l'objectif le plus clair des Algériens. On peut tenir 15 minutes, une mi-temps, 60 minutes... Il arrive un moment ou un autre où l'on flanche, où l'adversaire repère la faille et apporte la solution pour s'y introduire. Par contre, si Halilhodzic avait développé son jeu habituel, en apportant certes une attention particulière à la défense mais sans obliger tout le monde à jouer derrière, peut-être que nous aurions planté ce second but qui aurait rendu la tâche des Belges autrement plus difficile. On peut donc dire que l'entraîneur national a été battu tactiquement par Marc Wilmots qui a su apporter les correctifs nécessaires à son équipe pour pénétrer le double rideau défensif algérien. Quand on joue tout le temps en arrière, avec le même entêtement à sauvegarder un maigre but, sans changer de tactique, ni tenter de repousser les assauts adverses plus haut, et quand on évite carrément de faire le jeu et de ne rien essayer à l'avant – très peu d'occasions, pas de tirs cadrés, aucune volonté de porter le danger vers le côté belge –, on donne l'occasion à l'adversaire de multiplier les incursions et de changer constamment de formules pour prendre à défaut la vigilance des défenseurs. Et c'est ce qui arriva en seconde mi-temps. Ce qu'il faut maintenant, c'est de jouer le prochain match avec davantage d'esprit offensif : que Halilhodzic revienne à ses fondamentaux, qu'il cesse de jouer à cet anti-football qui ne lui convient guère. Il vaut mieux perdre 5 à 0 en jouant au football, en construisant, en allant de l'avant, en offrant au monde le vrai visage de la balle ronde algérienne plutôt que de se contenter d'un 2 à 1 qui «sauve l'honneur», comme disent les défaitistes, en ne faisant que défendre ! L'Espagne a succombé et a même coulé face aux Pays-Bas, mais elle a joué le jeu et ne s'est pas contentée de faire de la figuration dans sa propre zone. Il faut que nous arrêtions d'aller en Coupe du monde juste pour «limiter les dégâts» et éviter les «humiliations». Si nous n'y allons pas pour nous battre courageusement et seulement pour faire de la résistance, il vaut mieux nous faire remplacer par des équipes qui savent partir au charbon. Jouons devant face à la Corée du Sud et on verra. Mais ces Verts-là ne m'inspirent pas beaucoup confiance ! Ils peuvent gagner, ils risquent de retomber dans la «résistance» face aux Russes...