Au moment o� Tayeb Louh, le ministre du Travail et de la S�curit� sociale, passait, jeudi dernier, au crible le bilan de l�Agence nationale de l�emploi (Anem) pour l�ann�e 2006 (voir Le Soir d�hier), le Bureau international du travail (BIT), de son c�t�, rendait public, le m�me jour, son rapport annuel sur la situation et les tendances mondiales de l'emploi. Des tendances et perspectives qui, doit-on dire, ne suscitent pas l�optimisme. Le constat est, pour le BIT, implacable : �En 2006, le nombre de personnes sans emploi dans le monde est rest� � son plus haut niveau historique malgr� une croissance �conomique mondiale soutenue �. En effet, selon Juan Somavia, le directeur g�n�ral du BIT, ils sont pas moins de 195,2 millions de ch�meurs � avoir �t� recens�s dans le monde. Ce qui correspond au m�me taux, soit 6,3 %, que celui de l�ann�e d�avant. Selon le rapport �tabli par l�institution internationale, seuls les pays d�velopp�s et l�Union europ�enne peuvent s�enorgueillir d�avoir grignot� 0,6 % d�un taux de ch�mage qui atteignait 6,2 % entre 2005 et 2006 alors que le taux de ch�mage le plus faible reste celui relev� en Asie de l'Est � 3,6 %. Un round up total sur l�emploi dans le monde lors duquel on saura que c'est dans la r�gion Moyen- Orient et Afrique du Nord que le taux de ch�mage reste le plus �lev� au monde, � 12,2 % en 2006. Selon le rapport rendu public par le BIT, jeudi dernier, il est not� que le ratio emploi-population (la proportion des personnes ayant un emploi par rapport � la population en �ge de travailler) le moins glorieux est �galement l�apanage de la r�gion Afrique du Nord � Moyen-Orient avec un taux de 47,3 %. De plus, dans le bilan �tal� � la face du monde par Juan Somavia, il est fait �tat de 1,37 milliard de travailleurs �extr�mement pauvres�, qui, � d�faut de travail d�cent et productif, ne survivent qu'avec l'�quivalent de 2 dollars US par jour et par personne. Pour r�duire, ou m�me maintenir, les taux de ch�mage actuels, il faut renforcer le lien entre croissance et emploi, pr�conise le BIT pour qui �la cr�ation d'emplois d�cents et productifs, et non pas un quelconque emploi, est n�cessaire pour r�duire le nombre de ch�meurs et de travailleurs pauvres�. Reste � savoir maintenant, dans quelle cat�gorie, si l�on prend en compte les param�tres pris en compte par le BIT, doit-on inclure nos belles trouvailles que sont, entre autres, le CPE, le contrat pr�-emploi, ou encore les fameux TUP-HIMO, les travaux d�utilit� publique � forte intensit� de main-d��uvre, que nos agences pour l�emploi et autres instituts comptabilisent volontiers comme n�importe quel emploi�. Azedine Maktour Les constats �tablis par le BIT Au cours de la derni�re d�cennie, la croissance �conomique s'est traduite par plus de gains de productivit�, que de croissance de l'emploi : la productivit� mondiale a cr� de 26 %, alors que le nombre d'emplois dans le monde n'a lui augment� que de 16,6 %. Le ch�mage frappe plus durement les jeunes : 86,3 millions de jeunes entre 18 et 24 ans sont au ch�mage, soit 44 % des ch�meurs dans le monde. L'�cart entre les hommes et les femmes face � l'emploi persiste : en 2006, seulement 48,9 % des femmes de plus de 15 ans avaient un emploi contre 49,6 % en 1996. Chez la population masculine, ces ratios s'�levaient � 75,7 % en 1996 et 74 % en 2006. En 2006, la part du secteur tertiaire (services) dans l'emploi mondial est pass�e de 39,5 � 40 %, d�passant pour la premi�re fois le secteur agricole, dont la part dans l'emploi mondial a d�cru de 39,7 � 38,7 %. L'industrie repr�sentait quant � elle 21,3 % de l'emploi dans le monde.