Le nouveau pr�sident du Parlement europ�en (PE) l�Allemand Hans Gert Poettering et son compatriote qui tient le perchoir de la Bundestag sont, depuis hier, en un important conclave � Bruxelles. Il s�agit, en effet, de la troisi�me rencontre interparlementaire qui doit plancher sur la strat�gie dite de Lisbonne. La r�union de deux jours qui se tient dans la capitale europ�enne aura � affirmer et adopter des conclusions concernant des axes fondamentaux dans la construction europ�enne. L��nergie durable, le march� int�rieur, l�innovation ainsi que le capital humain (formation, cr�ation d�emplois et aspects sociaux) : autant de th�mes, faut-il le souligner, qui n�cessitent de la part des eurod�put�s et/ou des d�put�s des Parlements nationaux des efforts r�els d�imagination pour atteindre le consensus n�cessaire. Il n�est pas, en effet, facile de rapprocher des politiques nationales � donc, forc�ment �go�stes � autour d�enjeux aussi sensibles que ceux des choix �nerg�tiques, de l�emploi ou de l�innovation. Pour �d�lav�e� et �d�pouill�e� qu�elle en donne l�impression dans les intitul�s de la litt�rature parlementaire, la strat�gie de Lisbonne n�en est pas moins d�cri�e et vou�e aux g�monies par plusieurs courants importants des soci�t�s europ�ennes. Les r�ticences et oppositions aux d�cisions formul�es et rendues publiques dans la capitale europ�enne n�ont pas m�me agr�� des Etats membres. A Lisbonne, il est reproch�, essentiellement, une doctrine ultralib�rale et poussant les Vingt-Sept vers une homog�n�isation cassant tous les acquis sociaux et toutes les politiques de protection sur son passage (syst�mes publics de sant�, garanties aux travailleurs en cas de licenciement, allocation de ch�mage, pensions et retraites). L�autre grief fait � la philosophie lisbo�te a trait, selon ses d�tracteurs, � l�opacit� et au manque de transparence dans lesquels s��tait d�roul� le conciliabule. Il est vrai que dans le sillage de la d�signation du pr�sident actuel de la Commission, J. M. Barroso, un changement de cap vers moins d�Etats et plus de lib�ralisme s��tait, visiblement et outrageusement manifest� au grand dam de la tradition plut�t de type social-d�mocrate ou social-lib�ral qui pr�valait jusqu�alors, ici. Barroso est, en quelque sorte, l�anti-Jacques Delors, l�un des prestigieux pr�d�cesseurs du Portugais � ce poste avanc� du commandement europ�en. Le �non� fran�ais et le �nee� n�erlandais au trait� constitutionnel ont �t�, selon moult observateurs, les r�ponses d�mocratiques appropri�es � la strat�gie de Lisbonne. En ce sens, la rencontre qui a d�but�, hier, � Bruxelles, a, selon toute vraisemblance, pour, entre autres objectifs, de rendre �Lisbonne� plus humaine, moins, outranci�rement, ultralib�rale. D�un mot, il s�agira pour les Allemands Poettering et Lammert de rapprocher la strat�gie de Lisbonne du mythique et g�n�reux processus de Barcelone. Lequel a �t�, cela dit, carr�ment pi�tin� puis mis aux oubliettes par Barroso et les siens... A. M.