Le tribunal correctionnel de Boumerd�s, en charge du proc�s sur les cons�quences du s�isme du 21 mai 2003, a repris hier son audience publique pour entendre en premier lieu le r�quisitoire du procureur. D�s l�entame de son intervention de la matin�e, qui a dur� entre 9 heures et 13 heures, M. Belhadj Abdelmadjid, magistrat du parquet a apport� une pr�cision qu�il a estim�e importante : �Je ne requiers pas dans un proc�s sur le s�isme, mais je requiers sur les effondrements des b�tisses qui ont caus� beaucoup de pertes relatives aux fautes humaines�, dit-il. Apr�s avoir rappel� bri�vement la r�cente histoire des RPA dans notre pays, en remontant jusqu�� 1980, le procureur est entr� dans le vif du sujet pour dresser une longue liste de griefs qu�il a retenus contre les 38 accus�es de ce proc�s. Pour marquer les esprits, le magistrat a commenc� � �num�rer les fautes, les erreurs et les falsifications imput�es aux inculp�s, par celles constat�es dans le projet des 50 logements de Dellys o� on a d�plor� 84 victimes dont la quasi-totalit� assistaient � un mariage. Site par site, dans un grand silence et se r�f�rant aux conclusions des deux commissions minist�rielles et celles des experts judiciaires, le procureur poursuit son r�quisitoire �tous les Alg�riens ont vu la catastrophe et ils se sont demand�s pourquoi tant de destructions et pourquoi des b�timents sont tomb�s et d�autres juste � c�t� �taient rest�s intactes ?� Pour lui, si la force du s�isme y est certes pour quelque chose, les mauvais choix des terrains, les mauvaises �tudes techniques, la mauvaise qualit� et la falsification dans la composition des b�tons et les ferraillages, le manque de suivi et de contr�le des travaux de r�alisation y sont pour beaucoup dans ce drame� Projet par projet, le procureur cite les infractions et d�lits commis : imprudence, n�gligence, laxisme, laisser-aller et falsification (el ghech). Dans son r�quisitoire, l�orateur rapporte l�audition organis�e par le juge d�instruction pour entendre individuellement les membres des deux commissions minist�rielles qui ont confirm� les �crits des deux instances dont ils ont fait partie sur les accusations concernant les destructions. Il a par ailleurs cit� l�audience devant ce tribunal du professeur Yelles Chaouche, audience durant laquelle l��minent chercheur avait imput� les destructions � la nature du s�isme, mais aussi carences enregistr�es lors de la construction des b�timents en question. Il a �galement cit� l�expertise du professeur Chelghoum Abdelkrim qui aurait d�clar� devant le juge instructeur qu�il y avait une grande anarchie dans le secteur du b�timent. Cependant, ce sp�cialiste en g�nie parasismique qui avait �labor� un rapport sur les causes ayant entra�n� les d�vastations n�a pas �t� auditionn� par le tribunal. A l�issue de son r�quisitoire qui a dur� presque toute la journ�e d�hier, le procureur a demand� contre chacun des 33 accus�s la peine maximale pr�vue par l�article 288 du code p�nal � savoir 3 ans de prison ferme et 100 000 DA d�amende avec un mandat d�arr�t international contre Harani Abdelkader qui se trouve en Allemagne. Le procureur a en outre requis 2 ans de prison ferme et 100 000 DA d�amende contre deux accus�s tandis que les poursuites dont faisaient l�objet A�t Sidhoum Abdelhamid, Chibi Boussad et Ghazibaou�ne Achour ont �t� abandonn�es. Le premier avocat pass� vers 15 heures 15, devant le pr�toire, ma�tre Miloudi qui d�fend Bouazza, le chef du chantier de l�entreprise impliqu�e dans le chantier des 252 logements des Issers s�est interrog� �dans quel pays vivons-nous ? Faudrait-il r�genter toute la vie publique par la justice ?� dit l�avocat qui a fustig� cette mode en cours dans notre pays et qui consiste � organiser des grands proc�s �tal�s dans le temps pour impressionner la population. Il a remis en question les contenus des rapports des deux commissions minist�rielles �ces documents ne disent rien.� Pour preuve, il cite le diagnostic global du professeur Chelghoum. Selon ma�tre Miloudi, tous les inculp�s continuent � travailler et � r�aliser des projets au service du pays, sans aucun probl�me avec les autorit�s sauf le juge d�instruction qui avait ordonn� par deux fois le non-lieu dans ce dossier �j�ai souhait� sa pr�sence � l�audience pour �clairer davantage le tribunal sur ses conclusions concr�tis�es dans un document de 95 pages. Effectivement, c�est lui seul qui ma�trise mieux ce dossier. Il a �t� mut� � Chlef pour apprendre davantage sur les tremblements de terre�, ironise-t-il. Revenant sur le r�quisitoire, l�avocat affirme que le parquet a compl�tement oubli� qu�il y avait un terrible tremblement de terre. �Est-ce la premi�re fois qu�un s�isme a �t� enregistr� dans notre pays ? Y avait-il eu des poursuites apr�s le tremblement de terre d�El-Asnam ? Lors des inondations de Bab-El- Oued, le chef de l�Etat avait dit que c�est un ph�nom�ne naturel et personne n�a �t� d�f�r� devant la justice�. Par la suite, il a sugg�r� que dans la recherche des responsabilit�s dans cette affaire, il y a deux poids, deux mesures �aux 1200- Logements, il y a eu un grand nombre de destructions et le nombre de victimes y �tait effarant. A-t-on peur de tirer le dossier de l�ex-DNC et de ramener la Sonatrach � la barre ? R�gha�a est � moins de 20 kilom�tres de Boumerd�s des destructions ont �t� enregistr�es et des pertes humaines ont �t� d�plor�es, personne n�a �t� poursuivi.� Poursuivant sa plaidoirie, ma�tre Miloudi constate le grand �cart entre le parquet qui a demand� le maximum et la d�fense qui exigera, probablement comme lui, l�acquittement ; il y a un malaise dans cette affaire. A l�heure o� nous mettons sous presse, le d�fenseur poursuivait sa plaidoirie alors que des dizaines d�avocats attendaient leur tour.