Lib�r� de la tristement c�l�bre prison de Guantanamo, apr�s sept ann�es de d�tention, l�Alg�rien Lakhdar Boumedi�ne est arriv� vendredi en France, le pays qui a d�cid� de l�accueillir. La France, premier pays europ�en � accueillir un �largi de Guantanamo qui n�est ni citoyen fran�ais ni r�sidant dans l�Hexagone, agit-elle seulement par humanisme ? Sofiane A�t Iflis - Alger (Le Soir) - Soign� depuis son arriv�e en France � l�h�pital militaire Percy � Clamart, Lakhdar Boumedi�ne devra, � en croire son avocat, disposer d�un appartement, d�un permis de travail et, ult�rieurement, de la nationalit� fran�aise, s�il le d�sire. C�est dire qu�il n�a pas atterri en France pour tout juste une escale m�dicale. Il faut dire que c�est lui qui a �mis le v�u de rejoindre non pas l�Alg�rie, son pays, mais la France apr�s sa lib�ration. Blanchi par la Cour f�d�rale am�ricaine, Lakhdar Boumedi�ne, 42 ans, n�est pas arriv� en France en anonyme. A son accueil � l�atterrissage vendredi, il y avait un repr�sentant du minist�re fran�ais des Affaires �trang�res, ainsi que sa femme et ses deux filles arriv�es, elles, d�Alg�rie o� elles r�sident. Cette diligence courtoise de la diplomatie fran�aise proc�de-t-elle du seul marketing politique et m�diatique que permet pareil �v�nement ? Possible, d�autant que l�engagement de la France � accueillir l��largi de Guantanamo se voulait un encouragement � la promesse du pr�sident am�ricain de fermer la prison de Guantanamo, cr��e en 2002 par le pr�sident Georges Bush dans l��le de Cuba pour interner �des combattants ennemis�. Mais il se pourrait aussi que les autorit�s fran�aises aient d�autres motifs � faire de l�Hexagone une terre d�accueil de Lakhdar Boumedi�ne. Motifs politiques et certainement s�curitaires aussi mais qu�il n�est pas ais� de s�rier pour le moment. Il faut, peut-�tre, souligner que Lakhdar Boumedi�ne travaillait, avant son arrestation en 2002, en Bosnie. Il �tait accus� ainsi que six compatriotes, dont quatre avaient carr�ment la nationalit� bosniaque, de fomenter et de pr�parer une attaque terroriste contre l�ambassade am�ricaine � Sarajevo. D�ailleurs, les quatre Alg�riens qui jouissaient de la nationalit� bosniaque ont �t� transf�r�s en Bosnie. Ne disposant pas de la nationalit� bosniaque, Lakhdar Boumedi�ne et Sabir Mahfouz �taient rest�s � Guantanamo. Est-ce le fait que Boumedi�ne ait s�journ� et travaill� en Bosnie, en Europe, donc, qui int�resserait la France ? On ne peut l�affirmer. Cependant, il ne serait pas forc�ment erron� de soutenir que la France n�ait pas agi dans le seul strict cadre de la �bienfaisance �. In�luctablement, des motifs s�curitaires ont soutenu sa d�marche. Une d�marche qui a eu l�aval de l�Union europ�enne. En t�moigne cette affirmation du Quai d�Orsay : �La question de l�accueil d�anciens d�tenus de Guantanamo fait l�objet d�une concertation europ�enne � mais �la d�cision d�accueil rel�ve de chaque Etat� et �l�examen par la France d�une demande individuelle se fait au cas par cas�. Mais alors, en quoi Boumedi�ne est-il un cas int�ressant pour la France ? Est-ce parce qu�il est Alg�rien et qu�en France r�side et vit une forte communaut� d�origine alg�rienne ? La France at- elle vu en Boumedi�ne le bon filon en mati�re de renseignement ? Ce sont � ces in�vitables questions que sont confront�es les opinions publiques ici comme en France. En attendant d�y voir mieux dans cette �g�n�rosit� � fran�aise, il y a lieu de noter que les Am�ricains n�ont pas �t� exigeants avec la France sur les conditions de transfert. En tout cas, ils n�ont pas formul� les m�mes conditions que pour le transfert en Alg�rie. L�on se rappelle que les Am�ricains, du temps de Bush, avaient soumis le transfert des Alg�riens d�tenus � Guantanamo par le retrait des passeports de ces derniers une fois d�barqu�s en Alg�rie, leur mise sous contr�le judiciaire et l�ouverture de proc�s pour leur culpabilit�. Des conditions que l�Alg�rie avaient refus�es, estimant qu�elles attentaient � sa souverainet�.