Des moments de pur d�lice ont �t� v�cus, lundi soir, � Kol�a, � l�occasion de l�ouverture du Festival culturel maghr�bin de la musique andalouse, tant la prestation musicale assur�e par Ahmed Serri, qui a eu l�insigne honneur d�inaugurer cette manifestation, a port� haut l��tendard de la musique ch�re � son ma�tre Abderrezak Fakhardji. Et le public, convi� � �trenner cette c�r�monie, ne pouvait esp�rer mieux. Il a visiblement savour� l�enchanteresse nouba h�sine, choisie pour l�occasion surtout que les paroles chant�es seyaient parfaitement avec l�opportunit� d�une invit�e qui a retremp� l�assistance dans l��poque o� il �tait de bon temps de se complaire � la bonne po�sie arabo-andalouse entra�n�e aimablement par une savante musique ancestrale. �B�ni soit le jour de la visite, lorsque celui qui s�est �clips� m�a rendu visite�, d�clamait musicalement Ahmed Serri dans le premier mouvement de la nouba h�sine. Par ce m�sadar connu sous le titre g�n�rique de Ya mab�rak nahar ezzyara, le doyen des chanteurs de la sana� voulait vraisemblablement b�nir ces moments de retrouvailles avec un public pour lequel il s�est quelque peu �clips�. Apr�s cette d�claration � peine voil�e de son bonheur quant � sa rencontre avec les siens, il d�voilera � l�assistance que l��loignement a attis� son affection pour ses amis. Et c�est ce qu�il chantera dans le b�ta�hi h�sine intitul� Ya �chiqine bou�d el habib(� gens de la passion, l��loignement de l�ami n�a fait qu�augmenter ma passion). Conservant une voix juste et chaude comme dans les ann�es 1950, Ahmed Serri le prouvera lorsqu�il interpr�tera une pi�ce d�anthologie n�cessitant qualification et capacit� vocale. Il s�agit du derdj ayant pour titre A�djaret li nadhirina dhabyatoun (une gazelle s�est voil�e pour les voyeurs). C�est dire que ceci n��tait qu�une simple digression car son message essentiel se voulait un souci d��taler son d�sir de rencontrer ses intimes. Il le montrera dans l� insiraf qu�il encha�nera juste apr�s le derdj. Il chantera : �S�ils s�approchent de moi, je crierai Ah. S�ils s��loignent de moi, je crierais encore ah ; mais s�ils fr�quentent d�autres personnes j�entonnerai des ah sur des ah.� C��tait l� insiraf In qarabou ah, une pi�ce po�tique d�une extr�me sensibilit� tant sur le plan du texte que celui de la m�lodie. Dans la m�me perspective, le deuxi�me insirafaffirmera le fond de son faire-part. Ainsi, Zada el houbou wedjdi (la passion a augment� mon ardeur et moi je ne peux le cacher) sera le dernier mouvement qui disserte sur le pass�isme et le d�sir de retrouver les amis. Il cl�turera sa nouba par un khlass all�gre, invitant au rafra�chissement et � la d�gustation d�une boisson de bonne facture celle qui dissipe la tristesse et renouvelle l�esp�rance. Charibna wa taba charbouna (nous avons bu et notre boisson a �t� d�licieuse), clamait m�lodieusement Ahmed Serri � une assistance qui l�a longuement ovationn�. Il se l�vera ensuite pour pr�senter nomm�ment ses musiciens et ses vieux compagnons de route sans lesquels sa prestation n�aurait jamais atteint un aussi haut degr� de raffinement et de d�licatesse. Sous les youyous qui fusaient des quatre coins du chapiteau, il donnera rendez-vous pour une autre occasion, laissant la deuxi�me partie de la soir�e � l�hommage rendu au grand mandoliniste Mustapha El Bahar, �g� aujourd�hui de quatre vingt-treize ans. Une communication sur la vie et l��uvre de cet grand artiste qui a beaucoup apport� � l�art musical alg�rien, a �t� produite par Abdelkader Bendam�che qui lui-m�me a �t� honor� par les autorit�s locales de la ville de Kol�a.