Extraordinaire ! Magnifique ! Inimaginable ! Il y a seulement une dizaine de jours, le village de Toudja d�frayait encore la chronique locale et de mani�re quelque peu disproportionn�e, l�actualit� nationale, par les larges manchettes de journaux rapportant les luttes sourdes entre les �lus locaux, par ailleurs mal �lus, et l�administration locale, toujours mal inspir�e (wilaya, da�ra). Depuis l�inauguration du mus�e de l�Eau, au lendemain de la f�te de la Victoire (19 Mars) et � la veille de la c�l�bration de la Journ�e mondiale de l�eau et surtout de l��quinoxe du printemps, Toudja, qui vient d�acqu�rir subitement le statut tant envi� de ville et de centre �cologique et culturel de l�Alg�rie, n�entend pas descendre du nuage printanier sur lequel l�a propuls�e cette belle, insolite et presque arrogante r�alisation � caract�re culturel, �cologique et �conomique. En annon�ant l�inauguration du mus�e le 18 mars dernier, notre journal titrait �Miracle � Toudja !� Nous ne croyions pas si bien dire ou plut�t �crire, car le miracle a bel et bien eu lieu. Qu�on en juge. Une marraine et un parrain de r�ve pour l�inauguration : la grande Djamila Bouhired et le non moins grand Djillali Abdelkader Guerroudj, �poux de la modeste et immense Jacqueline Guerroudj. Comme symboles de r�sistance et de solidit� � toute �preuve du ciment de l�unit� nationale ayant scell� les justes noces patriotiques de ces l�gendes vivantes de la Nation, pendant les ann�es de braise dans ce laboratoire de l�h�ro�sme que fut La Casbah d�Alger, les initiateurs n�auraient pas pu trouver mieux. Plus de 3 000 personnes se bousculant le jour de l�inauguration pour voir, t�ter, sentir �leur mus�e� et, cerise sur le g�teau, se faire photographier aux c�t�s de la l�gende vivante Djamila et de Lucien (nom de guerre de Guerroudj, le planificateur de l�attentat rat� contre le g�n�ral Massu en 1956 ). Des mains de femmes b�n�voles et surtout anonymes qui ont veill� tard dans la nuit du 19 au 20 mars pour pr�parer les beignets de �Tameghra N�Eldza�r� (la f�te de l�Alg�rie) et �Tameghra Ouamane� (la f�te de l�Eau). Depuis l�extinction des lampions de l�inauguration officielle, ce sont deux autres ph�nom�nes qui ont pris le relais et la suite du r�ve �veill� : le site du mus�e (toudja.org) est litt�ralement pris d�assaut par des centaines d�internautes de tous les continents, et localement sur le terrain non virtuel, le mus�e l�est par les femmes de tous les villages environnants. Vieilles, jeunes, accompagn�es ou libres et en groupes, direction : �Akham ouamane� ! Des femmes accompagn�es le plus souvent de leurs enfants servant de guides, voire m�me de leurs petits-enfants, histoire de suppl�er � l�absence, nous l�esp�rons momentan�e, de ce personnage central de tout mus�e. Les images sont belles � voir, somptueuses, presque surr�alistes. Quand on sait que l�espace o� est implant� le mus�e, lieu du march� traditionnel du dimanche, Lhad- Ouakli (Le march� du Dimanche Esclave) �tait encore, il y a seulement 50 ans, interdit aux femmes, on ne peut pas dire que les femmes de Toudja soient encore esclaves de l�autorisation de leurs hommes de maris ou de fr�res pour pouvoir visiter le mus�e ! Et comme pour couronner le tout, les initiateurs de cette belle r�alisation culturelle n�entendent pas s�arr�ter en si bon chemin. Ils semblent dire qu�un mus�e de l�eau, par essence source de vie, doit produire de la vie multiple : culturelle, �conomique� pourquoi pas patriotique. C�est peut-�tre pour cela que notre collaborateur occasionnel et ami M�hand Kasmi, l�un des initiateurs de ce projet et qui est originaire de Toudja, �tait, ce week-end, au mus�e pour animer en tant qu�expert du Ceneap sp�cialiste du d�veloppement durable local participatif, une conf�rence sur le th�me de la gestion du cycle de projet. Devant pr�s d�une cinquantaine de responsables du mouvement associatif de la commune, notre ami, qui a une longue exp�rience des collectivit�s locales, a d�roul� devant ces responsables d�associations des principaux villages de la commune la m�thodologie d��laboration de projets de d�veloppement rural de proximit�. Tr�s int�ress�s par le sujet et les approches d�velopp�es par leur a�n�, les participants ont tenu � se donner rendez-vous le week-end prochain pour des exercices pratiques de montage de projets r�els. L�id�e de cr�ation d�une association de d�veloppement durable est d�j� dans l�air. Son nom coule de source : �Aman d�laman� (L�eau : source de qui�tude et de bien-�tre). L�id�e est magnifique ! Il ne faut surtout pas la laisser tomber � l�eau, surtout quand on mesure la d�tresse des paisibles et industrieux habitants de ce village qui ont vu ces derni�res ann�es leur luxuriante bourgade passer du statut peu enviable de capitale du GSPC � celle de capitale de l�Alg�rie de culture du pavot. Apr�s la peste et le chol�ra, le retour de l�eau. R�surgences printani�res, n�est-ce pas ?! Qui dit mieux ?