Le président turc, Erdogan, a dénoncé, hier, Washington pour sa politique dans la région. Il accuse l'Amérique d'armer les terroristes de Daech et les Kurdes. Les troupes militaires américaines sont en Syrie, pour prétendument combattre Daech, mais la Russie que ces militaires sont mobilisés sans l'accord de Damas. Chose qui est un non respect de la légalité mondiale. Le président turc, Erdogan, dit également que Washington arme les terroristes de Daech et les Kurdes. La présence militaire des américains en Syrie après le triomphe sur Daech est dirigée contre la Turquie, la Russie et l'Iran, a noté Recep Tayyip Erdogan devant le groupe parlementaire du Parti de la justice et du développement turc (AKP). Mehmet Metiner, député de ce parti au pouvoir, décrypte pour un média russe cette proclamation du Président turc. Le Parti de l'union démocratique (PYD)/Unités de protection du peuple kurde (YPG) sont des branches syriennes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK qui est considéré comme une organisation terroriste par la Turquie, ndlr), a rappelé Mehmet Metiner à Sputnik. «Les arguments invoqués par l'Amérique pour justifier la lutte contre Daech par ses livraisons d'armes à une organisation terroriste qui mène depuis de longues années une politique hostile envers la Turquie ne sont pas convaincants. C'est une opération dirigée contre la Turquie. Nous l'avons plus d'une fois déclaré aux Etats-Unis, mais ils ne cessent de livrer des armes au PKK», a indiqué l'interlocuteur de l'agence. Et d'ajouter qu'il en résultait que ce dernier se transformait de plus en plus en une armée et que les conditions seraient bientôt réunies pour la création par des milices kurdes de leur «Etat». «Quand Raqqa a été nettoyée de Daech, ses terroristes avec leurs armes n'ont-ils pas été transférés dans une autre zone contrôlée par le PKK et ce sous les yeux du monde entier», a poursuivi le parlementaire. En même temps, il s'agit là d'un instrument qui peut à tout moment être également utilisé contre l'Iran. L'ambassadeur russe auprès de l'ONU a condamné le raid aérien mené par la coalition arabo-occidentale dans la nuit du 7 au 8 février en Syrie. Moscou a rappelé que la présence militaire américaine dans le pays n'avait jamais été acceptée par Damas. Lors d'une réunion à huis-clos du Conseil de sécurité, l'ambassadeur russe auprès des Nations unies, ONU, a rappelé aux Etats-Unis que leur présence militaire en Syrie était illégale du point de vue du droit international. «Je leur ai demandé de se souvenir qu'ils étaient en Syrie de façon illégale. Personne ne les a invités», a-t-il déclaré devant des journalistes à la sortie de la réunion, d'après l'agence TASS. «Ils affirment en permanence qu'ils combattent là-bas contre le terrorisme, mais nous ne pouvons que constater qu'ils vont au-delà de ce cadre», a poursuivi le diplomate russe. La proclamation faisait suite au raid de la coalition arabo-occidentale dirigée par Washington contre des forces pro-gouvernementales syriennes, dans la nuit du 7 au 8 février. Le commandement militaire américain pour le Moyen-Orient a justifié l'opération, en affirmant que la coalition avait été contrainte de riposter à une attaque des forces pro-Damas contre le quartier général des forces prétendument rebelles, soutenues par les Etats-Unis. Damas a accusé Washington de crime de guerre. Les Américains ont très souvent ciblé l'armée de Damas, les civils et les forces pro Damas combattant Daech. La Turquie accusée de recruter des terroristes de Daech Un ancien djihadiste a affirmé à la presse britannique que la Turquie recrutait de nombreux membres de l'Etat islamique dans l'opération Rameau d'olivier contre les Kurdes d'Afrine, confirmant des propos précédants des combattants kurdes. «La plupart des combattants à Afrine contre les Unités de protection du peuple (YPG) viennent de l'Etat islamique et la Turquie les a entraînés pour qu'ils modifient leurs tactiques d'assaut» : un certain Faraj, ancien combattant de l'Etat islamique âgé de 32 ans, porte de lourdes accusations à l'égard de la Turquie dans les colonnes du quotidien britannique The Independant. Selon lui, la Turquie aurait largement recruté dans les rangs de Daesh pour monter le contingent de l'opération Rameau d'olivier. L'ancien combattant islamiste, qui opérait dans le Nord-Est de la Syrie lorsqu'il se battait dans les rangs de Daesh, assure que la Turquie n'aurait jamais eu pour véritable intention de combattre l'Etat islamique et se chargerait même de leur prodiguer des formations au combat. Il raconte ainsi que les commandants de l'armée turque auraient déconseillé à leurs nouvelles recrues d'utiliser les méthodes traditionnelles d'attentats suicide afin de ne pas se faire repérer. Faraj assure en outre qu'Ankara conseillerait aux anciens membres de Daesh de «laisser les voitures piégées aux YPG» afin de faire passer ceux-ci pour des terroristes. Pour l'armée turque, l'intérêt d'un tel recrutement serait double : les combattants de l'Etat islamique sont expérimentés et leur emploi sur le terrain permettrait de limiter les pertes humaines pour Ankara. Selon The Independant, cette stratégie permettrait également à ces anciens djihadistes désormais désœuvrés depuis la débâcle militaire de Daech de se retrouver une activité pour se réinsérer dans la société. S'il est difficile d'établir avec certitude la véracité de ces propos, ils viennent en tout cas confirmer ce qu'avaient déjà affirmé, avant le début de l'opération Rameau d'olivier, les membres des YPG. Ils disaient avoir recueilli des témoignages auprès de plusieurs djihadistes, dont le Français Thomas Barnouin, qui faisait état de la complaisance des autorités turques à l'égard des combattants islamistes.