Une quarantaine de militaires et de policiers ont été tués vendredi dans le sud du Yémen dans deux attaques imputées par les autorités yéménites à Al Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), a-t-on appris de sources proches des services de sécurité. Il s'agit des attaques les plus meurtrières contre les forces yéménites depuis mai 2012, lorsque plus de 90 militaires avaient péri dans un attentat suicide commis par un kamikaze vêtu d'un uniforme au cours d'une parade militaire à Sanaa. Toutes deux ont eu lieu dans la province de Chaboua, région accidentée du sud du Yémen théâtre de nombreux combats ces dernières années entre rebelles islamistes et forces de sécurité. Deux voitures piégées ont fait une trentaine de morts dans une base militaire à Al Nachama, près de la côte, et des hommes armés ont tué une dizaine de policiers à Mayfaa, dans l'intérieur des terres. Aqpa est perçue par les services de renseignement occidentaux comme la branche la plus dangereuse d'Al Qaïda. Soucieux de stabiliser le Yémen, pays situé au sud de l'Arabie saoudite et à proximité de voies maritimes essentielles au commerce mondial du pétrole, les Etats-Unis mènent une intense campagne de bombardements avec leurs drones contre les dirigeants présumés d'Aqpa. L'armée yéménite a pour sa part repris des pans entiers de territoires aux rebelles islamistes, qui s'en étaient emparés à la faveur de l'agitation politique à travers le pays en 2011. Pour le ministre yéménite des Affaires étrangères, les attaques de vendredi constituent des actes désespérés et prouvent l'affaiblissement croissant d'Aqpa. "Cette attaque visait à montrer qu'ils sont toujours là. Mais c'est aussi la preuve qu'ils sont en train de perdre la guerre contre la sécurité et la stabilité du Yémen", a déclaré Abou Bakr al Kirbi à Reuters. Collaborateur du Premier ministre, Ali al Sarary a pour sa part jugé que ces attaques étaient destinées à saper les efforts de réconciliation entrepris entre les mouvements rivaux de la crise politique de 2011. "Le principal objectif (de cette attaque) est de contrecarrer une solution politique et d'empêcher que le dialogue national débouche sur des solutions à un certain nombre de questions, en particulier celles relatives au Sud", a-t-il dit.