Le premier secrétaire national du Front des forces socialistes (FFS) a accusé le régime en place de vouloir maintenir le statu quo, dénonçant son entêtement à ignorer la crise à laquelle est confronté le peuple algérien 56 ans après l'indépendance. Mohamed Hadj Djilani, qui prononçait hier un discours lors d'un meeting populaire animé à Draa El Mizan, au sud de la wilaya de Tizi Ouzou, dans le cadre de la commémoration du 62e anniversaire du congrès de la Soummam, n'a pas fait dans la langue de bois. «Le régime s'entête à ne pas changer sa politique en persistant dans son illusion à évoluer dans les institutions en place et en ignorant l'existence de la crise», a déclaré Djilani, regrettant l'écart qui existe entre les tenants du pouvoir et la société. «Force est de constater qu'il y a un consensus au sommet pour le statu quo, mais un consensus en bas pour le changement», soutient le premier secrétaire national du plus vieux parti d'opposition, pour qui le peuple algérien est confronté à une multitude de crises, politique, économique et morale. Le constat est plus qu'accablant à l'approche de l'élection présidentielle qui fait apparaître, selon lui, «une rude bataille entre les clans du pouvoir» et qui mène à «l'effacement» de la crédibilité de ce dernier. A quelques mois uniquement de ce rendez-vous crucial, Mohamed Hadj Djilani estime que «l'absence de visibilité, la fermeture du champ politique et médiatique, la corruption et l'entêtement du régime conduisent à la fragilité des institutions». Le FFS considère, explique son premier secrétaire, que c'est le régime, à lui seul, qui «porte l'entière responsabilité du statu quo politique» et constitue «un facteur de blocage à toute alternative crédible et de changement pacifique». D'ores et déjà, le pouvoir en place «est entré dans un processus de neutralisation de toute nouvelle dynamique nationale qui n'arrangera pas son agenda en perspective de la présidentielle d'avril 2019», selon le doyen des partis d'opposition. Djilani pense que le défi pour les Algériens, aujourd'hui, «est la construction d'un Etat de droit et des institutions démocratiques au service des citoyens». Sur le plan socio-économique, le tableau n'est pas meilleur, puisque «malgré la hausse (remontée) des prix du pétrole, les indicateurs économiques sont au rouge», s'inquiète l'orateur, pointant du doigt «l'absence de visibilité, de stratégie et de cap économiques». La place du FFS est dans la société Face à cette situation qui n'est guère reluisante d'après l'analyse du FFS, ce dernier a choisi son emplacement. «Le FFS a choisi son camp dans la société, aux côtés de la population. C'est notre camp naturel, c'est le camp naturel du FFS», s'est écrié le premier secrétaire du parti qui continue de défendre son projet de reconstruction du consensus national, «axe cardinal» de la résolution du 5e congrès national. Convaincu que c'est par le dialogue que se règlent tous les conflits, pour le FFS, il n'y a de solution à la crise nationale qu'une solution politique qui s'appuiera sur l'ensemble des constituants sociaux et des forces nationales dans le cadre d'un consensus national pour l'avènement de la 2e République. C'est dans cette optique-là que le parti, au moment où la classe politique est occupée par les tractations d'avant-élection, cherche à construire son consensus «avec d'autres acteurs politiques, sociaux et la société civile». Pour le FFS, «aucun consensus national ne peut aboutir sans un consensus populaire». Les luttes pour la démocratie, soutient Hadj Djilani, ne peuvent, quant à elles, être efficaces «que si elles sont menées en même temps avec la société et dans la société».