Si vous voulez faire une escapade à La Casbah, alors suivez le guide Nourreddine Louhal qui vous fera découvrir à travers des contes, légendes et bouqalate, cette cité millénaire à la glorieuse et riche Histoire à travers son ouvrage «Alger la blanche». Paru aux éditions Tafat et Aframed, Alger la blanche, contes, légendes et bouqalate de Nourreddine Louhal nous introduit d'emblée dans l'univers des algérois à La Casbah pour mieux comprendre les us et coutumes et le mode de vie de ses habitants. De son enfance, ce Casbadji qui dévide le fil de sa mémoire, se remémore ce quartier pittoresque dont l'âme reflète ses habitants avec leur convivialité, et leur bonhomie. A la Casbah, où l'on hume l'odeur de ‘'Dzair elq'dima'' (l'ancien Alger), le promeneur y prend goût à la flânerie, et se laisse aller à un brin de conversation avec l'anonyme Casbadji, si prompt à l'échange d'un ‘'Sbah el Kheir'' rassurant et prometteur. L'enfance «Apaisant d'abord par le ton et engageant ensuite pour l'échange de propos autour d'une excursion féérique dans l'univers de l'enfance, ce visiteur s'y laissera conter récits et légendes par des galeries de vieilles pierres et les murs qui recèlent de tendres souvenirs d'enfance», précise Nourreddine Louhal. L'auteur nous fait partager certains moments intimes avec sa grand-mère Keltouma qui lui racontait des contes autour d'un kanoun lors de veillées hivernales. Seulement le soir au risque d'être chauve la journée ! Ce riche ouvrage se compose en plusieurs chapitres dont le premier intitulé «Contes de chez nous», le second «Légendes d'Alger» et «Scènes d'Alger», pour clore avec le chapitre sur «Le jeu de la bouqala et les croyances populaires». Dans l'entame, on revisite certains contes comme ceux de Cheikh el Kanoun, Aïcha kandesha, Loundja la captive d'el Ghoula, Djeha et le tebbakh de kebda m'charmla, M'quidech Moul lehmoum. Quant aux légendes, c'est celles de Khdaoudj el âmia, les deux sœurs N'fissa et Fatma, Djameê Farès, L'mâkra, El Alia la dame de cœur, etc. L'épopée héroïque d'El Mahroussa, Geronimo l'enfance confisquée, le fort de 24 heures d'Ali Pacha font partie des scènes d'Alger. Le jeu des boqalate et croyances populaires nous renseigne sur ce jeu de femmes qui convoquait el fel ya lfel ! ya fateh laqfel, djib lakhbar âala flene, mene aye m'kane, aâla rabâa arkane, etc. (ô augure qui dit l'augure, ô ouvreur de serrures, apporte les nouvelles d'untel de n'importe quel lieu des quatre coins, augure-toi qui est capable de faire sauter sept cadenas, annonce-nous un présage qui nous vient des gens de biens). De précieuses informations nous renseignent sur ce jeu qui loin d'être «la prédiction de l'avenir est l'art d'enjoliver le court récit de la doyenne conçu au pied levé, et sorti du tréfonds de ses entrailles pour le dédicacer à l'être cher». Nostalgie C'est depuis le 16e siècle que ce jeu s'est imposé dans les villes côtières au regard des départs des maris, des fils en mer en raison des courses guerrières en Méditerranée. Nourreddine Louhal donne moult détails du cérémonial de la bouqala, gâteaux, chants, derbouqa, dans un cénacle absent de la gente masculine et à une heure tardive de la nuit. Dans cet ouvrage, on hume à pleine gorge ces soirées casbadjiennes aux senteurs de mesk ellil (galant de nuit) et à l'euphorie de ces femmes qui, pendues aux lèvres de la doyenne de la maisonnée, attendaient impatiemment leurs présages. D'une écriture vivante pleine de réminiscences et de détails, Nourreddine Louhal a charmé tant d'Algérois avec ses moult souvenances et a fait connaître un riche pan des us et coutumes des Algérois. Un beau livre qui nous introduit dans le monde enchanté d'El Mahroussa qui a disparu et dont on garde une tendre et douce nostalgie.