C'est devenu une mode, un geste ordinaire, voire banal que celui de lever sa main sur … sa propre mère. Dans quelle société vivons-nous ? Au moment où des lois sur la protection des personnes âgées sont votées presque partout dans le monde, chez nous, société musulmane par excellence, certains continuent hélas à exhiber leurs muscles à l'encontre de parents qui, malgré eux, se retrouvent battus et malmenés au terme de leur vie. Nul ne peut nier en Algérie que nos parents ont sacrifié et dédié leur vie à leur progéniture, en s'oubliant dans la majorité du temps en faisant des parenthèses sur leur propre vie. Quel dommage ! Hier, le tribunal de Rouiba a vu comparaitre à sa barre un homme - l'est-il réellement - venu des siècles lointains défendre une cause indéfendable, affronter sa propre mère. Une mère qu'il reconnaît avoir battue et insultée, pis encore, traitée des plus ignobles qualifiants. Toute l'assistance fusillait du regard un enfant qui n'a grandi que pour battre celle qui lui a donné la vie. Chacun des présents avait envie de donner une leçon à ce père de quatre enfants qui vit grâce à la mensualité de sa mère. "Une mère qui t'a porté pendant 9 mois, allaité, veillé sur toi, et tu oses lever ta sale main pour la frapper, wallah matahchem ! " a lancé la juge indignée. La pauvre mère âgée d'une soixantaine d'années n'a pas cessé de verser des larmes, triste ironie du sort, par crainte pour son fils ! La juge interroge la mère sur le comportement quotidien de son fils. "Il vit avec moi, lui, sa femme et ses quatre enfants ; je les prends en charge quotidiennement : nourriture, vêtements et autres fournitures scolaires. Ce n'est pas lui, c'est sa femme qui le pousse à me battre." Et d'ajouter : "Mon fils veut vendre la maison que mon mari m'a laissée et moi je refuse ; du coup, il n'arrête pas de me pourrir la vie, et ça dure depuis 9 ans." La juge se tourne alors vers le fils pour écouter sa version : "Je n'ai rien à dire." " Et comment ! Sinon, tu as le courage de te défendre contre ta mère ?" a encore répondu la juge visiblement hors d'elle. La mère a commencé à trembler quand la juge a demandé le réquisitoire du représentant de la société. Celui-ci a pris le temps de fixer avec commisération la pauvre mère, sachant qu'elle allait réagir pour défendre son fils : "Deux mois de prison ferme et 50 000 Da d'amende". L'intuition du procureur s'est avérée juste : la mère s'évanouit, une avocate assise juste devant elle la rattrape avant qu'elle n'atteigne le sol. Dix minutes après, la pauvre mère se ressaisit et se jette en pleurs sur son fils : "Désolée mon fils, désolée, tu es mon fils, je t'aime plus que tout. Je sais que ce n'est pas toi. Non, Madame la juge, je préfère faire de la prison à sa place !" Toute la salle, toute sans exception aucune, était submergée par l'émotion, y compris les deux magistrats. Voilà le cœur d'une mère, voilà l'amour d'une mère, cet être qui a le paradis sous ses pieds. Un quart d'heure durant, un silence religieux a régné pour n'écouter que les gémissements de cette femme prenant son fils entre ses bras. La juge maîtrise son émotion et demande le report de cette affaire, en insistant pour que le fils demande des excuses à sa mère afin de régler ce problème d'une manière définitive. "Sinon, je te jure que tu auras affaire à moi personnellement" a-t-elle conclu.