Le premier argentier du pays ne recule devant rien. L'opposition à beau crier aux dangers du PLF 2016, Benkhalfa n'en a cure ! Il assumera totalement les choix du gouvernement. «Les entreprises privées doivent sortir de leur torpeur. Il faut qu'elles aillent investir. Le projet de loi de finances 2016 est fait pour investir», a déclaré le ministre des Finances hier sur les ondes de la Chaîne III. Déterminé à aller jusqu'au bout de sa stratégie, basée sur une politique d'ouverture aux entreprises privées, le gouvernement n'est, semble-t-il, pas près de reculer d'un iota quant à la nouvelle orientation économique qu'il donne au pays. Libéralisme assumé ? Benkhalfa, en tout cas, ne s'en cache plus. Décomplexé, le ministre des Finances a soutenu que les choix économiques du pays sont dictés non pas seulement par une conjoncture économique défavorable mais aussi parce que l'émergence des économies compétitives et modernes repose sur un apport effectif et considérable du secteur privé au développement national. «Nous avons aujourd'hui des capitaines d'industrie qu'il faudrait aider et soutenir à travers le territoire national. Ce sont eux qui remplaceront l'importation qui saigne toute l'économie. Aucun pays au monde ne vit avec 100% de son budget. Les entreprises publiques, toutes les entreprises publiques, doivent ouvrir leurs capitaux aux investisseurs nationaux», a-t-il soutenu, tout en rappelant, une nouvelle fois, la nécessité de la bancarisation de l'argent des Algériens. Une autre ressource sur laquelle visiblement le gouvernement compte beaucoup. Même si, au début de son lancement, il y a deux mois, les résultats tardent encore à venir. Il n'est jamais trop tard pour bien faire Trop longtemps coincé dans une politique économique du tout dirigisme, héritée d'un socialisme spécifique et qui, faut-il le rappeler, a tout simplement mis l'économie algérienne à genoux, il y a aujourd'hui des signaux positifs qui montrent que le gouvernement entend bel et bien changer de cap : mener le défi du développement en faisant de l'investisseur privé un partenaire à part entière. Les directives du président de la République sont claires, affirmera, à ce propos Abderrahmane Benkhalfa. «Il faut maintenir la croissance avec d'autres moyens», a soutenu le Président. Quels sont ces moyens ? «Il faut que l'argent du pays sorte des sacs et aille dans l'investissement à travers toutes les entreprises y compris dans le secteur privé. Personne n'a le droit de bloquer l'économie nationale et ce sont les instructions du Président», tranchera encore le premier argentier du pays, avant de revenir encore une fois sur la politique des subventions qu'«il va falloir revoir». Beaucoup de choses vont changer sur ce plan. Menée de façon aléatoire, la politique des subventions profite aujourd'hui à tout le monde sans distinction aucune. Si les tranches de populations les plus défavorisées en ont recourt par besoin, les riches et les couches moyennes en tirent aussi profit. Ce qui est une aberration. «Nous en avons assez ! Près de 1800 mds sont orientés vers les politiques de soutien. Nous devrions revoir la politique des subventions», déplorera l'invité de la Chaîne III. Ce dernier indiquera que le gouvernement sortira progressivement de la politique des subventions. Pour ce faire, il se donne deux ans avant d'atteindre cet objectif. Car, expliquera-t-il, «il va falloir terminer d'abord le maillage et la segmentation des populations tout en mettant en place un système dans lequel on ne triche pas». A la place d'une politique des subventions à tout-va, Benkhalfa préconise une politique de solidarité sociale. «Nous devrons bâtir une économie émergente à dimension sociale prononcée», a-t-il conclu.