La générale de la pièce pour enfants, Qariet El Amane, mise en scène par l'actrice et comédienne algérienne Souad Sebki sur un texte de Yazid Sahraoui, a été présentée mardi dernier au Théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi. La trame de l'histoire se déroule dans un royaume enchanté. Au beau milieu de la forêt se trouve Qariet El Amane (le village de la paix), un endroit lumineux où il fait bon vivre. Il est représenté par de jolies maisonnettes multicolores, une nature resplendissante. La paix et la sécurité y règnent. Ne manquait à ce joli tableau mis en scène par Souad Sebki, assisté par Amel Minghed, sur une scénographie de Toufik Ansser, qu'un peu de fantaisie. Cet environnement heureux et jovial a attiré Cherchour (le méchant) ou M'charchar, rôle campé par le brillant et imperturbable Abdellah Nemiche. Par sa grande taille et affublé de façon à faire pâlir un petit enfant, M'charchar a fait une entrée maléfique sur la scène Mustapha-Kateb du TNA. Et comme le mal a souvent des ailes, celui-ci est accompagné de son serviteur, Loghrab, (corbeau), oiseau de mauvais augure, annonciateur de malheur notamment à cause de son plumage noir et de son cri rauque et lugubre, que Yacine Djouzi imite à la perfection ! Les deux vipérins viennent de la forêt noire (lieu suggéré) et cherchent un bel endroit pour passer l'été, car leur puits est asséché. Qariet El Amane semble être l'endroit parfait pour les deux vilains. Ils s'approprient les lieux et par une poudre magique, l'arrogant M'charchar réussit à ligoter les habitants de Qariat El Amane pour régner en maître sur les lieux. Il se fait même construire un trône en forme de tête de mort coiffé d'épines. Les actes de la pièce s'enchaînent, bien joués par les comédiens. Chacun donnait de l'entrain à ses partenaires, faisant vivre le texte à travers des interprétations justes et des chansons et danses exécutées en groupe. Lorsque Cherchour renomme les habitants du village, c'est une vraie partie de jeux pour les petits chérubins venus nombreux en ce mardi après-midi. Bessma (Leïla Touchi) fut rebaptisée Bassla, Bourhane (Fouad Zahed), quant à lui, fut renommé Bourkane (volcan). Un passage qui fut ponctué d'éclats de rire dans toute la salle. Les costumes colorés des comédiens et l'humour potache de la pièce a excité les enfants qui ont eu du mal à se tenir assis, d'autant plus que l'utilisation du dialecte algérien a facilité la compréhension de cette pièce d'une durée d'une heure. Le bien l'emporte toujours ! Comme le mal ne dure jamais, le règne de Cherchour touche à sa fin. A cause d'un jus de fruits mal dosé et sur-vitaminé, il tombe malade. Pour guérir et sur une idée de Fahim, joué par Tarek Bouarâra, les habitants lui proposent un antidote en échange de leur liberté. Le pacte fut conclu. A son tour, Adjib (Amine Boussaâd), le cuistot du village, prépare un pain aux treize herbes, le préféré d'Oum El Khir (Benchetou Samiha), une vielle magicienne qui réside dans la forêt rouge (suggérée) et qui détient l'antidote. Aussitôt parti, aussitôt revenu, Adjib (magique) et Oum El Khir reviennent à Qariet El Amane avec l'antidote sous forme d'immense pomme. A peine en bouche, un morceau de cette pomme suffit à guérir le méchant et son corbeau et à rompre le sort jeté sur eux par le père de M'charchar. Car, selon l'imagination de Yazid Sahraoui (également dans le rôle du narrateur), le corbeau était en réalité le prince de la forêt noire, Wassime. Tous est bien qui fini bien à Qariet El Amane. «La pauvreté, la sécurité, la nature, la paix, l'importance de l'eau, de l'environnement et du vivre en communauté, sont les messages à transmettre aux enfants à travers cette pièce. Et rien n'est plus difficile que d'écrire une pièce pour les enfants. Il faut faire attention à chaque petit détail, car un enfant est le plus exigeant des spectateurs. Si le spectacle ne l'accroche pas, il le fera savoir», nous dira Yazid Sahraoui. Il poursuit : «C'est grâce au professionnalisme des comédiens que la pièce a été bien reçue. Ils m'ont beaucoup aidé. On a fait un travail collectif qui a heureusement bien abouti.» «L'enfant d'aujourd'hui n'est pas l'enfant d'hier. Se plier à ses attentes demande beaucoup de travail et de précisions», fera savoir Souad Sebki à l'issue du spectacle. Produit par le TNA, le spectacle Qariat El Amane, qui attend de partir en tournée, est programmé vendredi et samedi prochain sur les mêmes planches.