Entre Alger et Paris rien ne va plus. Des propos attribués à l'ambassadeur de France en Algérie, Bernard Emié, provoquent une nouvelle brouille diplomatique entre les deux pays. Selon des propos rapportés par certains médias, l'ambassadeur de France en Algérie, Bernard Emié, en visite mardi dernier à Tizi Ouzou, aurait déclaré que «60% des visas délivrés par son ambassade bénéficient aux habitants de la Kabylie et que 50% des étudiants algériens en France sont des Kabyles». Ce qui pouvait relever d'une simple statistique s'est transformé en sujet de polémique avec une mise au point du ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, suivie par des précisions de l'ambassade de France. Jeudi, Ramtane Lamamra a qualifié les propos de l'ambassadeur français de «malheureux», alors qu'un diplomate n'est pas tenu de favoriser «les propos qui divisent». «Si des propos, qui sont tenus dans des circonstances que je ne connais pas, sont de nature à soulever des questions de ce genre, à susciter des commentaires, des interrogations, des perceptions différentes et antagonistes, cela signifie que les propos en question ont été certainement malheureux», a déclaré M. Lamamra à la presse au terme de l'audience accordée au Commissaire européen chargé de la politique européenne de voisinage, Johannes Hahn, a rapporté l'APS. Selon le chef de la diplomatie algérienne, les propos de Bernard Emié représentent «plus une moins-value qu'une plus-value, alors même que les exigences de notre métier de diplomate est de favoriser, en toutes circonstances, les propos qui rassemblent et non les propos qui divisent». En diplomatie «qui est notre métier, on ne doit pas faire de discrimination entre les citoyens du pays auprès duquel on est accrédité», a précisé M. Lamamra, faisant observer «qu'encore une fois, le rôle principal du diplomate, accrédité auprès du chef de l'Etat, est d'ouvrir des ponts, promouvoir les échanges et les relations d'amitié et de coopération». Cette réaction du ministre des Affaires étrangères a fait réagir l'ambassade de France à Alger qui dément les propos attribués à l'ambassadeur. «En déplacement en Kabylie, l'ambassadeur de France n'a pas tenu à la presse les propos qui lui ont été attribués mais a simplement souligné au cours d'une réception à caractère privé avec la communauté française qu'il constatait que les habitants de cette région prenaient toute leur part dans les échanges entre l'Algérie et la France», souligne l'ambassade dans un communiqué. Elle ajoute que «la France n'a aucune politique de quotas d'aucune sorte en matière de visas qu'elle traite dans un esprit d'égalité et de non-discrimination». L'ambassade regrette, en outre, «que ces propos aient pu être mal interprétés» et réaffirme «le principe fondamental d'égalité et de non-discrimination qui fonde la politique de la France et les relations franco-algériennes». Cet épisode dans la dégradation des relations entre Alger et Paris fait suite à la crise survenue depuis l'éclatement du scandale planétaire de fraude fiscale Panama Papers, notamment après la publication d'une photo du chef de l'Etat en une du journal Le Monde. Alger est allé jusqu'à convoquer l'ambassadeur de France et refuser les visas à des journalistes français pour couvrir la visite du Premier ministre Manuels Valls en Algérie. La photo publiée par ce dernier avec le chef de l'Etat, affaibli, a exacerbé la colère des autorités algériennes et plusieurs partis politiques et organisations ont dénoncé cet acte.