L'Agence internationale de l'énergie (AIE), qui défend les intérêts des pays consommateurs, a établi hier un rapport pessimiste sur les perspectives du marché pétrolier. Au moment où les pays producteurs se préparent à tenir un sommet pour décider du gel de la production, l'AIE prévoit un ralentissement de la croissance économique et par conséquent de la demande sur les hydrocarbures. L'Agence internationale de l'énergie a, en effet, abaissé hier sa prévision de croissance de la demande mondiale de pétrole pour 2016 en raison d'incertitudes économiques, éloignant la perspective d'un rééquilibrage du marché pétrolier qui reste, selon elle, marqué par une offre abondante en provenance de l'Opep. La consommation mondiale d'or noir devrait croître de 1,3 million de barils par jour (mbj) à 96,1 mbj cette année, contre une précédente estimation de 1,4 mbj, a détaillé l'AIE dans son rapport mensuel sur le pétrole. Les récents piliers de la croissance de la demande - la Chine et l'Inde - vacillent, a expliqué l'agence. Selon la même source, un nouveau ralentissement de la croissance de la demande est anticipé pour 2017, avec une relative hausse de 1,2 mbj à 97,3 mbj. En parallèle, l'offre reste soutenue. Celle en provenance de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) demeure importante. L'AIE a donné un chiffre de 33,47 mbj pompés en août - soit 930 000 bj de plus sur un an. Ce qui constitue un record. Cette hausse de production a permis, cependant, de compenser le déclin de production observé dans les pays tiers en raison de la faiblesse des prix qui ont réduit les investissements. Parmi les pays qui ont augmenté leur production, le rapport de l'Agence a cité le Koweït, les Emirats arabes unis et l'Irak. La production de l'Arabie saoudite s'est élevée également à un niveau quasi-record et celle de l'Iran a bondi à 3,64 mbj, au plus haut depuis la levée des sanctions en janvier. Pour l'AIE, ces chiffres traduisent «l'offensive de défense des parts de marché adoptée par les pays de l'Opep». L'Arabie saoudite est désormais classée premier producteur mondial de produits pétroliers, détrônant les Etats-Unis d'Amérique. Selon les prévisions de l'Agence, cette dynamique offre-demande ne changera pas significativement au cours des prochains mois. Il est même attendu, selon ce rapport, que l'offre continuera à dépasser la demande au moins durant le premier semestre de l'an prochain. «Quant au retour à l'équilibre du marché, il semble qu'il faille attendre un peu plus longtemps», a conclu l'AIE. A la lumière des ces données, l'accord sur le gel de la production devient une urgence pour sauver le marché pétrolier et soutenir les prix. La réunion informelle des membres de l'Opep et de la Russie, prévue dans quelques jours à Alger en marge du Forum international de l'énergie, est déterminante.