Créée par les Espagnols en 1920, El Hoceïma, appelée en langue autochtone Taghzout, Tijdit, est une ville située sur la côte nord-est du Maroc, dans le Rif, au cœur de la baie du même nom. La ville est à 140 km de Nador et de Melilla, à 200 km de Berkane, autres grandes villes berbères à l'est de Bni Snassen précisément, à 330 km à l'est de Tanger, à 300 km de Ceuta et à 300 km de la frontière algérienne. En 2014, d'après le recensement, elle comptait 130 250 habitants, tandis que son agglomération, avec les villes et villages voisins, approchait les 300 000 habitants. La ville a connu un soulèvement de la rébellion rifaine mené par le chef Abdelkrim El Khattabi, avant de connaître un débarquement espagnol en 1925, lors de la guerre du Rif. El Hoceïma est principalement connue pour son histoire de ville rebelle contre le pouvoir colonisateur espagnol. Elle a été présidée par Abdelkrim El Khettabi qui milita pour l'indépendance, dans le cadre de la libération du Maroc. El Hoceïma a rencontré des difficultés dans la coopération avec le pouvoir avec Rabat, avec notamment l'insurrection du Rif de 1958, et le sentiment d'une ville un peu livrée à elle-même après le départ des colonisateurs espagnols jusqu'à la fin du règne de Hassan II. Orientée vers la pêche et le tourisme, El Hoceïma est une des plus grandes stations balnéaires du Maroc. El Hoceïma a toujours contesté les conditions sociales difficiles dont souffre la population. La contestation est cette fois dirigée par Nasser Zefzafi. Le leader de la contestation à El Hoceïma était recherché depuis vendredi par les autorités marocaines, et arrêté hier, d'après la presse. Le procureur général du roi à Al Hoceïma avait ordonné son arrestation suite à son intervention violente dans une mosquée lors de la prière du vendredi, où il avait interrompu l'imam qui appelait les fidèles à se mobiliser contre les manifestations. Une première tentative d'arrestation avait échoué, Nasser Zefzafi ayant réussi à s'enfuir. Selon le procureur général du roi, le leader du «Hirak», le mouvement de colère à El Hoceima, Nasser Zefzafi a «empêché le prédicateur de poursuivre son prêche, prononçant un discours provocateur, où il a insulté l'imam» et l'a accusé des «troubles qui ont attenté au calme, à la quiétude et à la sacralité de ce culte, privant ainsi les fidèles de la dernière prière du vendredi du mois de Chaâbane». Ce chômeur de 39 ans était devenu ces derniers mois le visage du mouvement populaire, le «hirak», qui secoue la région du Rif où la mort en octobre 2016 d'un vendeur de poisson, broyé accidentellement dans une benne à ordures, avait suscité l'indignation. Au fil des mois, la contestation, menée par un petit groupe d'activistes locaux derrière Zefzafi, a pris une tournure plus sociale et politique, pour exiger le développement du Rif, marginalisé, selon eux, dans un discours identitaire teinté de conservatisme et de références islamiques. Le Maroc est depuis quelque temps secoué par des manifestations sociales prenant de l'ampleur avec le non-respect du droit de s'exprimer puisque de nombreux protestataires ont été interpellés alors qu'ils manifestaient pour de meilleures conditions sociales.