Au moment où l'université d'automne de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH), prévue entre le 5 et le 8 octobre prochain, est interdite à Béjaïa, l'ONG Amnesty international exprime ses inquiétudes quant aux menaces et harcèlements que subissent les défenseurs des droits de l'homme. «Amnesty international est vivement préoccupée par les menaces et le harcèlement que continuent de subir des défenseurs des droits humains, des journalistes et des manifestants pacifiques en Algérie», a souligné le bureau algérien de cette ONG dans un communiqué rendu public hier. Cette organisation a souligné qu'avant l'approbation du rapport du Conseil des droits de l'homme des Nations unies, le 22 septembre, portant sur les conclusions de l'Examen périodique universel sur l'Algérie, elle a présenté une déclaration orale dans laquelle elle a appelé l'Algérie à garantir le respect total de la liberté d'expression, d'association et de religion. Amnesty international accuse, en effet, les autorités algériennes d'utiliser une série de dispositions répressives pour museler l'opposition et restreindre le droit à la liberté d'expression, d'association et de réunion. «Si Amnesty International se félicite que l'Algérie ait accepté les recommandations qui lui ont été faites de rendre ses dispositions législatives relatives à la liberté d'association et de réunion pleinement conformes aux normes internationales en matière de droits humains, l'organisation demande toutefois aux autorités de s'engager publiquement sur une échéance pour la finalisation de ce processus», notre l'ONG. Cette dernière regrette, dans le même communiqué, que l'Algérie ait rejeté les recommandations en faveur de l'abrogation des articles du code pénal qui rendent la diffamation passible d'emprisonnement. «Les autorités continuent de rejeter les demandes de visites formulées depuis longtemps par les procédures spéciales du Conseil des droits de l'homme et de refuser d'accorder des visas aux organisations internationales de défense des droits humains, dont Amnesty International», soulignera-t-elle. Aussi, l'organisation dit regretter «profondément» le rejet par l'Algérie d'une recommandation en vue de faciliter la délivrance de visas et d'accréditations sans restriction aux représentants d'organisations internationales défendant les droits humains et aux journalistes étrangers. «Elle déplore également son refus d'envisager d'adresser une invitation permanente aux procédures spéciales», lit-on encore dans le communiqué. Pour la liberté religieuse, Amnesty international cite le cas des Ahmadis poursuivis par les tribunaux algériens. Elle a rappelé qu'elle a exprimé en juin 2017, son inquiétude concernant une vague de répression visant cette minorité religieuse, en faisant état de poursuites engagées contre 280 de ses membres en raison de leurs convictions ou pratiques religieuses. Cela, avant de regretter que l'Algérie ne se soit pas engagée clairement à garantir la liberté de religion de la communauté ahmadie. Le chef de ce mouvement a été condamné récemment à 6 mois de prison avec sursis. Amnesty évoque également l'expulsion collective des migrants subsahariens dont la présence en Algérie a soulevé une vive polémique il y a quelques mois. «En août 2017, les autorités ont repris les expulsions collectives de migrants et de réfugiés originaires d'Afrique sub-saharienne vers l'autre côté de la frontière avec le Niger», rappelle l'organisation, en saluant l'engagement pris par l'Algérie d'adopter une législation nationale pour appliquer la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés et son Protocole facultatif de 1967, ainsi que d'accorder une protection aux réfugiés reconnus comme tels par le HCR. Amnesty s'est dit, en outre, préoccupée par le fait que le code de la famille algérien continue de comporter des dispositions discriminatoires à l'égard des femmes en matière de mariage, de divorce, de garde des enfants, de tutelle et d'héritage. Elle appelle l'Algérie à réformer le code de la famille conformément aux recommandations émises en ce sens et à abroger l'article 339 du code pénal.